Dernier Golbeur en séries de 2016 (et dernier avant les Drawas). Frappé de plein fouet par l'esprit de Noël, l'on y dit presque que des gentillesses sur tout le monde.
✋DESIGNATED SURVIVOR C’est ce qui s’appelle un glissement sémantique, mais ç’arrive tout de même beaucoup plus souvent aux langages qu’aux séries télé. A force de se répéter chaque semaine en rigolant qu’on allait se mater un épisode des Aventures du Président Jack, Designated Survivor a fini par devenir… 24. Bon, ok : elle en avait déjà un bon coup dès le pilote. Mais tandis que les premiers épisodes avaient su ménager un équilibre, assez bizarre mais plutôt sympathique, entre The West Wing (enfin Commander in Chief) et 24 (enfin Scandal), les dernières semaines ont vu
👍The EXORCIST Au fil des semaines, la série la plus glauque de tous les grands Networks réunis a pris un tour assez curieux. Pas mauvais : curieux. Bizarre. Inattendu. On se doutait bien qu’il serait compliqué de traiter un exorcisme sur dix épisodes, sachant qu’en deux heures trente au cinéma, ça semble déjà assez longuet. Après les débuts très convaincants du show, on était finalement assez impatient de voir comment l’équipe allait s’en tirer. Mais on ne s’attendait pas vraiment à un tel emballement dans la dernière ligne droite, une telle montée en puissance dans le sordide d’abord (les épisodes 7 et 8 vous faisaient passer The Walking Dead pour une aimable fête d’Halloween), une telle accumulation de twists ensuite (la série était même très sage de ce côté, jusqu’alors). Si les audiences se sont sensiblement effritées à partir de là, rendant l’avenir de la série assez incertain, on ne peut pas dire que l’ensemble fut mauvais, bien au contraire, même si tout ne fut pas parfait, même si le talent de Geena Davis fut exploité un peu trop tard - et celui d’Alan Ruck, pas exploité du tout. On pourra regretter, selon l’importance qu’on lui accorde ou non, que The Exorcist se soit sentie obligée de recoller à la mythologie de la franchise dont elle (sup)porte le nom, ce qui n’était absolument pas nécessaire (elle s’en sortait au départ très bien en gardant ses distances) et n’a pas réellement apporté de plus-(ni de moins)-value. Ce qui est certain c’est qu’annulée ou pas, on risque de la garder en tête un bon moment : des remakebootvals de cette qualité (scénaristique) et de cette ambition (esthétique), on n’en en a pas vu des masses ces dernières années. En revanche, on risque de totalement oublier qu’on était sur la FOX et de passer notre temps à croire que c’était sur FX… parce que putain, qu’est-ce que c’était glauque, quand même…
👑RECTIFY (saison 4) Je pense avoir utilisé à peu près tous les subterfuges, toutes les astuces, toutes les techniques d’évitement… pour ne pas avoir à vous dire que j’ai pleuré à chaudes larmes tous les jeudis durant huit semaines. Sincèrement. Je n’avais pas très envie de re-parler de Rectify - je pensais avoir tué le sujet, mais je ne m’attendais pas non plus, c’est vrai, à une ultime saison aussi brillante. Au fond de moi, je m’attendais même à ce que ce soit la saison de trop (il semble que cela ait été ressenti ainsi par certain(e)s, que je peux comprendre un peu à défaut de partager leur sentiment). La série, après tout, était parvenue à une forme de conclusion l’an dernier. Qu’y-avait-il de plus à raconter ? Eh bien… plein de choses. Plein, plein de choses. On a souvent reproché à Rectify, gentiment mais reproché tout de même, d’être une série lente dans laquelle il ne se passait pas grand-chose. Comme pour nous faire mentir, cette quatrième saison fut d’une étonnante densité, pullulant d’idées, de thèmes, d’intrigues menées très vite - huit épisodes, c’est presque rien - et souvent très loin, en quelques scènes courtes et cependant parfaites d’éloquence. L’idée d’isoler Daniel du reste du casting n’était pas forcément alléchante sur le papier mais elle permit des scènes que l’on n’aurait jamais imaginées, des idées auxquelles on n’avait même pas pensé. Je ne parle pas que de le faire suivre une thérapie ou de lui trouver une nouvelle famille avec ses camarades de réinsertion (même si quelques unes des meilleures scènes de la saison - de la série ! - en découlent), mais de la manière subtile et parfois très dure dont il s’est agi cette fois-ci de le confronter à lui-même, à son attitude, à ses mots. Daniel a toujours été plus complexe que ce que le pitch de la série suggérait... ou ce que ses proches (sa mère mise à part) voulaient voir en lui ; malgré tout : il avait toujours essentiellement été traité par le scénario comme une victime. Son comportement parfois totalement erratique vis-à-vis du monde qui l’entourait était constamment atténué par l’écriture, comment d’ailleurs aurait-il pu en être autrement ? Mais voilà : on ne se construit pas une nouvelle vie en se reposant sur les schémas de l’ancienne. Il y a une beauté absolue dans la manière dont la trajectoire de Daniel mais aussi désormais celle de Teddy nous montrent, sans didactisme ni prétention aucune, à quel point nous avons besoin des autres pour avancer - ce qui ne signifie pas quémander leur aide, juste savoir la recevoir, juste accepter de s'ouvrir à elle (à eux). Daniel a parlé, dans cette saison. Beaucoup. De plus en plus au fil des épisodes. Ce n'était peut-être pas parfait (ce qui ne m'empêche pas de mettre l'appréciation maximum, parce que je fais ce que je veux, na), mais il se dégage de cette dernière saison un sentiment d’accomplissement plus fort encore qu’à la fin de la précédente (dont on maintient qu’elle eût pu être la dernière, elle aussi). En donnant ce que le spectateur attend sans jamais générer d'impression de pré-mâché. On savait déjà, bien évidemment, que Rectifyétait l’une des meilleures séries en activité. Le moins qu’on puisse dire est qu’elle aura admirablement soigné son entrée au Panthéon, livrant un modèle de dernière saison, tout à la fois ouverture et conclusion, dans laquelle on ne s’ennuie jamais et où chaque personnage, à défaut de justifier ses apparitions, avance logiquement et délicatement vers la lumière. Je l'ai écrit il y a quelques semaines : Rectify est le genre de série qui pourrait durer encore cinq ans tout comme elle aurait pu en rester à sa première saison. Ce final était parfait parce qu'il illustrait idéalement cette remarque - donc la série elle-même. Doux. Apaisé. Conclusif, sans réellement céder à la tentation du happy end : le meurtrier de Hannah n'est pas arrêté, Daniel est toujours très seul et très torturé, son avenir reste encore totalement à écrire... mais il existe, désormais, et c'était en soi la meilleure chute que l'on puisse trouver à une telle histoire.
