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Zwan - The Daydream Is Over

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Billy Corgan a fait beaucoup de trucs improbables dans sa vie. Il a produit un nombre déraisonnable de concept-albums imbitables, viré puis repris tous les membres de son groupe, été en couple avec Courtney Love, ouvert un salon de thé, commenté des matches de baseball, déclaré que Siamese Dream était un disque parodique, soutenu Donald Trump, été touring-member de New Order, investi comme un fou furieux dans le catch, versé dans le complotisme, re-été en couple avec Courtney Love, popularisé le pesco-végétarisme, comparé les progressistes au Ku Klux Klan, prénommé son fils Augustus Juppiter, et été une dernière fois en couple Courtney Love. Ce qu'on appelle de coutume une vie bien remplie. Mais si tout cela était certainement improbable à un niveau ou un autre, a fortiori en cumulé, était-ce si inattendu de la part d'un personnage aussi mégalo, farfelu et haut en couleur ? Sans doute pas. Zwan, si. Zwan était totalement improbable et reste vingt ans après le truc le plus improbable qu'ait jamais fait un artiste pourtant rarement suspecté d'excès de pragmatisme ni de rationalité. Improbable, Zwan l'était déjà par essence : qui irait plaquer l'un des plus grands groupes du monde, sur lequel il a une main-mise quasi absolue, pour simplement en monter un autre sur lequel il a une main-mise toute aussi absolue ? Zwan n'obéissait à aucune logique discographique, encore moins commerciale. Le pourquoi du comment de sa formation s'étant perdu depuis longtemps dans les limbes, on ne saura probablement jamais comment Billy et l'inévitable Jimmy Chamberlin se sont dit que ce pouvait être une bonne idée de réunir des ex-membres de Chavez, Slint ou A Perfect Circle pour produire un unique album au titre aussi improbable que le reste : Mary Star of the Sea (avant que vous ne posiez la question : oui, il s'agit bien d'une référence à la Vierge)
 

Cette improbabilité existentielle, loin de s'atténuer avec le temps, n'a fait que progressivement s'amplifier. Corgan a produit beaucoup... beaucoup de choses par la suite, dans tous les registres possibles et imaginables. Nombre d'entre elles macéraient dès cette époque, et si CYR, en 2020, aura pu hérisser les poils de quelques fans dans le mauvais sens du terme, ce trip synth-pop à la production étouffante et aux mélodies souffreteuses n'était jamais que la suite logique des titres les plus new wave de MACHINA, de l'excellent soundtrack de Stigmata ou du (médiocre) premier album solo de 2005. Mary Star of the Sea, pour sa part, n'a quasiment aucun avant et extrêmement peu d'après dans l’œuvre foisonnante de ses auteurs. OVNI à l'époque, il l'est encore plus à la lumière de tout ce qui l'a suivi, au point que s'il n'avait été relégué aux oubliettes de l'histoire du rock des années 2000, à contre-courant de laquelle il joue quasiment de la première à la dernière note, il pourrait sans doute prétendre au titre de Corgan préféré des gens détestant Corgan.

