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The World of a Vampire #3 | Ah parce que le mec a fait de bons disques, en fait ?

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Nous y sommes. Pas à Noël, hélas – il va vous falloir attendre encore une grosse semaine pour savoir quel disque de Billy Corgan vous ont offert vos proches. En revanche, nous arrivons au terme du périple de l'Assemblée des Corganologues Unis (akaGuic' le Jeune, Papy Xav' et Tonton Toto). Si vous avez trouvé ça long, sachez que ce le fut dix fois plus pour nous, puisque l'idée a officiellement été lancée le 17 octobre dernier, soit il y a soixante-deux jours. Alors avec votre demi-heure de lecture hebdomadaire, vous êtes gentils hein, mais n'attendez pas qu'on vous plaigne.

Ceci étant posé et pour les quatre personnes qui nous lisent encore à ce stade, le sprint final ne réservera probablement pas de grande surprise. Il ne nous en a déjà pas réservé à nous-mêmes, qui avions pourtant tout fait pour. Cet ultime épisode sera donc celui du lâchage de bride, des parti-pris sur-assumés, des anecdotes personnelles qui vous font rougir et même que peut-être, l'un de nous parviendra à vous désarmer avec un sourire.

Oui, nous avons décidé de conclure sur une photo des faux Smashing Pumpkins du début des années 2010. Faut dire que c'est la seule période où on a vu Corgan tous les trois ensemble, et croyez bien qu'avoir survécu à une version live de « Pinwheels », ça vous forge des liens indéfectibles.

7. Ogilala (William Patrick Corgan, 2017)

Ogilala est un petit miracle. En 2017, cela fait environ vingt ans que Corgan n'a rien sorti d'emballant, et même une dizaine d'années qu'il ne sort globalement que de la drouille tantôt fade tantôt surproduite. Autant dire que le voir arriver avec l'album solo qu'on n'attendait plus, soit une collection de très bonnes compos acoustiques relevées de quelques cordes et piano pour arrondir les angles, était hautement improbable. Le simple fait d'avoir réhabilité Corgan à mes oreilles, d'autant qu'il reste à ce jour complètement isolé dans ce cas, suffit à expliquer la place d'Ogilala dans ce classement. Et aujourd'hui, lorsque je veux écouter mon ex-mentor (est-ce un hasard si cette merveille sort l'année de ses 50 ans ?), c'est cet album que je pose sur ma platine. XAVIER(#5)
[Guic', #8]Alors que je croyais que tout était foutu, que je commençais à me désintéresser des productions du Divin Chauve… la seule chanson « Zowie » m’a fait re-signer pour 10 ans de plus. Au moins.
[Thomas, #8]L'album du PTSD, voire du Syndrome de Stockholm – pas pour Billy, hein, mais pour des fans tellement habitués aux concepts fumeux et autres gloubiboulga néo-prog que plus de huit ans plus tard, on arrive encore à douter que ce bel album romantique et élégant ait réellement existé.

6. MACHINA/The Machines of God (The Smashing Pumpkins, 2000)

MACHINA aurait pu et dû vieillir. Il aurait pu et dû lasser. Il aurait pu et dû se démoder. Il n'est pas normal que vingt-trois ans après, MACHINA tienne encore la route. Au propre comme au figuré, il marque le commencement de la fin – c'est le dernier album avant le split, c'est le moment où Corgan décide une fois pour toutes qu'il préfère sa laitue baignant dans une bonne choucroute. Pourtant, les Pumpkins y réussissent là où ils ont régulièrement échoué durant toute leur carrière, classiques inclus : réaliser un album unique, totalement intemporel, réfractaire aux ans et aux modes. Je respecte le classement de mes camarades. C'est après tout le but de l'exercice. Mais soyons sérieux juste un instant : quarante remasterisations supplémentaires ne suffiront jamais à rendre à Siamese Dream et Mellon Collie leur éclat d'antan. Ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard si MACHINA, en dépit d'annonces innombrables et d'une véritable attente du public, n'est jamais ressorti à ce jour. Ce qu'on retenait contre lui à l'époque, cette prod ampoulée, ces arrangements emphatiques, ce maniérisme permanent... me paraissent précisément être ce pourquoi il est un album majeur, peut-être le plus influent de Corgan, même s'il ne l'a quasiment été que sur de mauvais groupes. Tout sur MACHINA semble perdu dans une brume épaisse – c'est souvent ce qui se rebute au premier abord, mais c'est ce qui le rend intarissable. Dans le fond MACHINA, bien plus que Mellon Collie, est l'album que Corgan vient de passer les vingt dernières années à tenter de refaire encore et encore, en vain. Le songwriting y est occasionnellement, encore qu'on soit loin de la majesté glam d'un « Heavy Metal Machines » ou de la tendresse dream-pop d'un « I of the Mourning », mais la richesse harmonique, jamais. MACHINA est-il le meilleur album de Corgan ? Probablement pas. Est-il l'album que Corgan a toujours rêvé de faire, celui qui lui ressemble le plus et dans lequel se conjuguent le mieux ses obsessions les plus contradictoires ? Si l'on prend sa discographie dans son ensemble plutôt que de la circonscrire à ses classiques de jeunesse, la réponse paraît évidente. THOMAS(#2)
[Guic', #12]De très bonnes chansons tellement mal produites qu’on en a cru que les démos de Machina II avaient été correctement mixées.
[Xavier, #9]Album assez ambitieux et pas encore alourdit par la prod indigeste qui polluera la suite, partagé entre pop lumineuse, single rocks efficaces et compositions plus aventureuses, MACHINA est finalement juste trop long de 3-4 morceaux assez moches pour rivaliser avec les grands de ce classement.

