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[GOLBEUR EN SÉRIES II] Semaines 3 & 4

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AMERICAN HORROR STORY : COVEN C'est génial. Que voulez-vous que je vous dise de plus après seulement un épisode ? Il y a une esthétique (comme d'hab), une atmosphère (comme d'hab), Jessica Lange (comme d'hab), une réalisation impressionnante (encore plus que d'hab), Kathy Bates (pas comme d'hab, et youpi), ainsi qu'un vagin tueur (pas comme d'hab, et c'est bien cool). S'il n'était pas devenu illégal d'utiliser le mot dans un article depuis 1980, on pourrait sans doute parler de Maelström. Ryan Murphy, président !

Où l'on se rappelle que 'pirouette cacahuète'était la chanson la plus gore de notre enfance.

THE CRAZY ONES Il est bon aussi que certaines choses ne changent pas. Avec The Crazy Ones, David E. Kelley fait une fois plus preuve d'une fidélité à lui-même à tout épreuve ; on sait depuis longtemps que s'il peut s'avérer l'un des auteurs les plus drôles qui soient au sein de dramas, il se ridiculise plus ou moins toujours lorsqu'il s'attaque au registre de la comédie pure. Problème de timing, peut-être, même si en l'occurrence son association avec un acteur en pré-retraite et une chômeuse de longue durée ne présageait de toute façon rien de bon. Si Monday Mornings avait été l'une des bonnes surprises de l'année dernière, The Crazy Ones reprend les aventures de David Kelley là où les avaient laissée le foireux Harry's Law : en plein recyclage de déchets de ses shows des années quatre-vingt-dix (toujours aussi engagé et citoyen, le Dave). Le pire c'est que même si Robin Williams est devenu une parodie de lui-même depuis au moins Mrs Doubtfire, même si le reste du casting patauge, même si ce n'est franchement pas très drôle... on risque bien de continuer à regarder un petit moment. Parce qu'on sait qu'avec David Kelley, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise, d'un revirement subit, d'un coup de génie ou d'un épisode hors-normes.

HOMELAND (saison 3) Difficile de garder à l'esprit que ce truc mou et bourré de clichés était (quasiment) ce qui se faisait de mieux en matière de séries mainstreams il y a seulement deux ans. On ne sait pas où ça va, on lutte contre l'ennui, on rit devant certaines ficelles épaisses comme des poteaux téléphoniques... et l'on sursaute lorsque l'on note que les thuriféraires du show parviennent encore à trouver des excuses, sur le mode "ce n'est que le début, vous allez voir ce que vous allez voir". Ah. Bon. Apparemment, personne ne leur a dit que c'était déjà la troisième saison de Homeland et que l'indulgence due à un feuilleton balbutiant n'était plus tout à fait de mise à ce stade. Dans tous les cas, bon courage aux héros qui auront la patience d'attendre qu'il se passe enfin quelque chose dans une fiction qui semble plus que jamais n'avoir rien à dire. Moi, je les retrouve en fin d'année, quand tous les épisodes seront sortis et que je pourrais sauter les scènes chiantes en toute liberté.

HOSTAGES ... ou comment étirer un scénario de mauvais téléfilm sur une saison entière - en admettant bien sûr qu'elle ne soit pas annulée avant. CBS n'ayant pas la gâchette aussi facile qu'une ABC ou une FOX, il y a cependant de bonnes chances pour que cette histoire totalement improbable tienne jusqu'en juin. Heureusement ou malheureusement, avouons qu'on ne sait pas trop tant les premiers épisodes laissent pour le moment perplexe. Jamais déplaisante, Hostages est tout de même assez loin de l'excellence et se repose surtout beaucoup sur son casting XXL (à la tête duquel rayonne une Toni Colette impeccable en chirurgienne-mère-de-famille-badass). Dans l'immédiat, c'est suffisant pour donner envie d'y revenir. Il va cependant tout de même falloir se décider à écrire un scénario au bout d'un moment, deux ou trois bonnes trouvailles par épisodes ne suffisant pas à tenir en haleine durant des semaines. Allez tenez, un petit pari pour le fun : d'ici Noël et face à la chute des audiences, la prise d'otages va se terminer et la série partir sur tout autre chose, entrant ainsi dans le club très fermé des shows dont le titre n'a rien à voir avec le sujet.

Dylan McDermott a failli gagner son concours de charisme avec Toni Colette. Pas de bol, il a ouvert la bouche et tout s'est effondré.

PLATANE (saison 2) Vous savez qu'il est très rare que je parle de la même série dans deux Golbeur en séries consécutifs. Si j'en remets un petite, vite fait et bien fait, c'est avant tout parce que vous me faites beaucoup de peine à essayer de regarder les pilotes des nouveaux sitcoms US. La meilleure comédie de la rentrée, elle est là, bordel. Un truc où l'on frotte des enfants au Vicks Vaporub, où l'on essaie d'inséminer sa femme à la hussarde avec le sperme d'un autre, où la trisomie 21 représente "le maximum de la trisomie, quoi" et où la rédemption se fait rien moins qu'en traversant le Styx. Après une première saison efficace et un peu inégale, Éric Judor et son petit nez en trompette ont réussi leur pari : leur égo surdimensionné et leur bêtise crasse sont devenues des références.

SLEEPY HOLLOW Quelle déception ! Alors que tout dans son pilote indiquait que la nouvelle série des neuneus de Fringe (renforcés pour l'occasion par Len "Underworld" Wiseman, quelle équipe !) allait s'avérer être le good bad show de l'année... voici qu'au bout de seulement quelques épisodes, on se retrouve obligé de reconnaître que Sleepy Hollow est d'ores et déjà l'une des séries les plus sympas de la rentrée. Avec une bonne paire de héros, une mythologie qui roule toute seule (et a de surcroît la politesse de ne pas mettre une saison à s'installer, contrairement à dans Vous Savez Quoi), une réalisation soignée et un second degré de bon aloi... certes, on ne comprend pas très bien ce que la référence à l’œuvre de Washington Irving vient faire dans cette histoire tant l'intrigue est à des années lumière de la nouvelle (ou du film) du même nom, il n'empêche que sous ses airs d'archi-déjà-vu, Sleepy Hollow propose du solide et du cool. Supernatural ayant de toute façon totalement lâché rampe depuis un ou deux ans, on ne va pas se plaindre de retrouver un monster of the week digne de ce nom.

Mieux vaut tard que jamais

Les séries s'entassent, les noms s'empilent, et la rentrée finit toujours par arriver trop tôt. Le show qu'on s'était promis de voir durant l'été a eu le temps de s'achever, puis de prendre de la poussière, puis de disparaître de votre mémoire. C'est nul. Particulièrement lorsque son premier épisode ne dit pas grand-chose de la pépite à laquelle vous avez affaire.


Bien avant ce blog, d'autres ont donc déjà dit qu'Orphan Black, petit show canadien ne payant pas de mine et diffusé sur une (très bonne) chaîne que personne ne regarde, était l'une des belles surprises de la fin de la saison dernière. Étant impossible d'avoir toujours un coup d'avance, Le Golb se contentera pour une fois de joindre sa voix au concert de louanges entourant une série étonnante portée par la prestation EXCEPTIONNELLE d'une jeune comédienne de vingt-sept ans (Tatiana Maslany) principalement connue jusqu'alors pour des teen dramas insipides bouchant les grilles d'été des chaînes françaises. Et ce n'est pas la seule qualité de la série, loin de là : si Orphan Blackétonne, c'est aussi parce qu'elle réunit toutes les qualités d'un grand feuilleton, de l'écriture au taquet en passant par l'univers dessiné avec habileté et les cliffs vous scotchant devant votre écran. D'une prodigieuse efficacité, elle devient incroyablement addictive passé le troisième ou quatrième épisode, au point qu'il est presque impossible de ne pas avaler toute la saison d'un coup (précisons qu'une fois n'est pas coutume, ce n'est pas une façon de parler : j'ai bel et bien dévoré les sept dernières épisodes - sur dix ! - en une seule nuit... ce qui ne m'était plus arrivé depuis des années...) Le tout en racontant, c'est toute l'ironie de la chose, une histoire n'ayant rien de très original, parfois même un tantinet prévisible. Pourquoi ? Comment ? Parce que le casting est impeccable, parce que le rythme est parfait... parce qu'on y croit instantanément et que, de même que l'on oublie rapidement que plusieurs personnages sont joués par la même actrice, on se laisse tellement embarquer qu'on ne voit quasiment plus les ficelles scénaristiques. J'aime pas ce mot, mais soignons lucide : c'est un must.


