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Channel: LE GOLB
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King Midas in Reverse

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En me réveillant ce matin, je n'ai pas attrapé mon flingue. J'ai juste allumé la radio, ce qui revient plus ou moins au même. J'ai checké vite fait mes mails, vu que tous mes projets du jour tombaient à l'eau, râlé en me disant que cette journée ne pouvait pas plus mal démarrer. Et puis j'ai entendu que James Gandolfini venait de mourir. Et j'ai subitement trouvé tout cela bien relatif. Comme plein de gens j'imagine, aussi étrange que celui pourra paraître au non-initié.

Entendons-nous bien : je n'ai à peu près rien à foutre de James Gandolfini. Comme tout le monde. Je ne l'ai pas vu dans grand-chose, ces dernières années, et lorsque ce fut le cas je l'ai toujours trouvé assez quelconque. A l'instar de nombreux acteurs de séries télévisées, Gandolfini n'était pas un immense comédien, juste un type ayant su à un moment M faire absolument corps avec un personnage P, l'incarner jusqu'à en devenir absolument indissociable. Je n'ai pas été ému plus que de raison par le décès d'un type d'à peine une cinquantaine d'années, récemment père, visiblement super sympa et aimé de tous. C'est triste, mais plein de gens comme ça meurent chaque jour, exactement de la même manière - et qu'est-ce qu'on s'en fout, finalement ? Des James Gandolfini, il y en a des millions. Il n'y avait qu'un seul Tony Soprano.

C'est justement sur cette ambiguïté que reposa en grande partie le succès interplanétaire (et imprévisible. Et imprévu) de ce qui reste pour beaucoup la plus grande série de tous les temps. Tony Soprano n'est pas un héros - ni même un antihéros - comme les autres. Il a quelque chose d'une figure mythique et, dans le même temps, ressemble à chacun d'entre nous. Plus et mieux qu'aucun autre personnage de fiction des vingt ou trente dernières années, il a incarné une certaine idée de la société occidentale, middle-class, fragile, angoissée par le temps qui passe et l'avenir de ses enfants. Faussement insouciante - totalement dépressive. Dans le fond, peu importe qu'il ait été un mafieux : il était des nôtres, nous comprenions ses peines, et ses explosions de violence, au sein d'un univers qui ne les remettait que rarement en question, inspiraient tendresse et compassion. Pourriture absolue, il parvenait à obtenir les excuses, l'affection et l'empathie d'un public qui plus tard n'aura pas la même sympathie pour un Vic Mackey ou même un Walter White, glorieux descendants qui pourtant n'effleurèrent jamais les nuances d'un Tony inspirant autant de sympathie que de crainte, dont on avait également envie et peur de l'avoir pour bon pote. Si David Chase est sans conteste un grand auteur et si presque tous les scénaristes des Sopranoétaient virtuoses, ceci n'aurait en revanche jamais été possible sans le jeu tout en nuances de Gandolfini, sa capacité à basculer en une fraction de seconde la bonhommie à la brutalité, sa stature imposante alors même qu'il n'était pas si grand que cela, sa gestuelle et bien sûr cette voix qui résonne encore à l'oreille des fans de séries du monde entier : "If you can quote the rules, then you can obey them". Joué par un autre, Tony Soprano aurait pu n'être qu'un personnage comme un autre. Joué par le jovial Gandolfini il devenait un personnage à la popularité jamais égalée dans une série supposément "d'auteurs", qui connut de fait un succès dépassant de loin le public auquel une autre figure l'aurait destinée ; au-delà de tout le reste (qualités des scenarii ou apport considérable au genre), Tony et sa série sont devenus l'incarnation vibrante, parfois sauvage et souvent souffreteuse, de toutes les contradictions d'un peuple qui fit de lui l'une des plus grandes icônes de la fiction moderne. Un personnage tel que - attention spoiler -  son créateur finit par renoncer à lui inventer une destinée, laissant son histoire en suspens pour l’Éternité. Car c'est aussi ça, au-delà du reste, la mort de James Gandolfini : la confirmation que cette fois-ci, Tony Soprano est bel et bien mort. Et que même si c'était une belle ordure, on ne pourra pas s'empêcher de le pleurer.




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