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BATES MOTEL Quand j'étais gosse, vers douze ou treize ans, j'ai écrit une thèse de trois pages et demi pour expliquer que si Tartufe était aussi méchant, c'était peut-être qu'il avait ses raisons et que je trouvais ce Monsieur Molière bien moralisateur dans sa condamnation du célèbre manipulateur. C'est vous dire en quelle estime je porte dans l'absolu des projets comme Bates Motel, qui entend rien moins que raconter l'adolescence de Norman Bates, avant qu'il ne devienne le fameux tueur que l'on sait. Certes, je suis aussi toujours partant pour revisiter les mythes ; cependant je reste circonspect devant la nature mythique de la créature de Robert Bloch transcendée par Hitchcock, qui a toujours été plus proche de la franchise d'horreur toute pourrie (principalement du fait de la cupidité dudit Bloch et des dettes du grand Anthony Perkins). Pourtant, étonnamment, la série fonctionne plutôt bien, en grande partie parce que le jeune garçon casté pour le rôle de Norman (Freddie Highmore, le Charlie Bucket de Burton) s'avère tout à fait convaincant dans son rôle de grand enfant triste et gauche maintenu à l'écart du monde par une mère castratrice à laquelle l'écriture, plus subtile que ce on à quoi on se serait attendu, offre d'ores et déjà une partition intéressante. Et si l'on est un peu déstabilisé par le choix d'installer l'intrigue de nos jours, il faut reconnaître que Bates Moteléchappe ainsi à l'écueil de la série pseudo-vintage post-Mad Men qui commence à sévèrement courir sur le haricot. On verra comment la série évoluera, notamment parce qu'elle devrait rapidement se heurter à un problème difficilement surmontable (le jeune Norman ne peut par définition pas devenir un serial-killer et le show ne pourra donc pas devenir un vrai thriller). Pour l'heure, elle constitue plutôt l'une des bonnes surprises de cet hiver qui n'en finit plus.
CULT Le pilote était assez mauvais, pour ne pas dire pire. Le deuxième épisode était quelconque, pour ne pas dire mieux. Ainsi va la vie sur The CW, le Network qui a conceptualisé le renversement critique à un point tel qu'on en viendrait presque à considérer que plus les débuts d'une de ses séries sont pourris, plus elle va s'avérer excellente avec le recul. Cult n'en est pas là, mais en quelques semaines l'évolution est telle qu'on a presque déjà envie de lui prédire un destin à la Supernatural, Vampire Diaries, Gossip Girl... soit donc celui d'une série beaucoup moquée, souvent méchamment, pas toujours à tort, mais avec un public fidèle, de vraies audaces et quelques saisons de grande qualité. Il faut dire qu'il faudrait beaucoup de mauvaise volonté pour totalement foirer une série au pitch aussi simple et excellent (une série dont l'intrigue en faux-semblants a des répercussions immédiates sur la réalité sordide de ses fans fêlés... il n'y a que sur CW qu'on ose des trucs pareils). Certes, il y a encore de la marge pour faire un must de ce qui n'est pour l'heure qu'une série plutôt chouette. Mais sachant comme va la vie sur The CW, on va tout de même prendre quelques notes, des fois que l'envie d'écrire une note de fin de saison dithyrambique se fasse sentir.
DOCTOR WHO (saison 7) On peut toujours râler après la diffusion fort pénible de la série depuis la saison précédente, celle-ci présente tout de même un avantage indéniable : chaque épisode des aventures du Doctor est un évènement en soi, auquel la seule idée d'assister provoque un agréable rush d'excitation. Le revers de la médaille, et ce n'est sans doute pas un hasard si depuis quelques temps les critiques sont beaucoup plus sévères à son encontre (y compris ici), c'est qu'on a beaucoup plus de mal à pardonner ces épisodes moyens dont la série, quelle que soit sa version, a toujours été émaillée. Ce n'est fort heureusement pas le cas de "The Bells of Saint John" (7x06), qui dans la grande tradition des épisodes-introduisant-les-nouveaux-compagnons-qui-ne-sont-jamais-foirés est... un épisode introduisant (enfin) la nouvelle compagne qui est, devinez quoi ? Un très chouette épisode. En fait, on espère que la cohérence scénaristique et visuelle de ces quarante-deux minutes ne sera pas un leurre et indique que Moffat a pris les bonnes résolutions qui s'imposaient pour 2013. Parce que quand Matt Smith est utilisé ainsi, dans une histoire solide, marrante, moins chargée en gimmicks et sans cette mégalomanie qui a fait tant de mal à la série depuis quelques années, oui : "le onzième est le meilleur."
