...
[Taux de spoil : 22,86 %] Il en va des séries comme de certaines inventions. On veut obtenir quelque chose, on s'en donne les moyens, on tend vers cet unique but... et on obtient tout autre chose, qui n'est pas forcément mieux ou moins bien - ce n'est simplement pas ce qu'on espérait obtenir au départ. Le feu d'artifice, le post-it ouLes Revenants en sont une bonne illustration.
Les Revenants, à la base, c'est quoi ? Si on était méchant, on répondrait un film très chiant. Qui partait d'une idée de départ magnifique (l'adaptation de la société au retour subit des morts, qui reprennent leurs existences au milieu de ceux qui en avaient fait le deuil) et n'en faisait absolument rien durant presque deux heures, à part du pseudo contemplatif ultra-cérébral et totalement creux. Un syndrome connu et bien identifié de nos services, celui du on va réinventer le genre en le vidant de tout ce qui fait ce qu'il est - plus communément appelé fausse bonne idée typiquement intello. Partant de là, c'est devenu une série. Qui ne ressemble heureusement pas vraiment au film, même si un peu, quoique pas vraiment. Et il est évident qu'il y avait matière à faire une bonne série, de même qu'il y a de toute façon matière à faire à peu près tout et n'importe quoi avec une aussi excellente idée de départ.
La particularité de cette série-ci, c'est cependant moins sa qualité que cette sensation diffuse, durant tout le visionnage, qu'elle échappe en permanence à ses auteurs, pour finir par ne ressembler à rien de ce qu'ils auraient voulu. Il y a bien des fondamentaux : des décors splendides (la région d'Annecy est une des plus belles de France) et une photographie au diapason, un score entêtant (probablement ce que Mogwai a proposé de mieux depuis des lustres - peut-être même depuis Come on Die Young), une narration solide malgré quelques incohérences qu'on aura la politesse de ne pas voir. A cela s'ajoute une distribution honnête même si inégale, une réalisation soignée, un des plus grands écrivains français vivants en guise de caution intellectuelle (Carrère, dont certaines scènes dégoulinent de la patte). Mais tout le reste, c'est-à-dire quasiment tout ce qui en fait une série au-dessus de la moyenne, semble relever du domaine de l'accident heureux. Plus étrange encore : c'est lorsque la série semble essayer d'être qu'elle est la plus faible. Par exemple lorsqu'elle essaie de faire peur (100 % d'échec). Ou lorsqu'elle tente le coup du cliffhanger final (presque toujours téléphoné, quand certains rebondissements à l'intérieur des épisodes sont en revanche redoutables). Ou bien lorsqu'elle essaie de faire comme dans les séries américaines (je ne pense pas uniquement au délire Walking Dead du final, dont il est probable que pas un spectateur ne soit aujourd'hui en mesure d'expliquer ce qu'il vient foutre dans l'histoire). Ou, plus évident encore peut-être : lorsqu'elle essaie de faire lynchien. Car si Les Revenants est souvent une série lynchienne, elle ne l'est quasiment jamais lorsqu'elle expérimente de grandes scènes zarbis à la Lynch, tout en l'étant régulièrement un peu par hasard, au détour d'un détail, d'un plan, d'une réplique. En somme Les Revenants est une série paradoxale, dont la séduction tient pour beaucoup à la difficulté qu'on éprouve dès lors qu'il s'agit de la classer. C'est une histoire de fantômes qui ne fait pas peur, mais qui pour autant se baigne dans une ambiance anxiogène et un brin malsaine. C'est une série à mystères dont on se surprend à prier constamment pour qu'aucun ne soit expliqué. C'est foisonnant et en même temps fluide, très travaillé tout en laissant parfois un sentiment d'inachevé, maîtrisé sans se priver pour autant de partir un peu dans tous les sens dans les trois derniers épisodes, métaphysique mais finalement assez superficiel... lent mais toujours un peu trop court.