5. Pisces Iscariot (The Smashing Pumpkins, 1994)

On est suffisamment loin dans le classement et vous avez lu suffisamment de notre prose pour réaliser qu’être fan du gars Corgan n’est ni une sinécure ni dépourvu de frustrations et de paradoxes. Par exemple, on est tous très contents qu’il ait tendance à garder la porte de son cabinet d’archives ouvert, voire qu’il encourage la dissémination de sa bonne parole (cf. Machina II). Mais quand c’est pour réaliser que certaines pistes extraordinaires n’ont pas eu (et n’auront jamais) l’exposition qu’elles méritent… c’est frustrant. N’importe quel amateur de musique trouverait que sortir une compilation de faces B après seulement deux albums studios, c’est quand même sacrément arrogant. Mais là on cause de Pisces Iscariot. Si vous suivez ma marotte depuis le début vous conviendrez que le fait que le seul morceau de 10 minutes vraiment réussi que Corgan ait jamais sorti soit une satanée face B c’est à la frontière de foutage de gueule. Et ok, certes, c’est mon préféré, mais la plupart des autres sont à l’avenant. « Frail & Bedazzled » pourrait aisément remplacer certains des titres les plus énervés de Siames Dream (idem pour « Pissant » sur Gish). Et combien de jeunes rebelles des années 90 ont été introduits à Fleetwood Mac par la délicieuse reprise de « Landslide » qu’on trouve ici ? Pisces iscariot crée un précédent : même dans les titres qui n’ont pas droit aux lueurs de l’album, on trouve de sacrées pépites. Une tendance qui continue, de nos jours, où les rééditions des classiques en (beaucoup) trop de CDs offrent encore leur lot de bonnes surprises pour des fans qui croient avoir fait le tour. GUIC'(#5)
[Thomas, #5]Si les grands artistes ont de grandes faces B., les artistes improbables ont des albums de faces B. supérieurs à la plupart de leurs vrais albums.
[Xavier, #07]Peu de groupes sont capables de hisser une compilation de B-Sides à cette hauteur, le comble étant que Pisces Iscariot n’est même pas exhaustif des merveilles écartées de Gish et Siamese Dream !

