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Pour d'obscures raisonscontractuelles d'emploi du temps, le Golbeur en séries de la semaine paraît le samedi, de même que le précédent était paru... le lundi. C'est totalement et absolument n'importe quoi, j'en conviens, mais on ne va tout de même pas se priver. D'autant que le menu de la semaine est alléchant, jugez plutôt : du teen drama fantastique (ça faisait longtemps), du village bien d'cheu nous (ça faisait encore plus longtemps) et du bien de deux séries après lesquelles j'ai l'habitude de râler à longueur de Golbeurs en séries. Bon week-end à tous.
👍CLASS est ce qu’on appelle une série à handicaps. Spin-off d’une franchise (Doctor Who) si vampirique qu’aucune des tentatives passées n’est parvenue à s’en émanciper1, elle s’inscrit dans un des rares genres (le teen drama fantastique) où les Anglais se viandent quasiment à chaque fois, et est pilotée par un auteur (l’écrivain Patrick Ness) quasiment débutant à la télévision. Autant dire que tous les éléments sont réunis pour s’écraser dans le premier mur venu. Pourtant, après quatre épisodes, la série fonctionne plutôt pas mal. Peut-être parce que ce premier dérivé de Doctor Who dont le titre - il n'y a pas de hasard - ne fasse pas directement référence à cet univers trouve rapidement le moyen de se défier des apparences : ne fût-ce l’apparition rapide de Peter Capaldi dans pour jouer les Monsieur Loyal, Class n’a pas grand-chose à voir avec Doctor Who, que ce soit sur le fond (plus sombre) ou sur la forme (plus horrifique). Elle n’a d’ailleurs pas grand-chose d’anglais non plus (à part les accents des personnages et le fait que l’un d’eux joue au vrai foot), étalant plus volontiers sa serviette d’influences de l’autre coté de l’Atlantique. On pense un peu à Buffy pour les classiques ; beaucoup au Teen Wolf des débuts pour les contemporains (peut-être l’effet vestiaire de l’épisode 2…) Rien que très normal puisque Class en reprend les fondements narratifs (le lycée, cet Enfer-au-sens-propre). Il manque encore à ce stade le petit plus pour passer en première division : ce second degré de lecture qui permit à ses références d’en devenir. Mais il faut noter que son très bon troisième épisode (« Nightvisiting ») s’en approche, déjà. En affinant un peu les traits de ses héros (dont il assez normal qu’ils paraissent un peu peints à la truelle à ce stade) et en essayant de trouver une bande-son un peu plus supportable, Class pourra rêverà un bel avenir au diplôme de fin de saison. Aucun doute là-dessus.
👍ONCE UPON A TIME (saison 6) Il fallait bien que cela arrive : après six années de rebondissements plus prévisibles les uns que les autres, dont au moins quatre à raconter n’importe quoi n’importe comment, Once Upon a Time a réussi à… j’ose à peine l’écrire de peur que vous ne me jugiez : Once Upon a Time a réussi à me surprendre. Pour de vrai. Avec un de ses rebondissements. Avec un excellent rebondissement, parfaitement amené. Je vous jure que c’est vrai. Cette double-sleeping curse est une super trouvaille. Certes, elle l’est surtout parce qu’elle est totalement inattendue et survient au moment même où l’on se dit que la série va encore retomber dans les mêmes schémas éculés. Certes encore, c’est certainement ce qu’elle fera sur le long terme : ne doutons pas une seconde que cette très bonne trouvaille scénaristique sera bafouée par ses propres auteurs dès le prochain épisode - c’est-à-dire dès demain soir. Mais savourons-là, car à raison d’une bonne idée tous les trois ans et au vu des audiences, il s’agit certainement de la dernière de toute l’histoire d’une série qu’on aime bien quand même, ici, même si je sais que vous comptez sur moi pour l’assumer à votre place.