Quant aux thèmes, ils suivent la même étrange (non ?)ligne directrice. Rarement on aura vu fiction aussi traversée par le deuil dans laquelle la douleur aura semblé aussi peu palpable. Il est des séries où tout semble faux ; dans Les Revenants, tout semble juste irréel, abstrait, jusqu'aux détails les plus solides. Comme cette manière qu'ont les revenants en question de se baffrer à longueur d'épisodes, instinctive, mécanique, à l'exact opposé de la place conviviale et bon enfant qu'occupe la nourriture dans une série comme Twin Peak (justement). Comme la manière dont ils baisent. Comme la manière dont chaque personnage, vivants inclus, agit. C'est en cela peut-être que Les Revenants est lynchienne, bien plus que dans une scène, au demeurant très prévisible, telle celle du barrage dans l'avant-dernier épisode. Dans le comportement décalé de ses héros, qui tout en évoluant dans un univers ressemblant à s'y méprendre au nôtre semblent parfaitement déconnectés de toute réalité - au point qu'on finisse rapidement par peiner à comprendre leurs (ré)actions. Présenter cette série comme "une histoire de revenants réaliste", ainsi que cela a été fait dans plusieurs articles, est sans doute dans le fond la pire des manières pour l'introduire. Car s'il est bien une chose que Les Revenants n'est jamais, c'est ancrée dans un quelconque réel 1. Au contraire, plus les épisodes passent et plus les notions de temps d'espace se diluent totalement - tandis que les personnages pour leur part sont à ce point surpris, choqués, acculés... par le retour des morts qu'ils perdent presque immédiatement tout sens du pragmatisme. Lorsque dans un épisode, l'un d'entre eux, pourtant en apparence des plus stupides, se décide à profaner une tombe... on a presque envie de l'embrasser. Enfin quelqu'un qui paraît avoir une réaction saine ! Enfin quelqu'un qui réagit comme nous voulons croire que nous réagirions. Depuis plusieurs épisodes déjà, les autres héros semblent loin. Partis. "Oh tiens ? Tu n'es pas mort, en fait ? Et sinon : tu veux un croissant avec ton café ?" La première réaction est de se dire que c'est absurde, que cette acceptation de l'inacceptable - les morts ne sont pas morts ! - est d'une facilité si déconcertante qu'elle constitue une faiblesse narrative. La vérité est exactement contraire : c'est l'une des forces de la série. D'une part parce qu'elle installe le système de manière rapide et efficace, et d'autre part parce qu'elle permet d'en dire bien plus sur les vivants que si ceux-ci s'étaient enfermés dans le déni. Dans le fond, quelle soit la personne/raison/puissance supérieure qui a fait revenir leurs défunts, elle leur a donné exactement ce qu'ils voulaient. Une série sur le deuil, Les Revenants ? Une série sur son absence, plutôt. Sur le deuil avorté. Le seul personnage qui avait réellement fait son deuil, en toute logique, se suicide quasiment à la minute où il comprend ce qui lui arrive. Tous les autres, sans exception, ne peuvent pas entrer dans le déni de ces résurrections pour la simple et bonne raison qu'ils sont déjà dans le déni du deuil initial. Et réagissent de fait plus par rapport à eux-mêmes et à leurs problématiques que par rapport à ces gens qui leurs sont rendus. Adèle trouve dans le retour de Simon, son fiancé décédé, un écho à ses propres angoisses à l'approche de son mariage ; Pierre détourne inconsciemment ces "résurrections" au profit de la justification de sa foi ; Léna semble n'éprouver à l'annonce du retour de sa sœur jumelle qu'une remise en cause violente de la personnalité qu'elle s'est construite en son absence ; Thomas, qui tient Adèle sous sa coupe, voit dans la réapparition de Simon une menace pour cet équilibre malsain ; Tony, qui a assassiné son frère, ne peut logiquement envisager son retour que comme un châtiment ; le père de Camille utilise la non-mort de cette dernière pour tenter de reconquérir sa femme comme s'il pouvait effacer les années de souffrance ayant suivi cette perte. J'oublie volontairement Julie, qui n'a pas perdu de proche et pourrait en toute logique agir de manière plus désintéressée... et voit en premier lieu dans ces évènements une explication à sa propre psychose.