Julien Gasc - Fixe-toi avec Michou

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L'anecdote est restée au chaud dans les tiroirs des gazettes durant presque cinquante ans : à la fin de l'année 1967, Michel Polnareff, écœuré de voir que le public préférait "Y'a qu'un ch'veu" ou "Roi des fourmis", sombra momentanément dans l'héroïne et décida de suicider sa carrière en publiant l'album le plus rock'n'roll de toute l'histoire de la chanson française. Enfermé dans son sous-sol durant six longues semaines, bourré comme un docker nord-ukrainien la majeure partie du temps, il se lança dans des expériences limites avec son dictaphone, tenta trois fois de mettre fin à ses jours, et enregistra une douzaine de chansons hululées faux de la première à la dernière note. Sans le savoir, il s'apprêtait à inventer la lo-fi, traumatiser la scène psychélique et publier The Mapcap Laughs un an avant Syd Barrett. Las : à la différence du futur ex-leader du Floyd (dont il n'avait jamais entendu parler alors), Michel ne prit pas sa dose pour dire "Fuck". Conservant ses neurones intacts et, au matin du Nouvel An 68, ne put que constater que son chef-d’œuvre ne lui permettrait jamais de finir vieux, bronzé et grotesque. Il se jura donc de ne jamais publier ces bandes mais, comme un père attaché malgré tout à son fils hydrocéphale, ne put se résoudre à les détruire. Il se contenta de les mettre au coffre, faisant jurer à son manager que même après sa mort, personne n'entendrait jamais le VRAI album Polnarévolution.


La promesse fut tenue jusqu'à il y a quelques mois, et là je me dis qu'il va vraiment falloir m'arrêter avant que Polnareff ne m'intente un procès (oui, hein ? Vous aussi vous êtes en train de vous dire que ce serait tout à fait son genre ?) Au moins cette petite introduction (fictive : n'allez pas traîner sur filestube et autres what.cd pour essayer de trouver le disque dont je vous parle) aura-t-elle eu le mérite de planter le décor d'un ouvrage qui... comment dire ? Disons que même en connaissant déjà les exactions du dénommé Julien Gasc au sein des barjots d'Aquaserge, et même sûrement en s'étant déjà fixé avec Michou Polnareff, Cerf, Biche & Faon surprend, désarçonne et enthousiasme. Ou irrite, c'est selon - mais ici, c'est clair, ce genre de truc enthousiasme. Entre les morceaux chouinés faux à vous faire passer Burgalat pour un chanteur lyrique, ceux ânonnés un chewing-gum dans la bouche, les agressions garage totalement gratuites, les trucs acoustiques dont on n'est jamais sûr qu'ils devront être pris au premier degré, les pompages éhontés et/ou de mauvais goût... il y a beaucoup à boire, trop à manger, et même pas mal de rab sur un album qui fait passer par à peu près tous les états mais ne lasse que très difficilement. Autant le dire, on sourit très franchement lorsque surgit le meilleur titre de cet espèce de truc assemblé de bric et de broc, "Infoutu de", qui chante des trémolos dans la voix de fausset rien moins que l'inadaptation - un sujet dont on imagine qu'il touche toute personne s'étant déjà retrouvée à écouter Aquaserge à trois heures du matin en terminant une quelconque bouteille (coupable, Votre Honneur). On reste dans la même lignée, en plus branchée chanson : celle d'une pop secouée mais bien plus sérieuse qu'elle en l'air, plus psyché de par son in-conformité aux codes étriqués du rock français que par véritable choix artistique. Cousin pouilleux de Polna (donc) ou d'Yves Simon (voir "Canada"), Cerf, Biche & Faon ne dépareillerait pas forcément au milieu de ces grands noms, dans un monde où la variété deluxe saurait être appréciée à sa juste valeur, et où Jean-Jacques comme Jenny ne s'effraieraient pas d'un peu trop de reverb ou de disto. Après tout, l'excellente "La Boucle", ce n'est jamais que du Strokes garage-pour-de-vrai, de la rythmique à la scansion en passant par le texte génialement naïf ("Ma bouche sans toi / N'existe pas / Ma bouche sans toi / Se refermera"). Encore faut-il réussir à tomber dessus, ce qui sera sans doute difficile dans le cas d'un album édité à cent-vingts pauvres copies (ce qui, certes, fait toujours cent-vingts de plus que pour le chef-d’œuvre inconnu de Michel). Autant dire que vous avez tout intérêt à vous grouiller de passer vos précommandes, au risque de passer à côté d'un des disques les plus farfelus - donc attachants - qui aient aient été chroniqués dans ces pages ces derniers mois. Sinon vous ferez comme tout le monde : vous attendrez la réédition toute nulle avec les démos. Ce qui frôlerait le pléonasme, autant que Cerf, Biche & Faon frôle parfois le génie.



Cerf, Biche & Faon, de Julien Gasc (2000 Records, 21/10/13)

Tirez sur le lézard moqueur

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Je suis un lézard. Je parie que vous ne le saviez pas. C'est vrai que je cache bien mon jeu. J'essaie de rester de discret, ce qui selon la plupart des mes proches est tout à mon honneur. Et pourtant : je suis un lézard. En fait, pour être exact, je suis mi-homme mi-lézard. C'est une des raisons pour lesquelles j'essaie de faire profil bas. Mon amoureuse a été affirmative : ce n'est pas du tout excitant, de fréquenter un type mi-homme mi-lézard. Alors moi, bête et discipliné, je ne dis rien.

Il n'empêche que je suis un lézard, au fond de moi. Je le sens chaque matin en me levant. Particulièrement lorsque j'allume la radio. J'écoute les infos du jour, les bras m'en tombent, et pourtant aussi invraisemblable que cela puisse paraître : je continue à avoir des bras. Ma nature n'est par conséquent un mystère pour personne. Tenez encore, l'autre matin : j'entends que Nadine Morano va porter plainte contre Guy Bedos. Il l'a traitée de "conne". De "salope". On se demande où il a été chercher des trucs pareils. On sent que Guy Bedos, c'est un poète. Un type qui ne voit pas les mêmes choses que nous. Comme ça, sans mot dire, sans entraînement, à brûle-pourpoint ou presque, il a réussi à deviner que Nadine Morano était une "conne". Je n'ai pas honte de dire qu'après l'avoir vue des dizaines de fois à la télé, avoir lu des centaines d'interviews d'elle, l'idée ne m'avait jamais - je dis bien : jamais - effleuré. Nadine Morano, une conne ? Et puis quoi, alors ? Jean-Pierre Coffe, un chauve ? Dingue, ce Guy Bedos. A soixante-dix-neuf ans, il rappelle à ceux qui en douteraient que son chiard n'est qu'une pale copie, un succédané, un vulgaire Oasis quand Guy, lui, est tous les Beatles dans le même corps.

Bref.

Nadine Morano va donc porter plainte. Bizarrement ça, Guy ne l'a pas vu venir. Elle a pourtant déjà porté plainte contre des commentaires Youtube. On se doute que Guy Bedos himself, c'était le genre de chose qu'elle n'allait pas laisser passer. Peut-être d'ailleurs l'avait-il anticipé. Il l'a insultée en connaissance de cause. Ou bien n'a pas pu faire autrement parce qu'il est ce qu'il est, comme je suis ce que je suis, comme nous tous sommes ce que nous sommes. Guy, ça fait trente, quarante ans qu'il gagne sa croûte en traitant la moitié des femmes de la planète de connes, et l'autre moitié de salopes. Allez savoir si cela ne lui pas échappé ?


Peu importe. Personnellement, je comprends Nadine Morano. Si Guy Bedos me traitait de salope, je n'aimerais pas non plus. Je ne porterais sans doute pas plainte - je ne suis pas un lézard procédurier - mais il est certain que je passerais un mauvais moment. Je soûlerais tout le monde avec ça. Et mon amoureuse me dirait que je fais un peu chier (ce qui signifierait donc que je fais en réalité beaucoup chier : nous parlons tout de même d'une femme qui accepte que je sois un lézard, ça vous pose la Nana). Ce qui m'a beaucoup plus étonné, c'est que Jean-François Copé, Benoist Apparu et tant d'autres aient immédiatement tweeté (parce que de nos jours le communiqué de presse n’existe plus : on tweete. Et on réfléchit après) que dites donc, quand c'est la Gauche qui a des propos sexistes à l'encontre de la Droite, on n'entend pas beaucoup les proverbiaux "donneurs de leçons". Ah ça, c'est quelque chose dont je ne me lasserai jamais : cette Droite qui passe son temps à donner des leçons à sa Gauche en la traitant, précisément, de "donneuse de leçons". Il y a là une beauté un peu abstraite, et surannée tant elle rappelle la belle époque de Sarkozy, qui continuera toujours de m'émouvoir. C'est malheureusement la seule chose dont je ne me sois pas lassé, en politique. Pour le reste, j'ai haussé les épaules - un geste d'autant moins spectaculaire que les bras venaient de m'en tomber. Comprenez-moi : voici que ni plus ni moins, Copé, Apparu et des dizaines d'autres comparaient, sans rire, les insultes de Guy Bedos à la fameuse affaire dite du"caquètement", qui avaient vu des députés UMP (mal) imiter le cri de la poule tandis qu'une députée de la Majorité prenait la parole. On avait parlé, alors, de sexisme ordinaire, de beauferie, de pauvres gars alcoolisés dans l'exercice de leurs fonctions. A raison.