👍👍👍Un VILLAGE FRANÇAIS (saison 7, partie I) Quel retour. Quelle série ! Sept ans après des débuts pourtant un peu cahoteux, on commence sévèrement à manquer de superlatifs. Meilleure série française en activité ? Déjà fait. Meilleure série tout court en activité ? Ce n’est plus exactement le cas aujourd’hui - mais ce le fut, oui, au moment de ses superbes saisons 3 et 4. Meilleure série française de tous les temps, alors ? Je n’y avais jamais pensé mais dans le fond, c’est une évidence. Une telle constance dans l’excellence vous donne de quoi aspirer à une certaine forme de postérité. D’autant qu’au moment d’amorcer sa dernière ligne droite, Un village français a encore le culot si ce n'est de surprendre, du moins d'oser. En affichant, par exemple, une cohérence affolante dans un pays où la plupart des bonnes séries (ainsi que pas mal de mauvaises) ne reviennent que tous les deux ou trois ans en effaçant les trois quarts des évènements passés de la mémoire collective. Du côté de Villeneuve, on n’a cure de ce genre de procédés faciles : on préfère se compliquer la tâche avec ce dernier arc qui, il faut le rappeler car cela rend sa maîtrise encore plus impressionnante, n’était pas prévu dans le projet initial (Un village français devait s’arrêter à la libération et ainsi ne faire que cinq ou six saisons). On préfère fouiller dans les limbes de la mémoire, avec beaucoup de talent malgré un recours parfois un peu répétitif aux flashbacks, en confrontant les personnages survivants à ce qu’ils étaient encore, avant ou aux balbutiements de l’Occupation. Par instants, c’est d’une beauté à pleurer, même - surtout - s’agissant de s’appesantir sur le destin de personnages aussi froids et antipathiques que Servier, voire Marchetti (irrécupérable jusqu’au bout, pourtant). Dire qu’il ne reste qu’une poignée d’épisodes, dont une moitié à consommer dans neuf ou douze mois (?)… à ce niveau de qualité narrative et de pertinence historique, elle pourrait bien durer encore dix ans que cela ne dérangerait probablement personne. Et Dieu sait que ce n’est pas le genre de choses que l’on souhaite habituellement, même aux meilleurs shows. Un Village baby boomer français, ç’aurait une certaine gueule, non ?
Voilà exactement pourquoi je continue à regarder You’re the Worst malgré les sentiments mitigés qu’elle peut parfois m’inspirer. Pour des scènes comme celle de la tarte (3x10, "Talking to Me, Talking to Me"), qui parviennent à me faire rouler-bouler sur mon canapé. Dans ce genre de moment, You’re the Worst est tout simplement la meilleure comédie de l’univers. Dieu sait pourtant qu’elle n’a rien de folichon, cette saison. Je ne suis même plus tout à fait à jour dessus. Mais quand je vois Lindsay décrypter ses pensées en mangeant de la tarte, impossible de me dire que je vais décrocher.
1. K-9 and Company ne dépassa pas le stade du pilote, Torchwood fut un véritable accident industriel avant de parvenir à produire de bonnes saisons, K-9 n’est pas une série officielle… quant à The Sarah Jane Adventures, elle ne doit sa réussite qu’à son côté extrêmement ciblé (et ne fut pas non plus le plus grand succès du siècle).
Pour d'obscures raisons
👍CLASS est ce qu’on appelle une série à handicaps. Spin-off d’une franchise (Doctor Who) si vampirique qu’aucune des tentatives passées n’est parvenue à s’en émanciper1, elle s’inscrit dans un des rares genres (le teen drama fantastique) où les Anglais se viandent quasiment à chaque fois, et est pilotée par un auteur (l’écrivain Patrick Ness) quasiment débutant à la télévision. Autant dire que tous les éléments sont réunis pour s’écraser dans le premier mur venu. Pourtant, après quatre épisodes, la série fonctionne plutôt pas mal. Peut-être parce que ce premier dérivé de Doctor Who dont le titre - il n'y a pas de hasard - ne fasse pas directement référence à cet univers trouve rapidement le moyen de se défier des apparences : ne fût-ce l’apparition rapide de Peter Capaldi dans pour jouer les Monsieur Loyal, Class n’a pas grand-chose à voir avec Doctor Who, que ce soit sur le fond (plus sombre) ou sur la forme (plus horrifique). Elle n’a d’ailleurs pas grand-chose d’anglais non plus (à part les accents des personnages et le fait que l’un d’eux joue au vrai foot), étalant plus volontiers sa serviette d’influences de l’autre coté de l’Atlantique. On pense un peu à Buffy pour les classiques ; beaucoup au Teen Wolf des débuts pour les contemporains (peut-être l’effet vestiaire de l’épisode 2…) Rien que très normal puisque Class en reprend les fondements narratifs (le lycée, cet Enfer-au-sens-propre). Il manque encore à ce stade le petit plus pour passer en première division : ce second degré de lecture qui permit à ses références d’en devenir. Mais il faut noter que son très bon troisième épisode (« Nightvisiting ») s’en approche, déjà. En affinant un peu les traits de ses héros (dont il assez normal qu’ils paraissent un peu peints à la truelle à ce stade) et en essayant de trouver une bande-son un peu plus supportable, Class pourra rêver
Par contre ce sera un avenir un peu crado, tel que ça part...