Alors bien sûr, tout cela n'arrange pas vraiment mes affaires. Il a fallu que Canal nous sorte une série comme ça quelques mois seulement après mon article assassin sur sa politique en la matière. Pire, il faut désormais que je me retrouve d'accord avec les mêmes critiques que j'accusais il y a peu de constamment baisser leurs pantalons devant la chaîne cryptée, pantalon qu'ils n'avaient même pas encore eu le temps de remonter depuis la dernière - très mauvaise - saison d'Engrenages. Pire du pire du pire, j'en ai même été réduit à bondir en lisant certains commentaires ultra-négatifs sur le Net, en me disant que ces gens avaient, littéralement, de la merde dans les yeux (ou des a priori, ce qui est peut-être encore pire). Que voulez-vous ? Le Golb, c'est un sacerdoce, n'a lui jamais aucun a priori. Les Revenants n'est pas la meilleure série de l'année et certainement pas, comme ont pu l'écrire quelques excités, la meilleure série française de tous les temps qui va tout foutre en l'air et même qu'après la fiction hexagonale ne pourra plus jamais être pareille. Mais une très bonne série, oui. Clairement. En tout cas si l'on considère qu'une série se doit d'imposer un ton, un style et une atmosphère, avant toute autre chose. Et que lorsque ces trois conditions sont réunies, les défauts que l'on peut entrevoir ici ou là sont de toute façon secondaires.
Les Revenants (saison 1), créée par Fabrice Gobert, d'après le film de Robin Campillo (2012)
(1) On ne peut d'ailleurs qu'être étonné par les commentaires virulents qu'a immédiatement suscité le final sur le Net, sur le mode désormais bien connu du Bouh ! Quelle arnaque ! On a aucune réponse. D'une part, on se demande si ces gens ont déjà vu une série télé dans leur vie ; surtout : Les Revenants n'est jamais, pas une seconde durant ses huit épisodes, du côté de la rationalité. Pas un personnage, pas une scène qui ne puisse être qualifié(e) de rationel(le). L'on s'y berce au contraire constamment de symbolisme, de religion, on y exacerbe ses questionnements métaphysiques... bref tout l'inverse d'une série dont on devrait attendre des réponses didactiques à des questions basiques. Ne pas avoir intégré cette information en trois semaines et quatre-cent-seize minutes, c'est tout simplement ne rien avoir compris au show.
[Taux de spoil : 22,86 %] Il en va des séries comme de certaines inventions. On veut obtenir quelque chose, on s'en donne les moyens, on tend vers cet unique but... et on obtient tout autre chose, qui n'est pas forcément mieux ou moins bien - ce n'est simplement pas ce qu'on espérait obtenir au départ. Le feu d'artifice, le post-it ouLes Revenants en sont une bonne illustration.
Les Revenants, à la base, c'est quoi ? Si on était méchant, on répondrait un film très chiant. Qui partait d'une idée de départ magnifique (l'adaptation de la société au retour subit des morts, qui reprennent leurs existences au milieu de ceux qui en avaient fait le deuil) et n'en faisait absolument rien durant presque deux heures, à part du pseudo contemplatif ultra-cérébral et totalement creux. Un syndrome connu et bien identifié de nos services, celui du on va réinventer le genre en le vidant de tout ce qui fait ce qu'il est - plus communément appelé fausse bonne idée typiquement intello. Partant de là, c'est devenu une série. Qui ne ressemble heureusement pas vraiment au film, même si un peu, quoique pas vraiment. Et il est évident qu'il y avait matière à faire une bonne série, de même qu'il y a de toute façon matière à faire à peu près tout et n'importe quoi avec une aussi excellente idée de départ.