C'est à ce stade de mon récit que les bras m'en sont tombé deux fois. Croyez-moi, même lorsque vous êtes un lézard, c'est un moment douloureux. Comment pouvait-on, même avec la plus grande mauvaise foi de l'univers, rapprocher les deux anecdotes ? Comment pouvait-on mettre sur un pied d'égalité devant l'outrage, d'un côté les propos d'un humoriste au cours d'un spectacle sinon privé, du moins payant, donc restreint ; et de l'autre, le comportement pitoyable de représentants de la nation élus, nourris - et alcoolisés - par nos impôts, censés donner une certaine image de la République ? La réponse : on ne pouvait pas, on ne peut pas, on ne pourra jamais. Dans l'absolu. Dans le monde merveilleux des gens ayant deux sous de cervelle. Rien à voir avec le fait d'être de droite, de gauche, du centre ou même du respecté Parti des Lézards. Il s'agit là de pur bon sens. Il s'agit là de faire fonctionner ses neurones durant plus de quatre secondes.

Ces dernières semaines, on m'a beaucoup demandé pourquoi il n'y avait plus d'éditos politiques sur ce blog. Certains, parmi les plus taquins, osaient même dire que je m'étais ramolli depuis que la Gauche était au pouvoir. Point du tout. Si j'avais la force de prendre le clavier pour en parler, je vous dirais pis que pendre de ce gouvernement pitoyable, versatile, peut-être pas aussi navrant que le précédent mais au moins aussi fumiste et incompétent. Je foudroierais Fleur Pellerin, je vomirais Valls, je prendrais Vincent Peillon en levrette. Seulement voilà : je suis fatigué. Et cette pseudo polémique, rapprochant deux évènements absolument incomparables pour quiconque s'autorise la lucidité et le sens commun plus de quatre minutes par jour, vous dit pourquoi, de manière plus juste et plus troublante qu'un long discours. Je suis fatigué parce que rien ne change, parce que ce sont toujours les mêmes débats stériles, parce que ce sont toujours les mêmes âneries qui occupent le devant de la scène tandis qu'en coulisse, le monde que nous connaissions continue de s'effriter. Je suis fatigué et je n'ai plus envie de me battre, de m'indigner, de m'insurger. Je suis fatigué parce que rien n'a changé dans ma vie : j'ai toujours une santé précaire, un travail déprimant, une vie nulle. Tout le monde s'en fout. Et je ne suis pas assez mégalo pour croire que tout le monde devrait s'en préoccuper. Ce qui est sûr en revanche, c'est que je le suis suffisamment pour ne plus avoir envie de me préoccuper de tout le monde. J'ai envie de consacrer le peu d'énergie que mon corps parvient encore à contenir aux gens que j'aime, aux choses qui parviennent encore à m'exciter - certainement pas à me battre. J'ai envie d'être égoïste - donc de penser aux autres, à ceux qui le méritent, plutôt que de gaspiller mon énergie à défendre des principes qui emmerdent tout le monde et des valeurs qui n'intéressent personne. Je n'ai pas perdu mon humanisme, loin de là. J'ai juste envie de l'appliquer au quotidien plutôt que de disserter à son sujet. Avec mes amis. Avec ma famille. Même avec mon amoureuse, qui pourtant me rejette parfois, lorsqu'elle se rappelle que je suis mi-homme et mi-lézard. Voilà tout.

Oh et sinon : Nadine Morano est une grosse conne, de surcroît démago, de sur-surcroît vulgaire, de sur-sur-surcroît bête à bouffer du foin. Alors, elle est où, cette convoque ?

"Et après quoi ? J'aurais dû me pendre avec une corde de banjo ?"

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Dix ans plus tard, ma théorie n'a jamais été confirmée. Ni infirmée, ce qui quelque part m'arrange bien. Si je devais l'avoir en face de moi, je ne suis pas certain que j'aurais envie de poser à Ryan Adams des questions sur ce disque particulier. Parce que ce n'est pas celui qui me passionne le plus dans sa discographie - bien évidemment. Mais aussi parce que savoir trop de choses sur certains œuvres ont tendance à empiéter sur notre imaginaire d'auditeur. Et que celui-ci doit prévaloir. Plus que tout.

Flashback. Nous sommes à l'automne 2003 et Ryan Adams est en train de devenir énorme. Aux USA, surtout. Ailleurs aussi, un peu. Suffisamment pour se taper des doubles pages dans la presse de chez nous, quand nous devions être environ deux cents à savoir qui il était seulement trois ans plus tôt. La notoriété va en grandissant et, fait rare et destiné à l'être de plus en plus, il n'y a pas d'autre raison à cela qu'une succession d'albums de grande classe, de concerts déments... tout ce qui n'existe plus tellement aujourd'hui. Adams ne le sait pas alors - ni nous - mais il sera de la dernière génération d'artistes à réussir à s'imposer au grand public sans être marketés à l'extrême. Quatre petites années après le split de Whiskeytown, qui fit de lui le chouchou des amateurs d'indie ricain, il s'est contenté d'enquiller les chansons géniales, publiant coup sur coup trois disques solo tutoyant régulièrement la grâce (Heartbreaker, Gold et Demolition), sans oublier une pelletées d'ouvrages non-officiels faisant le miel des pirates du net (The Suicide Handbook, The Swedish Sessions, Exile on Franklin Street, 48 Hours, Ryan Adams & The Pinkhearts... liste non-exhaustive). En un claquement de doigt, il est devenu le nouveau prince du folk-rock, s'est fait adouber par Dylan et Emmylou Harris, a été choisi comme égérie de GAP et, accessoirement, goûté à la came. Les fans de folk du monde entier attendent avec impatience la suite de Gold, qui l'a imposé depuis 2001 en nouveau Springsteen. Demolition (2002), peu enclin à les brosser dans le sens du poil, ne les a pas le moins du monde découragé. Adams a vingt-huit ans, est connu pour son tempérament versatile, il a l'excuse de la jeunesse. On annonce après tout, sous peu, un nouvel album dont le seul titre suffit à exciter : Love Is Hell. Au final un EP lugubre (la version longue ne paraîtra que quelques mois plus tard) que personne n'écoutera sur le coup, puisque publié le même jour que Rock'n'Roll - cet album de la discorde. Celui qui fit faire la moue aux critiques. Celui à cause duquel on commença à murmurer que le jeune homme s'éparpillait. Rock'n'Roll qui va immédiatement se répandre comme une traînée de poudre auprès du mauvais public, les fans de variété et les auditeurs des college radios. Rock'n'Roll et son tube power-pop FM (et encore, on est gentil de le qualifier ainsi) "So Alive", porté par un invraisemblable falsetto et des lyrics - comment vous dire ? L'idéal est encore de l'écouter.