4. The Aeroplane Flies High (The Smashing Pumpkins, 1996)

N’y tenant plus, je m’asseyais sur les marches de l’escalier menant à la FNAC du Centre Bourse dont je venais de franchir les caisses, mon trésor en mains. Cela faisait des mois que j’étais accro au Mellon Collie and the Infinite Sadness qui tournait quotidiennement dans ma chambre, à tel point que mes frères qui dormaient juste à côté connaissaient l’album par cœur sans avoir jamais voulu l’écouter. Et voilà que les Smashing Pumpkins, dans un tourbillon créatif hallucinant, venaient rajouter 28 titres aux 28 originaux pour accompagner les cinq singles extraits du célèbre double album, le tout regroupé in fine dans un coffret magnifique au look délicieusement rétro, celui-là même sur lequel je lorgnais chaque samedi dans les rayonnages du disquaire-libraire. Les pièces de 10 francs s’étaient accumulées petit à petit, jusqu’à cet instant magique où, fébrile, je déchirais le cellophane enveloppant le somptueux objet. Un beau livret de photos en noir et blanc, premier contact avec le travail de la photographe Yelena Yemchuck, compagne d’alors de Billy Corgan qui signera plus tard l’ensemble de l’artwork de la période Adore. Et, bien rangés en ligne dans la boite, les cinq EPs comme autant de portes d’accès vers un univers particulier. Car l'excellente idée d’Aeroplane Flies High est d'avoir regroupé les B-Sides par thématique afin de les faire coller à l'ambiance du single. Pour évoquer les plus réussis, « Zero » et son ambiance sombre se verra adjoindre les titres les plus rock, « Tonight, Tonight » et sa pochette sobre sera accompagné de ballades folk quasi solo, « 1979 » (mon préféré des cinq) et sa photo d'illustration aux parfums d'adolescence collectionnera les perles pop nostalgiques. Sur ces trois disques, absolument rien à jeter* bien au contraire, Aeroplane Flies High rivalise voire surpasse fréquemment sa grande sœur Mellon Collie. Dernier EP à être paru, « Thirty Three » est plus inégal et moins cohérent, récupérant les restes de ses prédécesseurs, dont certains cependant demeurent excellents. Quant au premier, « Bullet with Butterfly Wings », c'est malheureusement le loupé du lot, qui vaut sans doute à cet "album" de ne pas être plus haut dans le classement. Réservé aux reprises, l'EP souligne cruellement les influences 80's discutables de Corgan dans des interprétations au mieux classiques : un comble pour celui qui avait auparavant inscrit au moins deux fois les Smashing Pumpkins sur la liste des reprises meilleures que l'originale. Malgré cette faute de gout, Aeroplane Flies High, sur lequel Corgan laisse enfin un peu d'espace au guitariste James Iha (ses meilleures compos y figurent), reste un chef-d'œuvre et le cadeau remarquable d'un groupe à ses fans. Et fut une pierre de plus dans ma dépendance totale. Fouillant plus que jamais les bacs des disquaires du Cours Julien à la recherche de bootlegs des Pumpkins, scrutant les setlists dans l’espoir d’y voir apparaitre une de ces rarissimes B-Sides. Cela ne se produisit qu’une seule fois, avec la version épique de « The Aeroplane Flies High » sur le Live at GM Place, qui reste mon bootleg favori et un témoignage précieux d’une tournée fantastique. XAVIER(#3)

(*) Bon il y a le « Pastichio Medley » de 23 mn clôturant l’EP Zero, collage d’une soixantaine d’extraits très courts d’idées travaillées pour le Mellon Collie et se terminant sur un riff de guitare que Corgan tourne en boucle inlassablement en attendant que Chamberlin répare un élément de sa batterie. Un truc marrant et intéressant pour les fans ultimes, mais que toute personne saine d’esprit stoppera au bout de 2 minutes.
[Guic', #3]Des morceaux de haute volée, parfois meilleurs que ceux de l'album qu'ils sont censés porter, mais dont on comprend l'éviction, faisant réaliser en creux qu'il y a une grande cohérence dans l'album. Et la pire reprise de Cure de tous les temps.
[Thomas, #11]Il n'est pas inutile de préciser qu'Aeroplane avait initialement été écarté de notre sélection, ce qui ne me dérangeait pas plus que cela. A contrario de mes camarades, je n'ai en effet jamais possédé l'objet et ne l'ai donc jamais abordé comme des EPs thématiques, mais simplement comme une compile de raretés souvent d'excellente facture ; partant du principe que les rééditions Deluxe de Mellon Collie et Adore (écartées pour leur part) lui sont dix fois supérieures, sa présence au pied du podium relève pour moi du non-sens... tout en n'en faisant, en aucun cas, un mauvais choix d'écoute.

Rien ne va plus, faites vos jeux : voici le podium !