La particularité de cette série-ci, c'est cependant moins sa qualité que cette sensation diffuse, durant tout le visionnage, qu'elle échappe en permanence à ses auteurs, pour finir par ne ressembler à rien de ce qu'ils auraient voulu. Il y a bien des fondamentaux : des décors splendides (la région d'Annecy est une des plus belles de France) et une photographie au diapason, un score entêtant (probablement ce que Mogwai a proposé de mieux depuis des lustres - peut-être même depuis Come on Die Young), une narration solide malgré quelques incohérences qu'on aura la politesse de ne pas voir. A cela s'ajoute une distribution honnête même si inégale, une réalisation soignée, un des plus grands écrivains français vivants en guise de caution intellectuelle (Carrère, dont certaines scènes dégoulinent de la patte). Mais tout le reste, c'est-à-dire quasiment tout ce qui en fait une série au-dessus de la moyenne, semble relever du domaine de l'accident heureux. Plus étrange encore : c'est lorsque la série semble essayer d'être qu'elle est la plus faible. Par exemple lorsqu'elle essaie de faire peur (100 % d'échec). Ou lorsqu'elle tente le coup du cliffhanger final (presque toujours téléphoné, quand certains rebondissements à l'intérieur des épisodes sont en revanche redoutables). Ou bien lorsqu'elle essaie de faire comme dans les séries américaines (je ne pense pas uniquement au délire Walking Dead du final, dont il est probable que pas un spectateur ne soit aujourd'hui en mesure d'expliquer ce qu'il vient foutre dans l'histoire). Ou, plus évident encore peut-être : lorsqu'elle essaie de faire lynchien. Car si Les Revenants est souvent une série lynchienne, elle ne l'est quasiment jamais lorsqu'elle expérimente de grandes scènes zarbis à la Lynch, tout en l'étant régulièrement un peu par hasard, au détour d'un détail, d'un plan, d'une réplique. En somme Les Revenants est une série paradoxale, dont la séduction tient pour beaucoup à la difficulté qu'on éprouve dès lors qu'il s'agit de la classer. C'est une histoire de fantômes qui ne fait pas peur, mais qui pour autant se baigne dans une ambiance anxiogène et un brin malsaine. C'est une série à mystères dont on se surprend à prier constamment pour qu'aucun ne soit expliqué. C'est foisonnant et en même temps fluide, très travaillé tout en laissant parfois un sentiment d'inachevé, maîtrisé sans se priver pour autant de partir un peu dans tous les sens dans les trois derniers épisodes, métaphysique mais finalement assez superficiel... lent mais toujours un peu trop court.
Quant aux thèmes, ils suivent la même étrange (non ?)ligne directrice. Rarement on aura vu fiction aussi traversée par le deuil dans laquelle la douleur aura semblé aussi peu palpable. Il est des séries où tout semble faux ; dans Les Revenants, tout semble juste irréel, abstrait, jusqu'aux détails les plus solides. Comme cette manière qu'ont les revenants en question de se baffrer à longueur d'épisodes, instinctive, mécanique, à l'exact opposé de la place conviviale et bon enfant qu'occupe la nourriture dans une série comme Twin Peak (justement). Comme la manière dont ils baisent. Comme la manière dont chaque personnage, vivants inclus, agit. C'est en cela peut-être que Les Revenants est lynchienne, bien plus que dans une scène, au demeurant très prévisible, telle celle du barrage dans l'avant-dernier épisode. Dans le comportement décalé de ses héros, qui tout en évoluant dans un univers ressemblant à s'y méprendre au nôtre semblent parfaitement déconnectés de toute réalité - au point qu'on finisse rapidement par peiner à comprendre leurs (ré)actions. Présenter cette série comme "une histoire de revenants réaliste", ainsi que cela a été fait dans plusieurs articles, est sans doute dans le fond la pire des manières pour l'introduire. Car s'il est bien une chose que Les Revenants n'est jamais, c'est ancrée dans un quelconque réel 1. Au contraire, plus les épisodes passent et plus les notions de temps d'espace se diluent totalement - tandis que les personnages pour leur part sont à ce point surpris, choqués, acculés... par le retour des morts qu'ils perdent presque immédiatement tout sens du pragmatisme. Lorsque dans un épisode, l'un d'entre eux, pourtant en apparence des plus stupides, se décide à profaner une tombe... on a presque envie de l'embrasser. Enfin quelqu'un qui paraît avoir une réaction saine ! Enfin quelqu'un qui réagit comme nous voulons croire que nous réagirions. Depuis plusieurs épisodes déjà, les autres héros semblent