La power-pop a bien sûr toujours hanté Adams. Dès Whiskeytown, on en trouve déjà quelques illustrations. Le mec est un inconditionnel de Big Star, des Replacements, des artistes aujourd'hui cités en exemple mais dont on oublie que, fut un temps, ils faisaient rire les gens sérieux. Ou les simples amateurs de rock. Après une écoute, partout, et particulièrement en France où le genre n'a jamais été apprécié à sa juste valeur, le couperet tombe. Définitif : Rock'n'Roll sera cet album fumiste n'ayant pas même la politesse de sonner un tant soit peu... rock'n'roll. Un truc indigent, commercial, rendant plus souvent hommage à Bon Jovi qu'à Paul Westerberg, dont la seule raison d'être serait de payer les factures d'un songwriter parfaitement conscient que son Love Is Hell crépusculaire, principalement joué au piano et délayé dans une prod brumeuse, ne rapportera pas un kopeck. La blague est pourtant là, énorme : il suffit de lire ces titres pas possibles, "Note to Self : Don't Die", "Drugs Not Working", "Luminol". Rock'n'Roll n'est pas un album sérieux. C'est un disque qui se fout de la gueule du monde, mais au sens noble du terme. A ses copains les Strokes, le Ryan envoie d'emblée une de ces boutades dont il a le secret, lui dont on a souvent mal perçu le goût pour l'ironie et le second degré : "Don't waste my time : this is IT!", braille-t-il sur le morceau inaugural et premier single d'un album que l'on peut bel et bien lire simultanément comme a) un bras d'honneur à la critique voulant faire de lui un folkeux à mèche romantique ; et b ) une parodie goguenarde de la scène revival rock (on parle alors, encore, des fameux "groupes en THE"). Des mecs qui ont plus souvent les bonnes fringues que le bon son, les références qui font bien plutôt que les chansons qui font mal. Exactement comme ce Rock'n'Roll qui oublie la mention FM, pour la promo duquel Adams posera ridiculement maquillé et grimé comme s'il était la nouvelle star émo en vogue. Il faut revoir les photos de l'époque, elles valent le détour. Difficile de croire qui quiconque ait réellement pu prendre ça au sérieux. Difficile d'imaginer que des critiques éclairés aient réellement pu envisager que le kid poignant de Heartbreakerétait devenu ce mec en l'espace de seulement deux ans et demi.


La réalité de l'album est sans doute, bien sûr... évidemment plus complexe que cette vision à peu près aussi paresseuse que le texte de "1974" (et tous les lyrics de Rock'n'Roll, à vrai dire). Adams aime sans doute sincèrement cette musique que personne ne comprend, pop en ce qu'elle parle effectivement plus au peuple qu'aux journalistes et aux branchés. Mais il faudrait être profondément stupide pour croire que le songwriter, qui a plus qu'à son tour fait montre de ses connaissances en matière de musique populaire, a jamais sérieusement envisagé de faire de Rock'n'Roll un vrai disque de rock'n'roll dans lequel il enverrait la purée et le groove. On parle tout de même de l'auteur de "Shakedown on 9th Street", meilleur morceau que les White Stripes aient jamais omis d'écrire. A vrai dire, tout sur Rock'n'Roll pue le cliché et la plaisanterie à la limite du potache, jusqu'au casting qui tout de même, entre Billie Joe Armstrong et Parker Posey, achève de mettre la puce à l'oreille.

On m'opposera que même en admettant la validité de ma théorie, cela ne rend pas Rock'n'Roll plus brillant ou intéressant. C'est vite dit. Une fois accepté l'idée que l'on à affaire à un exercice de style pas bien sérieux, on ne l'écoute assurément plus de la même oreille. Il va sans dire que toute incompatibilité viscérale avec la power pop ou le rock FM rend l'ouvrage à peu près inaudible, mais il n'est pas interdit à qui se tamponne du bon goût d'en trouver certains passages délectables. Le véritable défaut de Rock'n'Roll, encore eût-il fallu l'écouter plus de trois fois pour le noter, est surtout qu'il s'effondre totalement dans sa deuxième moitié (et surtout son dernier tiers), perdant le fil où agençant tout simplement mal les morceaux (NOTE POUR MOI-MÊME : consacrer un jour un article à la VRAIE tracklist idéale de chacun de mes albums favoris). Quatorze titres (quinze pour l'édition limitée) étaient sans doute un peu trop pour un album qui avait à peu près tout dit au bout de six, et dont aucun des morceaux suivants ne retrouve la morgue un peu vulgaire mais tellement cool d'un "Shallow" ou "So Alive". On sait, ici peut-être plus encore qu'ailleurs, que les plus courtes sont les meilleures ; faire un album entier de Rock'n'Rollétait sans doute une erreur, un péché d'orgueil qui rend le bonhomme encore plus sympathique mais n'ajoute ni ne soustrait quoi que ce soit au résultat final. Un résultat qui vaut ce qu'il vaut mais a le mérite de faire preuve d'hybris, car il n'y a que du panache à faire un album au troisième degré sans prendre la peine de coller un sticker irony inside dessus, et à fonder délibérément une partie de sa notoriété sur un malentendu volontaire.

Enfin. Selon ma théorie.



Rock'n'Roll, de Ryan Adams (Lost Highway, 2003)

La Vie, c'est comme du soda à la mayonnaise

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Le Lou a toujours été un artiste mal aimé sur ce blog. Et, à vrai dire, à peu près tous les autres. Et dans la presse aussi, pas mal, qui depuis des lustres ne s'intéressait plus que poliment à sa production (il est vrai plus que médiocre), quand ses contemporains (Bowie, Macca, Dylan) forçaient l'indulgence jusqu'aux limites de l'entendement. Pourtant, paradoxalement, Lou Reed est dans le même temps l'un des artistes à avoir le plus souvent eu les honneurs de ces pages (treize de ses disques y ont été chroniqués, on frôle de près le record), mais le fait est que c'était bien souvent pour se foutre de sa gueule, même lorsqu'il s'agissait de chroniquer un chef-d’œuvre absolu de l'histoire du rock'n'roll - paraîtrait qu'il en aurait signé quelques uns. C'est que l'homme se prenait tellement au sérieux qu'il était difficile de résister à l'envie de le tourner en dérision, a fortiori depuis dix ans que sa discographie était devenu un fatras si ennuyeux ou embarrassant que dans le dernier article qui lui fut consacré ici, je préférai l'imaginer mort depuis 2001.

L'immortel interprète de [mettez le morceau que vous voudrez, ce ne sont pas les choix judicieux qui manquent] étant désormais bizarrement... mort, j'ai le droit de dire ce que j'en pense vraiment, à savoir qu'il était le plus grand. Ou pas loin. La musique tourne depuis une heure, les titres défilent, ma page d'accueil Facebook se transforme seconde après seconde en un immense mur à la gloire de Lou Reed, et je ne peux m'empêcher de me demander combien d'artistes pop ont réellement été plus important que lui. Juste ça : importants. Dylan ? Les Beatles ? Sûrement, oui. Les Stones ? Ils ont incarné le visage du rock'n'roll - ils ne l'ont pas changé aussi profondément que Lou Reed. Qui s'en occupa pour le meilleur comme pour le pire. Outre qu'il inventa un son de gratte et une scansion qui n'ont eu de cesse de déchaîner des vocations, c'est à lui et personne d'autre que l'on doit cette idée que le rock'n'roll pouvait - devait - être un peu plus que de la musique populaire. Qu'il pouvait parler au cerveau, et non plus uniquement au corps - pour ne pas dire aux couilles. Et s'il est devenu de fait indirectement responsable de l'émergence de quelques uns (voire de tous) les groupes les plus chiants, prétentieux et/ou bruitistes des cinquante dernières années, chacun d'entre nous, le plus petit amateur de rock indé qui soit, est le rejeton honteux de ce vieux bonhomme un peu pervers, qui ne souriait jamais et entretenait un rapport quasi systématiquement conflictuel avec l'auditeur (encore plus lorsqu'il foulait une scène).