👍TEEN WOLF (saison 6, partie I) Merde. C'est bien, non ? Je ne m'y attendais pas du tout. Des mois que j'aiguise mon couteau, prêt à dégainer un Top of the Flops pour fêter la fin de la meilleure série à s'être effondrée le plus rapidement de toute l'histoire récente de la télévision. Et voici que c'est re-bien, oui. Pas exceptionnel, mais : bien. Regardable sans avoir envie de se crever les yeux, déjà, ce qui ne paraissait pas évident il y a encore quelques mois tant les saisons 4 et 5 étaient tombées bas. Je ne retire pas (pas complètement, pas encore) ce que je disais au printemps : la série est cassée, les personnages sont cassés, dans leurs fondements-mêmes. Mais ce début de saison finale, étonnamment, tient la route. Moins hystérique que ces dernières années. Moins surchargé en personnages secondaires à peine esquissés. Certains aspects de cette série cassée sont évidemment irréparables : Liam aura toujours une tête claque et ne justifiera jamais son existence, par exemple. Allison ne ressuscitera pas. Pire, il est très vraisemblable que le seul ex-acteur à revenir faire coucou d'ici à la fin soit le seul que l'on ne voulait pas revoir (vous savez très bien à qui je pense). Mais là, maintenant, sur cinq petits épisodes, Teen Wolf retrouve un peu de son feeling des débuts - et moi, je range temporairement mon couteau. Heureusement que cette saison 6 sera en deux partie et que les scénaristes ont encore largement le temps de tout foutre en l'air.
Mieux vaut tard que jamais
👍GREEN LANTERN, THE ANIMATED SERIES Bien sûr, il faut oublier ce The Animated Series qui, en rappelant les incontournables D.A. des années 90 consacrés à Batman et Superman, lui fait porter un poids bien trop lourd pour elle. Évidemment, il faut surmonter le barrage de la 3D un peu fauchée, fatalité que les productions DC contemporaines ne font rien pour éviter. Il le faut parce que cette série diffusée au printemps 2012 sur Cartoon Network (et inlassablement rediffusée sur France 4 chez nous) vaut vraiment le détour. Elle est attachante. Elle est drôle. Elle est surprenante, parfois. Surtout, elle est d’un humanisme assez incroyable, rendant un vrai, bel hommage à la figure de son personnage principal, même si elle exploite paradoxalement assez peu sa mythologie - l’arc principal finira même par devenir l’histoire d’amour (très touchante) entre Aya et Razer… deux personnages créés spécifiquement pour la télévision. Green Lantern, The Animated Series est une œuvre assez maline et subtile sur la tolérance, l’amitié, la fraternité. Elle est aussi très jolie à regarder, le design clair et rondouillard façon Indestructibles se prêtant plutôt bien à l’univers de Green Lantern (beaucoup mieux en tout cas qu’à Batman dans la série 3D qui passait à la même époque). Oh et en plus, il y a Guy Gardner, fidèle à lui-même - un petit bonus que les initiés apprécieront à sa juste valeur.
✋SLEEPY HOLLOW (saison 3) Il est assez fou de se dire que Sleepy Hollow s’apprête à entamer sa quatrième saison (le 6 janvier sur la FOX). En seulement trois, elle est déjà passée par tous les états du Monster of the Week de Network, très mauvaise puis bon plaisir coupable puis franchement cool puis complètement nawak pour en arriver, donc, à une saison 3 efficace mais assez fade et anonyme (ne fussent-ce les quelques scènes drolatiques présentant les démêlées d’Ichabod Crane avec la bureaucratie contemporaine). En somme, quarante-neuf petits épisodes ont suffi pour en faire ce que Supernatural mit au moins six saisons à devenir : une petite série sympathique, pas franchement terrible, que l’on regarde plus par habitude que par envie. Et ce n’est pas le départ de Nicole Beharie, dont le charisme n’était pas pour rien dans l’intérêt de l’ensemble, qui risque d’arranger les choses. Le prono du Golb ? Annulation dans l’indifférence générale en avril, pile poil pour que Tom Mison soit officialisé en tant que nouveau Doctor Who.