3. Siamese Dream(The Smashing Pumpkins, 1993)

Il y a quelque chose que je ne comprends plus. Comment pouvais-je dans les 90’s regretter à ce point une enfance qui aujourd’hui ne m’apparait qu’en grisaille ? Le temps a-t-il effacé la plupart des joies de ce gamin solitaire perpétuellement en bermuda ? Ou ai-je totalement perdu cette impression de gouffre désespérant représentant l’avenir pour le tout jeune adulte que j’étais en 1993 ? À l’époque je ne connaissais pas les Smashing Pumpkins, tout juste appréciais-je « Today » lorsqu’il passait au 116 entre un RAGMA et deux Offspring (oui, en ces temps reculés il y avait des boîtes de nuit qui passaient des setlists rock et oui, j’avais encore la vague espérance de pouvoir choper en boîte). Mais je n’allais pas tarder à me prendre le Mellon Collie de plein fouet dans la vie, à acheter le premier bootleg de la tournée sur lequel je tombais (l’inévitable Live at the Riviera de 95), et à y trouver entre autres un titre faramineux exprimant comme nul autre ma frustration permanente. En plus de s’appeler « Mayonaise », bizarrerie qui me fascinait : ça non plus je ne comprends plus trop, mais que voulez-vous le cerveau d’un adolescent est un continent mystérieux qui nous échappe dès qu’on l’a quitté (même s’y on essaie de temps en temps d’y revenir, en écrivant une chronique sur un album qui a 30 ans, par exemple). Ainsi décidais-je rapidement que je ne pourrais plus vivre sans Siamese Dream. Coup de cœur immédiat. Artwork résolument tourné vers l’enfance, l’innocence à jamais perdue. Textes aux sens pas évidents pour mon médiocre anglais d’alors, mais dont quelques extraits décochèrent leur flèche instantanément. Tous ces « Happiness will make you wonder / Will I feel OK? / It scares the disenchanted », « I shall be free of those voices inside me », « And what I choose is my choice / What's a boy supposed to do? » et autres « And they all want you to change » semblaient être écrits pour moi. Et ce fameux single dynamique avec une mélodie entêtante, sur lequel je me trémoussais en essayant maladroitement d’avoir l’air cool, et qui en fait parlait de suicide… Un tube parmi d’autres, car l’une des grandes forces de Siamese Dream par rapport à son prédécesseur est de proposer une belle collection de chansons immédiates, qu’elles s’appuient sur l’énergie (« Cherub Rock ») ou sur la nostalgie (« Disarm »). Loin d’être des arbres cachant la forêt, les singles sont des portes d’entrée à des titres plus longs, plus complexes mais qui n’en sont pas moins des bombes émotives, amenant de manière remarquablement construite l’écorché vif, discman en poche et casque sur les oreilles, à rester pendant une heure dans cette auto-tamponneuse sonore, ce disque inspiré autant du hard rock que du shoegaze, avec une bonne dose d’accents désespérés pour coller à l’époque. Superposant les couches de guitare avec une technique remarquable (wah le riff de « Rocket », ouch le solo de « Soma »), aidé par l’incroyable Jimmy Chamberlin (« Silverfuck », grand moment de batterie) Corgan balance un monument du rock alternatif, disque générationnel qui par la qualité des compositions demeure un incontournable des Smashing Pumpkins. Siamese Dream a-t-il vieilli ? Moins que moi sans doute. Qui ne regarde plus trop vers la lune mais qui joue avec acharnement guitare et batterie, en écho à cet album qui m’aura tant marqué. Ce qu’il ne faut pas faire pour que l’adolescent qu’on a été soit fier de l’adulte qu’on est devenu. XAVIER(#2)
[Guic', #4]D’extraordinaires singles auxquels des die hard fans préfèrent des titres obscurs placés sur les plages impaires, une dérive bruitiste de 10 minutes qui marque la fin de l’écoute chez la plupart des gens… le mètre-étalon de l’album des Pumpkins
[Thomas, #4]En passant outre une production aussi datée que son prédécesseur (ce n'est peut-être pas un hasard si Cobain fit entièrement remixer le travail de Butch Vig par Andy Wallace, hein ?) Siamese Dream est un album presque parfait, générationnel... iconique, dont même les rares mauvais morceaux ont fini par devenir de vieux amis.