Et pourtant, s'il sera célébré comme se doit dans les jours qui viennent, Lou Reed sera moins pleuré que d'autres, bien moins grands, bien moins forts. On fera des blagues sur le fait que son dernier disque soit son improbable association avec Metallica aussi souvent que l'on applaudira son sens du storytelling. On ironisera sur le fait qu'il n'ait jamais eu que deux tubes et demi et, bien évidemment, on fera des réflexions sur Metal Machine Music. Parce que c'est comme ça. C'est dans le cahier des charges. Lou Reed n'était pas un personnage attachant. Il n'était pas émouvant, et même lorsqu'il se retrouvait en position de toucher, il parvenait à se rendre suffisamment antipathique pour que sa personne laisse infiniment plus froid que sa musique. A vrai dire, il est très possible que Lou Reed ait été le pire connard de toute l'histoire du rock (les anecdotes accréditant cette hypothèse se comptent par centaines). Son job à lui n'était pas de tirer les larmes, encore moins d'amuser : c'était Génie. Avec un "G" majuscule. Génie qui en jette, génie qui te la fait fermer, génie qui sait qu'il est un génie et va te démontrer pourquoi (il n'ajoutera peut-être pas "pauvre merde", mais son regard te le fera comprendre). Lou Reed n'était pas le genre de personne que l'on pleure, et nul doute que cet affreux jojo qui était persuadé de ne plus avoir de public depuis des décennies aurait trouvé l'idée des plus incongrues. Pour autant, on ne laissera pas écrire des âneries, comme par exemple qu'il vivait sur ses acquis depuis à peu près toujours, et capitalisait sur sa légende pour mieux publier des choses sans intérêt qui, soit dit en passant, ne se vendaient pas du tout. Croire cela, c'est n'avoir rien compris à un personnage dont le caractère odieux avait fini depuis longtemps par faire parfaitement corps avec son œuvre. Au-delà de la qualité prodigieuse de certains de ses disques, avec ou sans le Velvet Undergroud, Lou Reed n'était pas n'importe quel dinosaure du rock en cela que contrairement aux autres - tous les autres - il n'aura jamais eu rien à ficher de vendre des palettes d'albums et d'avoir des fans en délire. Mégalo à coup sûr, cinglé sans doute, il incarnait encore, à plus de soixante-dix ans, une forme de jusqu’au-boutisme artistique dont on désespère qu'elle fasse un jour des petits (sans doute en partie parce que l'époque ne s'y prête plus et que Lou Reed eut la chance, qu'il força à peine, de sortir de l'ombre à moment "T" comme Transformer... et le privilège de choisir de retourner s'y enterrer). On n'a jamais vu artiste publier à l'aube de la soixantaine un album aussi ambitieux et brillant qu'Ecstasy, et seule la médiocrité de ses derniers ouvrages rend difficilement visible à l’œil nu cette évidence : le Lou faisait ce qu'il voulait, comme il voulait, et continuait d'être d'une incroyable radicalité à sa manière - certes plus aussi révolutionnaire que du temps de "Venus in Furs". Pourtant, c'était - toujours - le même combat, une envie de faire de l'Art, même mauvais, plutôt que de la bonne pop (ce qu'il savait pratiquer les yeux fermés). L'inaudible The Raven, l'ultra-soporifique Hudson River Wind Meditations ou sa coucherie avec Metallica eurent beau être des albums oscillant entre le raté et l’effroyable, ils avaient ce mérite, rarissime pour un artiste de cette génération, de ne jamais être des albums de vieux croulant tentant de se croire éternel en rejouant le passé jusqu'à l’écœurement. Et s'il y a, c'est d'accord, une triste ironie à ce qu'il s'en soit allé sur un disque aberrant avec un jeune groupe de quinquas n'ayant rien à voir avec son génie, il en est une autre, jouissive, à se dire que le dernier acte de son œuvre aura été de sadiser des rockstars obèses de gloire et de pognon jusqu'à leur confisquer la vedette et les métamorphoser en vulgaire backing band. Comme pour rappeler une dernière fois à ceux qui l'auraient oublié que le Patron, c'était bien lui.


Indigo - La Couleur des sentiments refoulés

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Souvent comparé de manière abusive (si ce n'est simpliste) à Stephen King, Graham Joyce a cependant quelques points communs, et non des moindres, avec son illustre aîné (qui ne l'est d'ailleurs que de quelques années, Joyce ayant surtout été publié sur le tard). D'une part, il sait que les meilleurs seuls vrais romans fantastiques ne s'encombrent pas outre-mesure d'éléments... fantastiques, misant plus volontiers sur les atmosphères et la suggestion que sur une horreur pure et dure qui, si elle ne paraît jamais aussi kitsch en littérature qu'au cinéma, n'en demeure pas moins très limitée/cheap/lourdingue dès lors que l'on espère toucher le lecteur de plus de quatorze ans. Une considération qui devrait relever, somme toute, du plus élémentaire bon sens, tout en faisant hélas tristement défaut à bon nombre de romans fantastiques auto-désignés.

Ce premier axe posé, l'essentiel est fait. Son autre point commun avec le Maître susnommé sera dès lors ce même talent pour composer des soupes gastronomiques à partir de vieux pots usés dont plus personne ne veut se servir, en saupoudrant simplement le tout de la petite touche personnelle qui fait les cuisiniers de renom autant que les écrivains de premier ordre. Sorcières, démons en tout genre, croque-mitaine... Joyce n'est pas du genre à s'embêter à bâtir des mondes inconnus, et préfère revisiter l'imaginaire populaire, à sa manière très personnelle, angoissée et presque toujours hantée par des fantasmes inavouables et autres tabous censément inviolables dont il s'amuse avec délectation. Il y a ainsi deux manières d'aborder Indigo : celle, littérale, consistant à le lire comme un thriller fantastique articulé autour de l'increvable mythe de l'invisibilité ; puis celle, bien plus troublante, voulant qu'il s'agisse avant toute autre chose de l'histoire d'un type totalement frustré sexuellement qui, une fois arraché à son univers étriqué, se révèle à lui-même, particulièrement lorsqu'il se découvre une demi-sœur qu'il aimerait bien... comment dire ? Culbuter, dans un premier temps. Et probablement épouser par la suite, tant qu'à faire (il faut voir comme Jack Chambers, personnage central du récit, s'amuse à jouer au papa et à la maman avec son propre neveu).

Chez d'autres, ce ne serait qu'un détail. Pas chez l'auteur du génial(ement glauque) The Stormwatcher, qui prouve ici - comme dans la plupart de ses romans - qu'il connaît ses classiques sur le bout des doigts et est peut-être bien l'un des derniers grands auteurs de fantastique old school. Dans Indigo, qui superpose les mystères en refusant volontairement de s’appesantir sur leur résolution, il opère ainsi un dérèglement minutieux de la réalité de son personnage central, illustré par un étrange manuscrit que l'on découvre en même temps que lui. A chaque nouveau chapitre de celui-ci, on peut être sûr que le gros plan suivant présentera un Jack légèrement plus déboussolé, au sein d'un monde légèrement plus bizarre que celui que l'on connaissait jusque-là. La mécanique est simple, presque bête - jamais facile, puisque Joyce en use avec une délicatesse inversement proportionnelle à celle des fantasmes (dis)tordus du personnage. D'abord dérouté, il devient légèrement, imperceptiblement déroutant - d'autant plus qu'il finit par... disparaître d'un récit qui, sans lui, se fait de plus en plus décousu et chaotique, pour reprendre de plus belle lorsque Jack ressurgit. Débute alors une dernière partie en forme de polar un peu lugubre, peut-être un chouïa plus faible qui ce qui a précédé, tout en continuant de surprendre à plus d'un titre. Ç’a beau être un peu un spoiler, je vais malgré tout vous le révéler car c'est en partie ce qui fait le sel de l'affaire : Indigo est un roman sur le mythe de l'invisibilité dans lequel personne, jamais, ne devient invisible.

Avouez que ce dernier détail fait envie.


Indigo, de Graham Joyce (Washington Square Press, 1999)

[CDG2013] La Sélection surgelée d'octobre

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D'accord, d'accord : novembre est déjà entamé depuis une semaine. La liste des galères ayant retardé la publication de cet article étant trop longue pour être couchée sur le papier virtuel, je vous propose de nous concentrer de suite sur la sélection du mois. Dernier. C'est bon, n'en rajoutez pas.

How to Stop Your Brain in an Accident - Future Of The Left

Le grand méchant Andy Falkous nous devait une revanche. L'an dernier et alors qu'on n'en pouvait plus d'attendre le successeur de Travel with Myself & Another, l'un des meilleurs disques de rock énervé des dernières années, son Plot Against Common Sense avait surtout paru ligué contre tout ce qu'on aimait habituellement chez l'ex-McLusky - sa rage, son nihilisme, son talent pour vous donner l'impression qu'il vous colle une mandale à chaque ligne de couplet. Un peu trop sage, sûrement trop travaillé, le Future Of The Left millésime 2012 semblait vouloir marquer un tournant (changement de line-up, de label...) mais ne tenait pas franchement la route dans les virages, ne fonctionnant finalement (aveu d'impuissance ou naturel revenant au galop, c'est dans le fond la même chose) que lorsque le groupe se contentait de faire ce qu'il a toujours fait : balancer la purée en hurlant les réponses plutôt qu'en se posant des questions.
A peine plus d'un an plus tard, surprise : revoilà Falkous, pourtant plutôt du genre à laisser traîner les années entre les LPs, et il va bien - merci pour lui. Est-ce le fait de s'être fait co-financé par ses fans ou tout simplement le nouveau groupe qui a trouvé ses marques, aucune idée, mais toujours est-il que cette chronique pourrait tenir en une phrase : la revanche est prise, tout va bien, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles en sachant que Falkous en est toujours incapable. Certes, ce nouvel opus au titre too much (il semble que ce soit devenu une tradition) souffre du même principal défaut que son prédécesseur, à savoir une longueur n'excluant par conséquent pas les fausses notes. Mais il n'est de toute façon pas nécessaire d'arriver au terme de ces quatorze nouveaux morceaux pour constater que Falco a retrouvé son modjo, qui alterne comme dans les meilleurs moments des premiers FOTL gouaille pamphlétaire directement chipée chez Jello Biafra (dont il est assurément l'héritier le plus digne) et agression noise gratuite, donc efficace. Les titres les plus inhabituellement calmes, "French Lessons" ou "Something Happened", n'apparaissent que plus convaincants dès lors qu'ils sont encadrés par quelques coups de latte typiques de la maison ("The Male Gaze", "Bread, Cheese, Bow & Arrow" ou l'excellente "Johnny Borrell Afterlife"). Autant dire qu'on salive d'avance à l'idée d'entendre ça sur scène, domaine de prédilection d'un crâneur qui, Lou Reed mort et enterré, semble un outsider convaincant pour le titre de Plus Affreux Jojo du Rock Contemporain.