👍ONCE UPON A TIME (saison 6) Il fallait bien que cela arrive : après six années de rebondissements plus prévisibles les uns que les autres, dont au moins quatre à raconter n’importe quoi n’importe comment, Once Upon a Time a réussi à… j’ose à peine l’écrire de peur que vous ne me jugiez : Once Upon a Time a réussi à me surprendre. Pour de vrai. Avec un de ses rebondissements. Avec un excellent rebondissement, parfaitement amené. Je vous jure que c’est vrai. Cette double-sleeping curse est une super trouvaille. Certes, elle l’est surtout parce qu’elle est totalement inattendue et survient au moment même où l’on se dit que la série va encore retomber dans les mêmes schémas éculés. Certes encore, c’est certainement ce qu’elle fera sur le long terme : ne doutons pas une seconde que cette très bonne trouvaille scénaristique sera bafouée par ses propres auteurs dès le prochain épisode - c’est-à-dire dès demain soir. Mais savourons-là, car à raison d’une bonne idée tous les trois ans et au vu des audiences, il s’agit certainement de la dernière de toute l’histoire d’une série qu’on aime bien quand même, ici, même si je sais que vous comptez sur moi pour l’assumer à votre place.
👍👍👍Un VILLAGE FRANÇAIS (saison 7, partie I) Quel retour. Quelle série ! Sept ans après des débuts pourtant un peu cahoteux, on commence sévèrement à manquer de superlatifs. Meilleure série française en activité ? Déjà fait. Meilleure série tout court en activité ? Ce n’est plus exactement le cas aujourd’hui - mais ce le fut, oui, au moment de ses superbes saisons 3 et 4. Meilleure série française de tous les temps, alors ? Je n’y avais jamais pensé mais dans le fond, c’est une évidence. Une telle constance dans l’excellence vous donne de quoi aspirer à une certaine forme de postérité. D’autant qu’au moment d’amorcer sa dernière ligne droite, Un village français a encore le culot si ce n'est de surprendre, du moins d'oser. En affichant, par exemple, une cohérence affolante dans un pays où la plupart des bonnes séries (ainsi que pas mal de mauvaises) ne reviennent que tous les deux ou trois ans en effaçant les trois quarts des évènements passés de la mémoire collective. Du côté de Villeneuve, on n’a cure de ce genre de procédés faciles : on préfère se compliquer la tâche avec ce dernier arc qui, il faut le rappeler car cela rend sa maîtrise encore plus impressionnante, n’était pas prévu dans le projet initial (Un village français devait s’arrêter à la libération et ainsi ne faire que cinq ou six saisons). On préfère fouiller dans les limbes de la mémoire, avec beaucoup de talent malgré un recours parfois un peu répétitif aux flashbacks, en confrontant les personnages survivants à ce qu’ils étaient encore, avant ou aux balbutiements de l’Occupation. Par instants, c’est d’une beauté à pleurer, même - surtout - s’agissant de s’appesantir sur le destin de personnages aussi froids et antipathiques que Servier, voire Marchetti (irrécupérable jusqu’au bout, pourtant). Dire qu’il ne reste qu’une poignée d’épisodes, dont une moitié à consommer dans neuf ou douze mois (?)… à ce niveau de qualité narrative et de pertinence historique, elle pourrait bien durer encore dix ans que cela ne dérangerait probablement personne. Et Dieu sait que ce n’est pas le genre de choses que l’on souhaite habituellement, même aux meilleurs shows. Un Village baby boomer français, ç’aurait une certaine gueule, non ?
« J’ai pris plaisir à m’occuper des autres, à un moment où sans doute ça n’était pas possible de le faire bien. » : à pleurer, je vous dis.
... à part ça...
Voilà exactement pourquoi je continue à regarder You’re the Worst malgré les sentiments mitigés qu’elle peut parfois m’inspirer. Pour des scènes comme celle de la tarte (3x10, "Talking to Me, Talking to Me"), qui parviennent à me faire rouler-bouler sur mon canapé. Dans ce genre de moment, You’re the Worst est tout simplement la meilleure comédie de l’univers. Dieu sait pourtant qu’elle n’a rien de folichon, cette saison. Je ne suis même plus tout à fait à jour dessus. Mais quand je vois Lindsay décrypter ses pensées en mangeant de la tarte, impossible de me dire que je vais décrocher.
Je n'oublie la prise de note de Gretchen, bien sûr. Cette série ne serait rien sans Gretchen.
1. K-9 and Company ne dépassa pas le stade du pilote, Torchwood fut un véritable accident industriel avant de parvenir à produire de bonnes saisons, K-9 n’est pas une série officielle… quant à The Sarah Jane Adventures, elle ne doit sa réussite qu’à son côté extrêmement ciblé (et ne fut pas non plus le plus grand succès du siècle).