2. Adore(The Smashing Pumpkins, 1998)

Mes atermoiements personnels n'ont sans doute pas leur place dans un article comme celui-ci. J'ai tout fait pour esquiver le vingt-cinquième anniversaire d'Adore, moins par peur de mon propre de vieillissement (encore moins du sien) que par envie de fuir les évidences – sans doute aussi, un peu, par angoisse de la « Blank Page ». Il n'est un secret pour personne qu'Adore est mon disque préféré de tous les temps. Il l'a été dès la première écoute, le jour de sa sortie, et n'a jamais cessé de l'être depuis. Adore aurait pu n'être que l'album d'un moment, d'une période – tant d'autres acquis à cette époque le furent. Il aurait pu s'attacher à une personne en particulier et oui, Claire, si tu me lis, c'est à toi que je pense et penserai toujours un peu, au moins un instant, au moment de le ressortir. Il fut l'inverse. Adore s'est insinué en moi jusqu'à effacer le souvenir de sa découverte, ce qu'en pensait le reste du monde, ce que j'en pensais moi-même. Il est un trou noir qui a tout englouti – les joies et les peines, la vie, la mort. Les pertes. Brian Eno, je crois, disait du Low de Bowie qu'il était si plein d'idées qu'un artiste normal aurait bâti toute une carrière sur celles-ci. Sur Adore, on a bâti des vies. La mienne, en tout cas. Tout le spectre émotionnel y est ; qu'on ne compte pas sur moi pour tomber ici dans l'énumération bébête des titres et de ce qu'ils m'évoquent, car j'ai l'humilité de croire que ces émotions sont différentes pour chaque auditeur, et l'orgueil de penser que je suis seul au monde à ressentir les miennes. Je ne crois pas être de loin de la vérité en supposant que cette dernière affirmation s'approche fortement de l'état d'esprit dans lequel l’œuvre a été composée. Je ne crois pas, non plus, y accorder une grande importance. On parle souvent, c'est un sujet captivant, des albums qui changent des vies. Les albums qui les façonnent sont plus rares. Siamese Dream est un des tous premiers disques que j'ai achetés avec l'argent de ma tirelire en forme de sabot. Il est certainement une des raisons de ma passion pour la musique, et assurément celle pour laquelle je suis devenu fan de cet effroyable connard de Billy Corgan. Adore est la raison pour laquelle je suis, tout court. « You make me real »... que pourrais-je bien ajouter à cela ? Une anecdote, peut-être : j'ai vendu et racheté plusieurs fois Adore. La dernière version que j'ai acquise d'occasion, il y a une grosse dizaine d'années, porte gravé au compas le prénom de son ancienne propriétaire : Christel. Cette orthographe précise, toute particulière. Il se trouve que Christel est le prénom de la femme que j'aime – je ne la rencontrerai qu'un an plus tard environ, et il me faudra encore bien des années avant de découvrir cette incroyable coïncidence. Elle n'est que cela, bien sûr. Mais c'est une magnifique allégorie de ce qu'est Adore : un album qui vit à la fois en nous-mêmes et au-delà de nous-mêmes, sans que nous en ayons conscience. Qui nous raconte sans préambule, et guérit nos blessure sans que nous ayons eu le temps d'avoir mal. L'écouter n'est pas un exécutoire ni une thérapie ; on ne se sent ni mieux mal lorsque résonnent ses dernières notes – juste-là, juste soi. Adore n'est pas un album ; il est un recueillement. Une introspection. « You make me real », oui. En effet. Et tellement plus encore. THOMAS(#1)
[Guic', #2]À 14 ans, je l’écoutais en me disant que c’était bien vrai que la vie c’est nul. Aujourd’hui, il m’a accompagné à travers tellement d’épreuves qu’il est devenu un rappel permanent que la vie, c’est certes dur, mais c’est merveilleux.
[Xavier, #4]On craignait une entreprise grandiloquente torpillant un successeur du Mellon Collie forcément attendu avec d’énormes espérances et c'est tout l'inverse qui se produisit : la vie s'était chargé de ramener le leader devenu chauve sur terre, voire plus bas que terre, d'où un album déroutant mais terriblement attachant. Débarrassé des effets de manche du rock alternatif et de l'habituelle poésie absconse de ses textes, jamais Corgan ne nous aura paru aussi proche.