loin. Partis. "Oh tiens ? Tu n'es pas mort, en fait ? Et sinon : tu veux un croissant avec ton café ?" La première réaction est de se dire que c'est absurde, que cette acceptation de l'inacceptable - les morts ne sont pas morts ! - est d'une facilité si déconcertante qu'elle constitue une faiblesse narrative. La vérité est exactement contraire : c'est l'une des forces de la série. D'une part parce qu'elle installe le système de manière rapide et efficace, et d'autre part parce qu'elle permet d'en dire bien plus sur les vivants que si ceux-ci s'étaient enfermés dans le déni. Dans le fond, quelle soit la personne/raison/puissance supérieure qui a fait revenir leurs défunts, elle leur a donné exactement ce qu'ils voulaient. Une série sur le deuil, Les Revenants ? Une série sur son absence, plutôt. Sur le deuil avorté. Le seul personnage qui avait réellement fait son deuil, en toute logique, se suicide quasiment à la minute où il comprend ce qui lui arrive. Tous les autres, sans exception, ne peuvent pas entrer dans le déni de ces résurrections pour la simple et bonne raison qu'ils sont déjà dans le déni du deuil initial. Et réagissent de fait plus par rapport à eux-mêmes et à leurs problématiques que par rapport à ces gens qui leurs sont rendus. Adèle trouve dans le retour de Simon, son fiancé décédé, un écho à ses propres angoisses à l'approche de son mariage ; Pierre détourne inconsciemment ces "résurrections" au profit de la justification de sa foi ; Léna semble n'éprouver à l'annonce du retour de sa sœur jumelle qu'une remise en cause violente de la personnalité qu'elle s'est construite en son absence ; Thomas, qui tient Adèle sous sa coupe, voit dans la réapparition de Simon une menace pour cet équilibre malsain ; Tony, qui a assassiné son frère, ne peut logiquement envisager son retour que comme un châtiment ; le père de Camille utilise la non-mort de cette dernière pour tenter de reconquérir sa femme comme s'il pouvait effacer les années de souffrance ayant suivi cette perte. J'oublie volontairement Julie, qui n'a pas perdu de proche et pourrait en toute logique agir de manière plus désintéressée... et voit en premier lieu dans ces évènements une explication à sa propre psychose.
Alors bien sûr, tout cela n'arrange pas vraiment mes affaires. Il a fallu que Canal nous sorte une série comme ça quelques mois seulement après mon article assassin sur sa politique en la matière. Pire, il faut désormais que je me retrouve d'accord avec les mêmes critiques que j'accusais il y a peu de constamment baisser leurs pantalons devant la chaîne cryptée, pantalon qu'ils n'avaient même pas encore eu le temps de remonter depuis la dernière - très mauvaise - saison d'Engrenages. Pire du pire du pire, j'en ai même été réduit à bondir en lisant certains commentaires ultra-négatifs sur le Net, en me disant que ces gens avaient, littéralement, de la merde dans les yeux (ou des a priori, ce qui est peut-être encore pire). Que voulez-vous ? Le Golb, c'est un sacerdoce, n'a lui jamais aucun a priori. Les Revenants n'est pas la meilleure série de l'année et certainement pas, comme ont pu l'écrire quelques excités, la meilleure série française de tous les temps qui va tout foutre en l'air et même qu'après la fiction hexagonale ne pourra plus jamais être pareille. Mais une très bonne série, oui. Clairement. En tout cas si l'on considère qu'une série se doit d'imposer un ton, un style et une atmosphère, avant toute autre chose. Et que lorsque ces trois conditions sont réunies, les défauts que l'on peut entrevoir ici ou là sont de toute façon secondaires.
Les Revenants (saison 1), créée par Fabrice Gobert, d'après le film de Robin Campillo (2012)
(1) On ne peut d'ailleurs qu'être étonné par les commentaires virulents qu'a immédiatement suscité le final sur le Net, sur le mode désormais bien connu du Bouh ! Quelle arnaque ! On a aucune réponse. D'une part, on se demande si ces gens ont déjà vu une série télé dans leur vie ; surtout : Les Revenants n'est jamais, pas une seconde durant ses huit épisodes, du côté de la rationalité. Pas un personnage, pas une scène qui ne puisse être qualifié(e) de rationel(le). L'on s'y berce au contraire constamment de symbolisme, de religion, on y exacerbe ses questionnements métaphysiques... bref tout l'inverse d'une série dont on devrait attendre des réponses didactiques à des questions basiques. Ne pas avoir intégré cette information en trois semaines et quatre-cent-seize minutes, c'est tout simplement ne rien avoir compris au show.