✋ALTERED CARBON Des fois, je vis la vie des gens normaux. Je regarde la télé, je me tape des tunnels de pubs, j'achète les produits dont elles parlent et je me laisse intriguer par les bande-annonces qu'elle diffuse. Devant celle d'Altered Carbon, que j'ai dû voir 30 fois en quelques jours, je me suis à chaque fois dit la même chose : Hum, il y a plein de gens que j'aime bien là-dedans mais ça m'a quand même l'air d'une bonne grosse tambouille indigeste. Étant en mode normal, j'ai fait exactement ce que quelqu'un de normal aurait fait à ma place : je me suis empressé de regarder Altered Carbon qui, figurez-vous, s'est rapidement avérée une bonne grosse tambouille indigeste. Sympathique. Avec quelques bonnes idées. Mais vraiment lourde sur l'estomac, malgré Joel, malgré Dichen, malgré James... malgré les nombreux gens que j'aime bien dedans qui sont aussi, il faut bien le reconnaître, des gens un peu connus pour jouer dans tout et n'importe quoi. James Purefoy, qui s'invite très régulièrement dans cette rubrique, ne doit plus être loin du Drawa d'honneur du Meilleur Acteur à la Filmo la plus Pourrave. Altered Carbon se situe dans la moyenne, de ce point de vue. Des séries qu'on voit de nos jours, et de la filmo à Jimmy Pi.
✋AMERICAN CRIME STORY (saison 2) The Assassination of Gianni Versace, c'est un peu comme quand un songwriter minimaliste décide de publier un album symphonique. On a beau savoir qu'il y a une démarche derrière, une cohérence, que ceci n'est pas gratuit, ça n'en est pas moins éprouvant. On entend bien que parce qu'il s'agit de Versace, de la mode des 90's, de la jet-set de Miami Beach... la seconde saison d'American Crime Story ne pouvait qu'adopter une apparence plus démonstrative et colorée que la première, qui avait étonné par sa grande sobriété. Reste que dès les premières minutes, ce nouveau chapitre est une véritable souffrance visuelle et que la suite, occupée à recycler les légendaires filtres jaunes de la première saison de Halt and Catch Fire, ne se calme qu'en partie (au passage les gens, va falloir se mettre d'accord : c'étaient les années 80 ou les années 90 qui étaient toutes jaunes et toutes pisseuses ?) Il faut dire que le fond peine à suivre, là aussi bien différent de ce qu'on avait pu connaître il y a deux ans. The People vs. O.J. Simpson brillait par sa rigueur, son obsession du mimétisme, au point que c'en était presque dérangeant. The Assassination of Gianni Versace, on pouvait s'y attendre vu qu'Andrew Cunanan est mort avant d'avoir pu révéler quoi que ce soit de ce qui se passait dans son cerveau perturbé, multiplie pour sa part les inventions pures et simples et les libertés prises avec la réalité, sans qu'on comprenne réellement où les scénaristes veulent en venir, si ce n'est à des messages subliminaux stabylotés grossièrement (et abusivement, parce qu'aux dernières nouvelles ce n'est pas l'homophobie qui a tué Versace) et à un enchaînement de scènes chocs dont on se souviendra probablement longtemps mais qu'on s'attendait plutôt à trouver dans l'autre série de la franchise (celle avec le mot "horror" dans le titre"). Non que cette seconde occurrence d'American Crime Story soit déplaisante à regarder : bien jouée, bien réalisée (si on oublie les filtres)... elle tient en haleine, sans problème. Mais elle a du mal, après cinq épisodes, à être plus qu'un thriller bien ficelé, et sa construction éclatée en allez-retours temporels, loin de souligner sa complexité, a plutôt tendance à donner le sentiment que l'intrigue tourne en rond (voire que l'ordre des épisodes a juste été mélangé pour faire genre). Rien de plus normal sachant que la folie meurtrière de Cunanan dura en tout et pour tout deux mois et demi et que l'essentiel de ce qui lui arriva auparavant est sujet à caution vu le caractère mythomane du bonhomme - mais à un moment, on commence un à en avoir marre d'essayer de faire passer de mauvaises idées d'adaptation pour des circonstances atténuantes.