1. Mellon Collie & The Infinite Sadness(The Smashing Pumpkins, 1995)

À la vérité, si vous êtes ici (sur l’Internet comme à ce point de la série), il y a de fortes chances que, soit vous savez que Mellon Collie est un très bon album, soit vous l’avez déjà lu en ces pages ou des pages mitoyennes. C’est pourquoi la question que je vous propose de se poser ensemble, c’est plutôt : qu’est ce qui fait que ce groupe de trentenaires tardifs continue de vouer ce culte bizarre à un album de post ado dépressif qui s’auto-traite de zéro et passe son temps à se baigner dans sa colère sans cible ? Eh bien déjà, rappelons-le simplement, tous les morceaux de cet album sont bons. À titre personnel, sur 28, il n’y en a qu’un que je n’aime pas trop (si vous avez lu mes commentaires précédents, vous pouvez deviner lequel), et un qui m’indiffère. Le reste : des pépites. Et les pépites de déborder jusqu’aux faces B des singles, c’est dire le tour de force de productivité du groupe (enfin : de Corgan) après le succès de Siamese Dream. Un double album, splendide, dont la tenue à travers le temps tient probablement à sa variété : certes il y a dix titres « sonnant comme » (toutes proportions gardées) « Bullet » ou « Zero », avec des degrés de colère variés, mais le reste est un panorama de tout ce qu’ils savent faire – et plus : des morceaux comme « Cupid de Locke », « Love », ou (eh oui, « 1979 ») jouissent d’un statut quasi unique dans la discographie du groupe, ne sonnent comme rien avant ou après eux. Et logiquement, l’âge avançant, la partie de Mellon Collie qu’on préfère bouge, d’un disque à l’autre, d’un enchainement parfait à l’autre1. De tous ces disques qu’on n'écoute plus parce qu’on les connaît par cœur, il est probablement celui que j’écoute encore le plus fréquemment. Mellon Collie nous a suivi et nous suit encore. C’est un ami dont on prend des nouvelles une fois l’an, pour réaliser qu’il ne nous faut pas 5 minutes pour que ce soit comme si l’on s’était quitté la veille. Un vieux pote, qu’on a adoré dès la rencontre, parce qu’il nous comprenait totalement, dans toutes nos facettes, les plus claires et les plus sombres, les colères explosives comme la sentimentalité pudique. En retour, on le connait par cœur, et si l’on n’est plus surpris au premier degré par ses effets de manche2, on se retrouve à les attendre avec impatience, comme ces vieux souvenirs qu’on se remémore l’un l’autre à chaque fois qu’on se voit. Alors oui, on sait déjà qui survivra à l’autre, mais ça n’atténue pas le lien fort qu’on aura partagé. Au contraire, ça le renforce. Car la dernière rencontre sera l’occasion que résonnent, une dernière fois, les « Take me Down » et « In the Arms of Sleep » d’antan. Farewell. Goodnight. GUIC'(#1)

1. Petit point : le tracklisting gravé dans ma tête est celui du CD, donc on parle de : « Thru the Eyes of Ruby » / « Stumbleine », ou « Where the Boys Fear to Tread » / « Bodies », ou « Galapagos » / « Muzzle »
2. En vrac : le pont de « 1979 », celui de « By Starlight », l’outro de « Thru the Eyes », l’intro de « Porcelina », et bien sur la dernière minute de « Bullet », patient zéro de ma passion pour la musique.
[Xavier, #1]Disque monde construit par un alter ego juste pour abriter mon moi adolescent et dont j’emprunte depuis presque 30 ans les multiples pistes, de la plus délicate à la plus violente, toujours avec le même immense plaisir.
[Thomas, #3]Nous sommes en 2023. J'ai acheté Mellon Collie la semaine de sa sortie. Je porte encore au moins une fois par mois un t-shirt ZERO. Ma mère me traite de quadra régressif, et 100 % de mes collègues de travail n'ont aucune idée de la signification de ce qui fut en son temps un véritable cri de ralliement. Dire que Mellon Collie m'a marqué serait une litote et prétendre qu'il a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire du rock, une mauvaise plaisanterie. C'est un album qui a vieilli plus vite et plus mal que moi, car s'il arrive encore que des gens, souvent jeunes, me donnent 35 ans voire moins, il est à peu près inenvisageable que les mêmes puisse écouter « Zero » en pensant entendre autre chose qu'un hit de 1995. Traiter Mellon Collie comme un chef-d’œuvre intemporel est à mon sens lui faire beaucoup d'honneur, au vu de son héritage anémique. Et cela n'a strictement aucune importance. Je suis dans le fond bien content que seuls quelques happy fews remarquent mon t-shirt, d'avoir été là l'époque, au premier rang, de pouvoir apparaître dans un coin de la photographie jaunie d'une des périodes les plus captivantes et créatives de l'histoire de la musique populaire. Et je suis encore plus content de pouvoir partager cela avec mes deux vieux copains, et d'avoir, l'espace de quelques semaines, pu le partager avec vous. Merci.
 
Comme d'hab', on vous laisse avec la playlist, sauf que contrairement à d'hab', on ne reviendra pas la semaine proch... oh mais attendez : on me souffle dans l'oreillette qu'il y aurait une playlist bonus composée de nos dix morceaux préférés "hors albums" ? Mince, c'est vraiment Noël, là.
 

Passez d'excellentes fêtes de fin d'année sur fond d'ATUM (votre neveu et votre mère vont kifer, faites-moi confiance) et prenez bien soin de vous et de vos proches.


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