Les Autres disques du mois (... dernier...) et leurs inévitables parce que...

PortageBack to Land - Wooden Shjips Parce que ne pas avoir de Nintendo 3DS est le drame de ma vie, et qu'on compense comme on peut. Oui parce que c'est un peu ça, dans le fond, Wooden Shjips : l'équivalent musical de ces portages d'anciens jeux d'anciennes consoles, recréant des formules à succès avec une technologie démente et deux-trois ajouts de bon aloi. Le jeune public s'ébaubit, les vieux hochent la tête d'un air entendu... au final, le rock est sans doute nettement plus mort que le jeu vidéo, mais on ne peut s'empêcher de se dire qu'à ce niveau de maîtrise, le savoir-faire vintage est presque un genre à part entière.

P'tite bébête qui monte, qui monte...Blue Record - Unknown Mortal Orchestra Parce que mine de rien, les Néo-zélandais au patronyme tout pourri sont en train de faire leur trou, confirmant avec ce ravissant EP que le très bon II, paru en février, n'avait rien d'une illusion auditive. Cinq titres, dont trois versions acoustiques de morceaux déjà connus, n'importe quel groupe peut se coller à l'exercice mais rares sont ceux parvenant à le rendre suffisamment pertinent pour qu'on l'écoute comme s'il s'agissait d'un ouvrage à part entière. Si ça, ce n'est pas la marque de futurs grands...

Promu à l'anciennetéCockroach - Jay Jay Johanson Parce qu'il est là, le Jay Jay. Parce qu'il continue à faire son truc dans l'indifférence générale, publiant tous les deux ou trois ans le même bon album métissant jazz, electro et lounge, sans génie, mais pas sans talent. Parce qu'au bout d'un moment, l'acharnement paie.

Figure imposéeDrag the River - Drag The River Parce qu'un CDG sans son disque étiqueté alt-country mais cachant de la bonne vieille power-pop FM dégoûlinante, ce ne serait pas vraiment un CDG. Comme souvent dans ce genre d'album absolument inutile, donc totalement indispensable, c'est la voix qui fait la différence. Virile, rêche, d'un lyrisme par moment indécent... elle a tout pour plaire et soutenir des morceaux dont un bon tiers n'a aucun intérêt, mais dont les deux autres donnent envie d'allumer une cigarette et de rouler toute la nuit en chantant à tue-tête des niaiseries. Impec'.

Le-gen-da-ryThe Essential - Tammy Wynette Parce que c'est probablement la compile de l'année, qui vient enfin réhabiliter une immense chanteuse de country qui n'avait rien à envier aux Dolly Parton et compagnie mais qui, moins charismatique, n'a pas bénéficié de la même postérité en dehors de son pays. "Another Lonely Song", "Woman to Woman", "The Wonders You Perform"... tout y est, y compris d'ailleurs des choses plus tardives et moins passionnantes. Peu importe : le temps d'un CD et demi, tout amateur de country/folk qui se respecte sera aux anges.

Hip hop de rockers, c'est marqué dessusJ'aime pas Mascarade - Mascarade Parce que les gens nageant à contre-courant sont toujours très sympathiques et que dans le genre, ceux-là font fort. Il en faut de sacrées tout de même, pour faire ce genre de fusion rap-rock qui tache en 2013, soit donc pas loin de vingt ans après la mode. Le pire, c'est que c'est foutrement bien fait. Dommage que le dernier quart de l'album perde un peu en impact, car tout ce qu'il y a avant est à la limite du jouissif.

EfficaceLast Night on Earth - Lee Ranaldo & The Dust Parce que même si on a toujours su que Lee était le plus cool (et le moins chiant) des désormais ex-membres de Sonic Youth, ça fait sacrément plaisir de le voir le prouver une fois pour toutes. Rock, planant, tordu, son nouveau projet a tout du produit de substitution après l'improbable split, mais il a le bon sens de ne jamais oublier que le rock'n'roll est affaire de chansons. Au final, Ranaldo publie un très bon album de... Stephen Malkmus. Après tout, pourquoi pas ?

Indie-pop Pop Obskura - The Low Frequency In Stereo Parce que certaines mues laissent perplexes autant qu'elles peuvent séduire. On avait laissé les Norvégiens sur un post-rock excité sous perfusion Sonic Youth ; on les retrouve quatre ans plus tard réincarnés en corbeaux new wave, faisant leur miel d'une pop parfois carrément pêchue et plus distordue que vraiment "obscure". Soyons honnêtes, il y a sans doute un petit coup d'air du temps là-dedans, même si le très bon Futuro brandissait déjà certaines influences communes (impossible notamment de ne pas penser à Stereolab). Peu importe, dans le fond, puisque ça marche : "Colette" ou "Cybernautic" font déjà partie des chansons les plus entêtantes de l'année, et c'est bien là l'essentiel.

Pop du grenierSecret Songs - Nobunny Parce que la dernière livraison de Nobunny est le genre de truc qu'on n'attend pas forcément avec impatience, mais qu'on retrouve toujours avec plaisir - a fortiori lorsque, comme celle-ci, elle s'avère fun et bondissante. Et si certains regretteront peut-être (à raison) que le garçon ait abandonné une forme de (relative) noirceur qui lui allait plutôt au bien au teint, difficile de faire la fine bouche tant cette qualité de songwriting est devenue rare, dans le garage, depuis la disparition de Jay Reatard.

Rock marécageuxWooden Wand & The World War IV - Wooden Wand & The World War IV Parce que même s'il ne s'agit pas officiellement d'une trilogie, on n'est pas tellement de surpris que Wooden Wand, après la folk et le blues, revienne au rock le temps d'un album. Et quel rock ! Pesant, hypnotique, ce nouvel opus est encore une réussite, qui pousse à se demander si le gars qui vient de publier deux des meilleurs disques de l'année en l'espace de quelques mois est bien le même qui, il n'y a pas si longtemps, enquillait les albums foutraques parfois difficilement audibles. Enfin, ce n'est pas comme si la réponse importait vraiment face à des chansons du calibre de "Sometime This Child Wild Die" ou "McDonald's on the Moon"...

Bad Signs - Sans finesse ni scrupules

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Il y a tellement de choses perturbantes dans le dernier Ellory1 qu'on se demande un instant si l'auteur du splendide A Quiet Belief in Angels n'a pas légèrement grillé un fusible. Traitement du Mal comme d'une maladie contagieuse (plus rance et réac, tu meurs), violence à la limite du soutenable - le plus souvent à l'adresse des femmes - complaisamment étalée sur des chapitres entiers, clichés de mauvaises séries B balancés à la va-comme-je-te-pousse... c'est peu dire qu'on a bien du mal à reconnaître le type qui, il y a quelques années encore, bluffait tout le monde avec ses polars mutants où le fait divers le plus banal débouchait immanquablement sur une fresque mâchant les coins et les recoins de la société pour mieux l'interroger.