Entendons-nous rapidement sur ce point : ce n'est pas tant qu'il s'agisse ici de se départir du reste d'un point de vue stylistique. Mary Star of the Sea est un disque écrit quasiment de A à Z par Billy Corgan. Tous ses gimmicks y sont, sa voix y est plus nasillarde que jamais, aucune des chansons ne dépareillerait réellement dans une set-list live ou une quelconque compilation. Ce qui est différent sur Mary Star of the Sea, c'est Billy Corgan lui-même. L'éléphant commençant à prendre beaucoup de place au milieu de la pièce, nommons-le une fois pour toutes : Mary Star of the Sea est un disque à l'image de sa pochette (laquelle contenait, croyez-le ou non : des autocollants !) Joyeux. Lumineux, voire un brin naïf. Son auteur y chante la Foi, l'Espoir, la Paix, l’Été, la Stabilité, l'Amitié et les Fleurs sauvages (j'exagère à peine). Principalement influencé par Dieu et John Lennon, il plante le décor dès le titre introductif ("Here comes my faith / To carry me on [...] For I give my strength / I give my heart / Take these chains / And hold them as ours") avant de se lancer dans une quinzaine de titres power-pop interpellant l'Un (dans les paroles) et l'Autre (dans les arrangements), sans jamais paraître vouloir être chose qu'un dialogue à sens unique. Dans une ambiance sixties d'autant plus inattendue qu'aucun de ses membres ne s'était particulièrement illustré jusque-là dans le registre flower-power1, Zwan enquille les titres tout à fait singuliers ("Declaration of Faith", "El Sol"), avec toujours ici ou là des relents de Smashing Pumpkins ("Endless Summer"), mais dénués de l'élément le plus constitutif de ces dernières : la douleur. Dans ses meilleurs moments (il n'en manque pas), le disque fonctionne comme un fascinant négatif à l'écriture habituelle de Corgan, rarement aussi inspiré que lorsqu'il s'agit d'ajouter un nouveau terme au Petit Dictionnaire de la Souffrance. Mary Star of the Sea, on s'est bien compris, n'est pas qu'un disque heureux : c'est aussi un disque léger, du moins à l'échelle d'un artiste ayant toujours eu un penchant certain pour le rock pompier. Matt Sweeney claque des soli aériens à la John Frusciante, le fidèle Bjorn Thorsrud vous colle des harmonies chatoyantes un peu partout, les trois (!) guitares se lancent dans de chaleureuses discussions de comptoir, Corgan met des points d'exclamation dans les titres des chansons... autant dire que le fan de goth-grunge élevé à coup de "Zero" a de quoi se demander ce qu'il fiche ici, entre une œillade complice à T-Rex ("Ride a Black Swan"), une tape amicale à blur ("Baby Let's Rock!") et un final s'ouvrant sur une fort joviale ligne... d'harmonica. Je vous ai dit que ce disque était improbable ? Il l'est aussi, et surtout, parce qu'il fonctionne au-delà de toutes les limites qu'imposerait un simple exercice de style : Corgan chante l'Amour de son prochain avec la même conviction et la même intensité qu'il en braillait autrefois le Dégoût. Mary Star of the Sea est peut-être le seul album de son auteur à être dénué de postures, à le présenter à nu, sans grands artifices de production, sans concept fumeux derrière lequel se planquer – si ce n'est le groupe Zwan lui-même, dont la raison d'être tient probablement à un besoin de conserver une barrière de sécurité, fût-elle factice. En résultent quelques unes des plus grandes chansons jamais écrites par William Patrick C. ("Honestly", "Of a Broken Heart"), qui ont qui plus est pour elles d'avoir été moins usées que d'autres, puisque sans jamais être tout à fait reniées, elles furent plus ou moins laissées en plan par la suite, cette période étant la seule à ne pas avoir eu droit à des rééditions copieuses ou des chars (à voiles) entiers d'inédits balancés sur le Net. En 2022, lorsque Billy Corgan daigne se rappeler de leur existence (c'est arrivé en début d'année au court d'un showcase solo), c'est presque un évènement en soi tant Zwan occupe une place particulière dans le cœur des fans – loin des stades, de l'emphase, des mythologies abscons et des albums super-produits dont même les titres de morceaux paraissent vouloir vous écraser de toute leur balourde majesté.

Plutôt très bien reçu à l'époque, l'album fut assez vite oublié et le split du groupe dans l'année qui suivit ne l'aida pas réellement à imprimer les mémoires. Ce fut pourtant, peut-être, le dernier vrai grand disque publié par Corgan – et paradoxalement le premier où, tout à sa crise de Foi, il passa de type gentiment perché à illuminé de premier ordre. S'en suivra une douzaine de disques où il renouera avec ses démons, au sens figuré comme malheureusement aussi au sens propre (il a beau y avoir "new" dans l'expression New Born Christian, la joie du Baptême finit toujours plus ou moins en Face de Carême). A l'exception d'une face B de temps à autre (la très – trop – beatlesienne "Splangled", par exemple), il ne retrouvera plus jamais la vibe californienne et insouciante de cette période – lorsqu'il ne donnera pas carrément l'impression de s'en défier. De manière très occasionnelle (on pense aux titres les plus aérés du pachydermique Zeitgeist), on entre-apercevra cette candeur mélodique, mais dans l'ensemble, Mary Star of the Sea demeure une énigme d'autant plus entêtante que Corgan, qui n'est pas exactement ce que l'on appelle un mec discret, passera les deux décennies suivante à faire l'Exégèse de son œuvre à chaque fois qu'on lui tendra un micro. Il semble que Zwan soit juste cette partie de sa vie dont il n'a pas très envie de parler – on le respecte, on en a tous une, pas vrai ? Le truc c'est que pour les gens normaux, il s'agit rarement de la plus cool et heureuse.


Mary Star of the Sea
Zwan | Reprise, 2003


1.Il faut vraiment fouiller dans les tréfonds des faces C des Pumpkins pour s'assurer que Corgan avait bien entendu parler des Beatles avant 2003.


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