THE FOLLOWING .................................................................................................. 1
GAME OF THRONES (saison 3) La série a repris à son rythme habituel, soit donc à peu près quatre à l'heure, pour ce qui semble être destiné à devenir une tradition annuelle : le season premiere d'exposition. Un concept à part rendu malheureusement obligatoire par la complexité du récit adapté (et ça ne va pas aller en s'arrangeant). C'est pas mal, même si évidemment un peu éclaté. Je me demande tout de même avec une curiosité un peu malsaine à quel moment les spectateurs n'ayant pas lu les bouquins vont en avoir ras-la-casquette d'une série franchement décousue composée à 90 % de vignettes de cinq minutes elles-mêmes composées à 95 % de dialogues. Car il ne faut pas se leurrer, cela arrivera bien à un moment. Cela leur pendra au nez tant que les scénaristes ne trouveront pas en eux le courage d'envoyer bouler George Martin et de réellement bouleverser le découpage narratif, plutôt que de se contenter d'ajouter de-ci de-là des choses parfois supérieures aux idées de l'auteur2, mais par définition sans conséquence sur la suite d'une intrigue déjà écrite jusque dans ses détails les plus dispensables.
JUSTIFIED (saison 4) L'une des toutes meilleures séries de l'exercice précédent s'est achevée cette semaine sans faire de bruit, sans couverture médiatique délirante, sans avalanche de notes de fin de saison. C'est aussi un peu pour ça qu'on l'aime : Justified, plus que jamais, continue à faire son truc dans son coin, avec ses dialogues toujours aussi stylisés et son atmosphère à nulle autre pareille. On aura pu entendre cette année quelques voix s'élever pour regretter une quatrième saison moins prenante que les deux précédentes ; ce n'est pas faux, mais il faut aussi noter que la troisième occurrence, d'une grande complexité narrative, mettait un terme à la plupart des sous-intrigues qui servaient d'ossature au récit. Cette année, il fallait reconstruire, installer de nouveaux enjeux, presque comme s'il s'agissait d'une seconde saison un. Les scénaristes s'en sont acquittés avec une efficacité indiscutable, signant une intrigue principale beaucoup plus linéaire que d'habitude et se reposant - pourquoi se priver ? - sur le savoir-faire qui a jusqu'à présent fait leur succès. Le résultat n'était pas mémorable, mais il était de qualité et jette quelques pistes intéressantes pour l'avenir. De toute façon, c'est un tel plaisir de retrouver chaque année Raylan, Boyd, Ava et les autres paumés qui composent l'univers de Justified que l'on doit se pincer pour croire qu'en toute logique, avec quatre saisons au compteur, la série est sans doute plus proche de la fin que du début.
Plein de trucs, mais aucun qui mérite d'être raconté. Ah si, tout de même : Walter Bishop est venu il y a quelques temps faire un filler dans The Good Wife, histoire de découvrir ce que ça faisait d'être un personnage dans une série avec des idées et des scénaristes. C'était évidemment vachement trop cool.
1.Non, ce n'est pas l'encéphalogramme de la série - quand même. C'est plutôt le mien lorsque je la regarde. Regardais, en fait.
2.Tout de même, dans ce 3x01, il n'y a même pas de doute quant au fait que le meilleur passage soit celui - totalement inventé - consacré à Margaery "Natalie j'attends toujours ton coup de fil" Tyrell. Et ce n'est pas la première fois que cela se produit depuis la deuxième saison. Le problème, c'est que malheureusement, cela n'intervient qu'à la marge puisque les scénaristes ne semblent pas prêts à prendre leur indépendance et, donc, à bouleverser la storyline même d'un personnage aussi secondaire que celui-ci.
BATES MOTEL Quand j'étais gosse, vers douze ou treize ans, j'ai écrit une thèse de trois pages et demi pour expliquer que si Tartufe était aussi méchant, c'était peut-être qu'il avait ses raisons et que je trouvais ce Monsieur Molière bien moralisateur dans sa condamnation du célèbre manipulateur. C'est vous dire en quelle estime je porte dans l'absolu des projets comme Bates Motel, qui entend rien moins que raconter l'adolescence de Norman Bates, avant qu'il ne devienne le fameux tueur que l'on sait. Certes, je suis aussi toujours partant pour revisiter les mythes ; cependant je reste circonspect devant la nature mythique de la créature de Robert Bloch transcendée par Hitchcock, qui a toujours été plus proche de la franchise d'horreur toute pourrie (principalement du fait de la cupidité dudit Bloch et des dettes du grand Anthony Perkins). Pourtant, étonnamment, la série fonctionne plutôt bien, en grande partie parce que le jeune garçon casté pour le rôle de Norman (Freddie Highmore, le Charlie Bucket de Burton) s'avère tout à fait convaincant dans son rôle de grand enfant triste et gauche maintenu à l'écart du monde par une mère castratrice à laquelle l'écriture, plus subtile que ce on à quoi on se serait attendu, offre d'ores et déjà une partition intéressante. Et si l'on est un peu déstabilisé par le choix d'installer l'intrigue de nos jours, il faut reconnaître que Bates Moteléchappe ainsi à l'écueil de la série pseudo-vintage post-Mad Men qui commence à sévèrement courir sur le haricot. On verra comment la série évoluera, notamment parce qu'elle devrait rapidement se heurter à un problème difficilement surmontable (le jeune Norman ne peut par définition pas devenir un serial-killer et le show ne pourra donc pas devenir un vrai thriller). Pour l'heure, elle constitue plutôt l'une des bonnes surprises de cet hiver qui n'en finit plus.