Ce n'est clairement pas le propos ici - si tant est qu'il y en ait réellement un. On entend bien qu'Ellory, qui connaît ses classiques et ne manque jamais de rendre hommage à ses Maîtres, ait voulu se payer un petit noir bien serré, à l'ancienne, sans doute histoire de se rappeler d'où il vient. Personne n'aurait l'idée de lui jeter la pierre, et dans une époque où règnent sur les charts les thrillersà deux balles, les romans policiers à papa et les contrefaçons scandinaves, il est sain qu'un des auteurs les plus populaires des dernières années se pique de s'inscrire dans la filiation d'un Jim Thompson. Le problème - on aurait dû le deviner dès la couverture - c'est que Roger Jon Ellory, malgré tout son talent, n'a à peu près rien de commun avec Jim Thompson, qu'il se contente au mieux d'imiter lourdement sans jamais en retrouver ni la sécheresse inquiétante ni, et c'est sûrement là que le bât blesse le plus, l'ironie froide rendant les séquences les plus insupportables totalement fascinantes. Si l'on ne peut lui enlever un sens de la narration assez efficace, tout particulièrement lorsqu'il s'agit de gérer les twists, l'Anglais a malheureusement le plus souvent l'air aussi couillon et bourrin que son personnage principal, ce Digger qui pourrait parfois presque effrayer si son auteur, sans doute flippé à l'idée d'aller au bout de son propos en proposant la vision distordue d'un sociopathe, n'en avait pas fait un crétin congénital dont le moindre geste défie toute logique humaine - ce qui vaut toujours mieux, me dira-t-on, que lorsque l'auteur se propose de nous expliquer son comportement à grands coups de marteau piqueur psychologie et de digressions pseudo-déterministes que les plus larges d'esprit trouveront au minimum fumistes (les plus exigeants verront leurs mâchoires se décrocher face à des réflexions franchement limites, sous leur apparent humanisme). Je qualifie Digger de personnage principal, car il est rapidement admis que son frère, le gentil Clarence, n'est qu'un prétexte : ce qui fascine Ellory est indiscutablement la sauvagerie du duo Digger/Earl, les pérégrinations de l'intellectuel de la famille perdant d'ailleurs tout commencement de début d'intérêt à la minute où la vie sépare les deux frangins. Un gamin paumé qui va Dieu sait où en faisant du stop, flanqué d'une adolescente qu'il ne se tape même pas, c'est tout de même beaucoup moins rigolo qu'un taré qui viole et mutile à peu près toutes les femmes qu'il croise et serait bien infoutu de dire pourquoi il le fait, puisque Digger est mû par des forces invisibles le dépassant de loin, voire est possédé (le mot est écrit à plusieurs reprises) par l'esprit du maniaque qui l'a kidnappé, ce qui on en conviendra est bien commode pour éviter au lecteur de se poser trop de questions. Au premier rang desquelles celle, il est vrai sans intérêt pour un auteur enchaînant les hits, concernant ses motivations : à quoi sert Bad Signs et qu'est-il supposé raconter, on n'est franchement pas trop sûr de le savoir à la fin, même si on l'aura avalé avec une grande aisance (peut-être plus grande, paradoxalement, que certains autres livres d'Ellory, pourtant nettement plus réussis). On est même tenté de se demander si la surenchère permanente à laquelle il se livre n'est pas un moyen inconscient, de la part de l'écrivain, de ne jamais prendre le temps de se le demander. C'est sûrement réussi en ce qui le concerne. Pour ce qui est d'obtenir le même effet chez le lecteur, on osera conseiller à Roger d'écrire des bouquins deux fois moins longs afin de minimiser les risques.


Bad Signs[Mauvaise étoile], de R.J. Ellory (Orian, 2011 ; Sonatine, 2013, pour l'édition française)



1.En France - il en a publié deux autres entre temps en Angleterre.

[GOLBEUR EN SÉRIES II] Semaines 5 – 8

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BROOKLYN NINE NINE Il n'y a pas franchement photo : avec Back in the Game (déjà annulée sans autre forme de procès, ça lui apprendra à faire rire les gens), on tient là la meilleure comédie de la rentrée passée... enfin, la seule à être drôle, pour être honnête. D'autant que tout n'est pas parfait ici. Mais nul besoin d'être devin pour prédire que Brooklyn va continuer tranquillement de s'installer et montera en puissance tout au long de la saison. C'est une évidence. Tous les éléments sont en place, les personnages parfaitement installés, il n'y a plus qu'à trouver le bon rythme, ce qui se fait tranquillement au fil des semaines, comme autrefois pour Parks, des mêmes scénaristes (mieux, même : avant de devenir l'un des incontournables de ces dernières années, le show de NBC avait pas mal pataugé et mis une bonne saison avant de vraiment convaincre). A noter qu'aussi étonnant que cela puisse paraître, Brooklyn Nine Nine est d'ores et déjà diffusée en France, sur Canal + Séries. Non qu'on tienne absolument à leur faire de la pub, mais depuis des décennies qu'on se plaint que ce genre de chose n'arrivait jamais, il serait malhonnête de ne pas le signaler à présent que c'est le cas.


DOCTOR WHO (50th Anniversary Special) C'est la fête au village : les parents et les enfants ont vite avalé leur potage, car le Doctor a décidé de faire une grosse teuf pour ses cinquante balais. Soit donc, dans les faits, un épisode sympathique (pas plus, mais pas moins), bien moins pompeux que ce que nous avaient réservé les dernières saisons et leurs plots imbitables, dans lequel on retrouve avec plaisir quelques vieilles connaissances (dont un David Tennant en pleine contrition après avoir enchaîné les séries de seconde zone - voire plus bas - et la toujours aussi cool Billie Piper, excellente en arme de destruction massive légèrement culpabilisatrice sur les bords). C'est évidemment toujours aussi bourré d'incohérences, mais une fois n'est pas coutume on n'a pas envie d'y faire attention, l'objectif étant bien de rendre hommage à un monument du patrimoine télévisuel mondial. Reconnaissons au passage que la manière dont The Day of the Doctor a été composé est plutôt futée, et moins paresseuse qu'on aurait pu le craindre. Certes, ce n'est pas le meilleur épisode du show, on le situera même volontiers dans la moyenne basse des specials. On aurait de loin préféré que Steven Moffat opte pour un stand-alone pur et dur, un véritable épisode spécial en somme, qui aurait pu être l'occasion de faire réapparaître tous les interprètent du Doctor encore de ce monde (une bonne moitié) plutôt que de se contenter de cameo un peu tristounets, comme il y en avait déjà eu dans le passé récent de la série (ne serait-ce que l'avant dernier épisode en date !) On sera en droit de considérer que même si l'épisode fonctionne pas mal, le résultat n'aura peut-être pas été tout à fait à la hauteur de l'évènement (et du battage promo : les Français auront lu plus d'articles sur Doctor Who en une semaine que durant les cinquante dernières années...) Entre nous, ça ne coûtait pas bien cher d'embaucher plein d'anciens pour leur faire jouer - par exemple - les seconds rôles des Time Lords ou quelque chose de ce genre. Mais allons : comme souvent dans les réunions de famille, on préfèrera taire les griefs et passer un bon moment tous ensemble. Que Moffat n'en profite cependant pas pour se reposer sur ses deux oreilles : puisqu'il est acquis qu'on ne peut plus compter sur lui pour redresser la barre, qu'il soit acquis également que Le Golb ne baissera pas les armes jusqu'à l'intronisation d'un nouveau showrunner. Non mais !


THE ESCAPE ARTIST (sans transition aucune) David Tennant est adorable, mais à la longue sa carrière devient déprimante. Pour la Xe fois depuis qu'il a explosé dans le rôle évoqué un paragraphe au-dessus, le voici dans une mini-série dont le seul et unique argument est d'être une nouvelle mini-série avec David Tennant. A moins que l’Écossais ne rêve secrètement que cela devienne un genre en soi, il y a de quoi bailler devant un show qui n'a rien à dire et empile les clichés encore plus vite que le Tardis ne se déplace dans l'espace-temps. Un avocat défend ses clients, tous ses clients. Dont un tueur psychopathe (en série, on ne le sait pas tout de suite mais on n'a aucun mal à le deviner). Qu'il fait évidemment acquitter. Et qui va s'empresser d'aller zigouiller sa femme. Dieu que c'est original ! Le pire, c'est que The Escape Artist a multiplié les bonnes critiques. On ne sait lequel de Tennant ou de la BBC a décroché le totem d'immunité, mais le vieil artefact fonctionne foutrement bien.

HELLO LADIES Les amateurs de Ricky Gervais le savent depuis longtemps - les autres auront désormais la preuve qui leur manquait : l'hilarant Stephen Merchant est bien plus que son âme damnée. Dans Hello Ladies, il s'applique à le démonter par A + B en réalisant ni plus ni moins qu'une série de Gervais sans Gervais. Tout ce qu'on aime chez les auteurs de The Office et d'Extras y est, moins ce qui peut parfois irriter. On est certes en terrain connu, d'autant qu'en choisissant de raconter l'histoire d'un pauvre loser obsédé à l'idée de pécho (et qui n'y arrive évidemment jamais), on ne peut pas dire que Merchant vise le grand prix de l'originalité. Cette réserve dépassée, le show tourne tout seul et à défaut d'être la comédie de l'année, Hello Ladies est en tout cas celle dont le système se met le plus rapidement en place, sans même un petit round d'observation. La suite coule de source, avec développement de caractères en apparence blaireaux et qui se révèlent, on l'espérait à défaut de l'avoir prédit, terriblement attachants, le tout sur fond d'empathie pour les laissés pour compte du rêve hollywodien. La routine pour Merchant ? Oui, mais aussi du solide. Surtout.