👍FREAKISH (saisons 1 & 2) Freakish m'a rappelé le bon vieux temps. Cette époque pas si lointaine où j'étais moins occupé et où, surtout, il n'y avait pas cinq nouvelles séries "évènement" qui sortaient chaque semaine, ce qui me laissait le temps de regarder entièrement des choses que je trouvais plutôt moyennes, voire médiocres, en leur laissant réellement leur chance parce qu'allez : ce ne sont jamais que dix épisodes de vingt minutes. En 2018, dix épisodes de vingt minutes, cela paraît déjà beaucoup trop pour tolérer un pilote aussi moyen et des développements aussi peu originaux que ceux de Freakish. Pourtant, j'ai regardé. Jusqu'à au bout. Parfois en enchaînant sauvagement les épisodes. Je ne sais pas trop pourquoi c'est tombé sur elle. C'est probablement autant lié au moment où je l'ai regardée qu'à la série elle-même, qui a le bon format et un ratio suffisant trucs sympas/trucs pourris pour que je n'aie pas eu l'impression de perdre mon temps. C'est quoi ? Une série de zombies, ni plus ni moins, avec des ados pris au piège dans leur lycée suite à l'explosion de l'usine de produits chimiques qui emploie toute la ville (et n'y fait a priori pas que des trucs très catholiques). Les épisodes sont courts, rythmés. Les twists sont nombreux, à défaut d'être surprenants. Le budget tient dans la poche arrière d'un jeans, les comédiens ne jouent pas tous très bien (mais aucun ne joue super mal non plus), l'ensemble ne nous épargne pas beaucoup de clichés et assez peu d’invraisemblances (aaaaaaah, ces coiffures qui résistent à tout !), mais en dépit de tout cela, Freakish dégage quelque chose de sympathique, comme seul un bon plaisir coupable sait le faire. D'abord parce que le format 22 minutes interdit à la série de se perdre dans les désormais légendaires scènes contemplatives sur fond d'éviscérations : il se passe toujours un truc dans un épisode de Freakish, il n'y pas vraiment le temps de s’appesantir sur l'Apooooocalypse, on se dit même en la regardant que c'est la durée idéale pour restituer un véritable sentiment d'urgence. Le budget limité contribue également à cela, imposant une unité de lieu (on ne sort quasiment jamais du lycée en deux saisons) et de temps (il n'y a que très peu d'ellipses dans Freakish, d'autant que les scénaristes résistent héroïquement à la tentation d'éparpiller le casting durant deux bons tiers de leur histoire). Et puis il y a, donc, ce côté old-school. Bon vieux temps. Assez indescriptible, mais bien présent : Freakish me fait penser au début des années 2000, à une époque où les séries n'étaient pas forcément meilleures, mais où on ne leur en demandait pas tant non plus. Il est possible qu'à n'importe quel autre moment de l'année, je me serais arrêté au bout de trois épisodes sans véritable raison autre que j'ai mieux à regarder. Mais je ne regrette pas de ne pas l'avoir fait.
👎MARONI, LES FANTÔMES DU FLEUVE me fait un peu penser à Zone blanche, diffusée l'an dernier sur France 2 (et dont on avait causé dans cette rubrique). Une série française qui a à peu près tout compris, qui a mis toutes les chances de son côté mais où, pourtant, rien ne fonctionne. On n'a rien à foutre des personnages, rien à carrer de l'histoire et lorsque les réalisateurs se piquent de faire du style, on a envie de se cacher sous le canapé. Et pourtant il y a plein de trucs la rendant digne intérêt, à commencer par son cadre (la Guyane), la diversité de son casting (une série française où il n'y a pas que des Blancs ? Naaaaaan ?), certaines trouvailles de scénario... bah ouais mais en fait, non. On se fait juste chier devant. Mais merci quand même à Arte pour l'effort.
PAGES NÉCROLOGIQUES
11 Drawas en 7 éditions.
3 Drawas des plus mauvais effets visuels. Consécutifs.
4 Drawas de la série que sa médiocrité rend incontournable.
46 Top 5, dont une moitié de podiums.
Once Upon a Time vient officiellement d'être annulée par ABC.
Mais sur Le Golb, on oubliera ja-mais.