"Dis Môman, comment on fait les bébés ?
– Attends, je te montre."
– Attends, je te montre."
DOCTOR WHO (saison 7) On peut toujours râler après la diffusion fort pénible de la série depuis la saison précédente, celle-ci présente tout de même un avantage indéniable : chaque épisode des aventures du Doctor est un évènement en soi, auquel la seule idée d'assister provoque un agréable rush d'excitation. Le revers de la médaille, et ce n'est sans doute pas un hasard si depuis quelques temps les critiques sont beaucoup plus sévères à son encontre (y compris ici), c'est qu'on a beaucoup plus de mal à pardonner ces épisodes moyens dont la série, quelle que soit sa version, a toujours été émaillée. Ce n'est fort heureusement pas le cas de "The Bells of Saint John" (7x06), qui dans la grande tradition des épisodes-introduisant-les-nouveaux-compagnons-qui-ne-sont-jamais-foirés est... un épisode introduisant (enfin) la nouvelle compagne qui est, devinez quoi ? Un très chouette épisode. En fait, on espère que la cohérence scénaristique et visuelle de ces quarante-deux minutes ne sera pas un leurre et indique que Moffat a pris les bonnes résolutions qui s'imposaient pour 2013. Parce que quand Matt Smith est utilisé ainsi, dans une histoire solide, marrante, moins chargée en gimmicks et sans cette mégalomanie qui a fait tant de mal à la série depuis quelques années, oui : "le onzième est le meilleur."
Enfin le meilleur... on se comprend.
GAME OF THRONES (saison 3) La série a repris à son rythme habituel, soit donc à peu près quatre à l'heure, pour ce qui semble être destiné à devenir une tradition annuelle : le season premiere d'exposition. Un concept à part rendu malheureusement obligatoire par la complexité du récit adapté (et ça ne va pas aller en s'arrangeant). C'est pas mal, même si évidemment un peu éclaté. Je me demande tout de même avec une curiosité un peu malsaine à quel moment les spectateurs n'ayant pas lu les bouquins vont en avoir ras-la-casquette d'une série franchement décousue composée à 90 % de vignettes de cinq minutes elles-mêmes composées à 95 % de dialogues. Car il ne faut pas se leurrer, cela arrivera bien à un moment. Cela leur pendra au nez tant que les scénaristes ne trouveront pas en eux le courage d'envoyer bouler George Martin et de réellement bouleverser le découpage narratif, plutôt que de se contenter d'ajouter de-ci de-là des choses parfois supérieures aux idées de l'auteur2, mais par définition sans conséquence sur la suite d'une intrigue déjà écrite jusque dans ses détails les plus dispensables.
En vrai, Natalie Dormer est une fille super sympa. C'est quand même malheureux d'avoir à ce point une tête de salope. Un truc à vous ruiner une carrière.
À part ça...
Plein de trucs, mais aucun qui mérite d'être raconté. Ah si, tout de même : Walter Bishop est venu il y a quelques temps faire un filler dans The Good Wife, histoire de découvrir ce que ça faisait d'être un personnage dans une série avec des idées et des scénaristes. C'était évidemment vachement trop cool.
La tension monte, parcourt le corps de John Noble... lui coupe la chic. Quel choc ! de se retrouver tout d'un coup à donner la réplique à une vraie actrice !
1.Non, ce n'est pas l'encéphalogramme de la série - quand même. C'est plutôt le mien lorsque je la regarde. Regardais, en fait.
2.Tout de même, dans ce 3x01, il n'y a même pas de doute quant au fait que le meilleur passage soit celui - totalement inventé - consacré à Margaery "Natalie j'attends toujours ton coup de fil" Tyrell. Et ce n'est pas la première fois que cela se produit depuis la deuxième saison. Le problème, c'est que malheureusement, cela n'intervient qu'à la marge puisque les scénaristes ne semblent pas prêts à prendre leur indépendance et, donc, à bouleverser la storyline même d'un personnage aussi secondaire que celui-ci.