HOSTAGES C'est quand même dommage que les scénaristes, visiblement inquiets à l'idée de devoir tenir une saison entière, se perdent à ce point en intrigues secondaires de bas étage où - c'est écrit - rien ne nous sera épargné (de toute façon après avoir osé nous faire le coup de la grossesse de la gamine dès le premier épisode, on pouvait légitimement supposer que ces gens oseraient tout). C'est dommage parce que l'intrigue principale tient relativement en haleine, et que le duo Toni Collette/Dylan McDermott fonctionne plutôt bien sur la durée. Je n'aurais pas juré être toujours en train de regarder Hostagesà la fin novembre, et pourtant force est de reconnaître que sans pour autant me jeter dessus comme un mort de faim, j'attaque chaque épisode avec un certain plaisir. Particulièrement les jours où je suis de suffisamment de bonne humeur pour supporter les digressions improbables qui sont en train de devenir sa marque de fabrique (aaaaah ! le coup du poker clandestin !...)

THE ORIGINALS Pas mal du tout. On pourrait évidemment être moqueur, et noter que l'exfiltration de Klaus et de ses comparses de Vampire Diaries relève moins de la volonté de capitaliser sur le succès de ce personnage très populaire que d'un gros coup de flemme des scénaristes, qui ne savaient plus quoi faire des Originaux depuis une saison et demi au bas mot (et avaient du coup entrepris depuis d'en faire à peu près n'importe quoi). Mais ce ne serait pas rendre hommage à la qualité du nouveau show-phare du CW, un bon gros soap avec des vrais morceaux de fantastique à l'intérieur, porté par des comédiens dont on savait déjà qu'ils étaient impec dans leurs rôles. Alors soit, si je vous dis qu'en quelque sorte, The Originals est à TVD ce que Melrose Place fut en son temps à Beverly Hills, pas sûr que je vous convainque d'aller y jeter un coup d’œil. Mais les lecteurs du Golb savent l'amour immodéré qu'on porte ici aux soaps, lorsque ceux-ci sont bien fichus. Difficile, vraiment, de lâcher celui-ci une fois commencé. C'est tout ce qui devrait toujours compter, non ?


UN VILLAGE FRANCAIS (saison 5)[spoilers] Il fallait un geste fort. Il fallait faire preuve d'un culot qui s'était peut-être un peu perdu en saison quatre, et oser enfin. De nouveau. Oser quoi ? Oser remettre les personnages en danger. J'entends par-là : un vrai danger, un dont on n'est pas sûr qu'ils sauront s'extirper. Depuis quelques temps maintenant, Un village français avait pris le parti de ne dégommer que ses personnages secondaires, voire d'en créer tout exprès pour mieux les dégommer quelques épisodes plus tard. On craint un temps, avec la multiplication de héros pas toujours bien dessinés sortis de nulle part (Marguerite, les Maquisards...), que la série ne retombe dans ce léger travers qui, s'il ne remettait pas en cause sa qualité globale, la rendait parfois un brin frustrante. Il faut bien le noter, les premiers chapitres de cette cinquième saisons sont un peu branlants, accordant beaucoup - trop - de place à des personnages in-ou-méconnus du spectateur, qui peinera à s'y identifier. Mais alors que petit à petit la mécanique se met en branle, on finit par oublier ce point de détail pour s'enthousiasmer des scènes sublimes de la seconde partie de saison, ces confrontations entre Gustave et Müller, ces retrouvailles entre les frères Larchet, ou cette communion absurde, décalée, poignante entre Marcel et Chassagne, ennemis à la ville réunis par la même ironie du destin autour d'un cachot pourri, d'une cigarette et d'un fou rire. Et avec deux ultimes épisodes absolument déchirants, c'est à peine au final si l'on se rappelle les hésitations des débuts. Faut-il le préciser ? Un village français demeure, encore et toujours, l'une des meilleures séries en activité.

Mieux vaut tard que jamais

BOMB GIRLS Dans lequel on découvre que les Drawas ne servent pas qu'à se moquer méchamment. Ni à se défouler. Citée à une poignée de reprise dans la catégorie "la série que tout le monde adorerait si elle était américaine", notamment si ma mémoire ne me trahit pas pour ma voisine de blog Miss Sunalee, Bomb Girls a fini par retenir mon attention et je ne le regrette pas une seconde. Il faut dire qu'elle solde d'un coup deux problèmes qui m’insupportentdans la plupart des séries : la faiblesse presque systématique des personnages féminins d'une part, la mollesse de toutes les intrigues prétendument historiques, de l'autre. La moitié du job étant déjà faite, je n'ai plus eu qu'à savourer un show rythmé, impeccablement joué qui, mais c'était quasiment implicite, interroge subtilement notre époque sous couvert de s'intéresser au quotidien de femmes travaillant dans une usine de bombes durant le second conflit mondial. Tout n'est pas rose et on pourra regretter que comme toutes les séries mettant des femmes au premier plan, celle-ci vire un peu trop soap par instant (oui parce que ce n'est pas non plus TOUJOURS une qualité, de tendre vers le soap). Mais l'ensemble est de haute tenue et prouve comme d'autres titres évoqués récemment que du côté du Canada aussi, la fiction se porte bien - merci pour elle.


ONCE UPON A TIME Vous vous souvenez quand je vous ai raconté que j'adorais les soap ? C'était trois paragraphes plus tôt ? Eh bien dans ce cas, vous ne serez pas surpris si je vous dis que je suis d'ores et déjà devenu un inconditionnel de Once Upon a Time (double vainqueure du Drawa de la série "que sa médiocrité rend indispensable", s'il vous plaît). C'est fort, c'est fun, c'est parfois ultra-nul mais aussi, il faut bien le reconnaître, parfois franchement bien (le casting féminin, notamment, est assez irréprochable et compense la fadeur totale - et probablement volontaire - du cast masculin (à un Robert Carlyle près, quand même)). On m'opposera que tout cela est malgré tout d'une cuculterie assez surnaturelle, ce que je n'irai pas nier : l'Amour, le Vrai, le Beau et le Pur s'avère rapidement être la seule raison de vivre de chacun des protagonistes (même de la méchante Reine, un comble), l'ensemble se révélant même particulièrement réac les trois quarts du temps (manque d'ailleurs quelques tromperies pour en faire un vrai bon soap digne de ce nom). Mais cela n'a à peu près aucune importance tant on se laisse facilement embarquer par cet univers ultra-kitsch où le plus whathefuckeste peut arriver n'importe où, n'importe quand. Si toutes les séries étaient ainsi, ce serait sûrement fatigant. Mais il n'y en a qu'une, et c'est Once Upon a Time, qui développe somme toute une esthétique tout à fait personnelle.

Who's Got the Crack? Drawas 2013 : La Bête est revenue

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Ce n'est plus vraiment une surprise. Ce n'est pas encore tout à fait une tradition. C'est tout au plus un cas avéré de multi-récidive.

Comme chaque année, Le Golb invite ses lecteurs, toujours plus fidèles, nombreux et brillants (bah quoi ?) à lister leur worst of. Une cérémonie qui n'existe nulle part ailleurs (et à vrai dire je n'en reviens qu'on ne nous ait toujours pas piqué le concept), avec foultitude de catégories, de médailles en chocolat, de faux emportements et de vrais coups de lattes.

Pour ceux qui auraient débarqué en cours d'exercice, rappelons les règles, qui sont vraiment très très très compliquées, même que du coup, on va les mettre en gras :

- peut voter toute personne ayant appris à lire et à écrire, et ayant regardé des séries télévisées en 2013 (mais pas ta belle-mère, faut pas pousser).

- peut être nominée(je sais, on dit "nommer", mais ça fait plus cool) toute série télévisée dont au moins un épisode a été diffusé en 2013 dans son pays de production, peu importe son origine ou qu'elle ait été annulée entre temps(du moment qu'elle l'a été, on l'aura compris, durant l'année civile).

- le votant a absolument tous les droits : il peut zapper autant de catégories qu'il le souhaite, il peut mettre ex æquo deux ou trois douze séries, il peut faire des commentaires, ne pas en faire... il peut même ajouter des catégories si ça l'amuse(l'an dernier, certains en avaient trouvé une tellement bonne qu'elle a été ajoutée à la sélection officielle)

- les bulletins de votes sont à remettre à l'adresse golbthisworld@gmail.com
avant le 30 décembre, minuit
(mais merci de ne pas tous voter le 29, comme les années précédentes. Vous serez chous).

- l'auteur de la vanne la plus assassine pour agrémenter son vote remportera un cadeau très spécial (qui lui sera remis avant 2015... je le précise car en 2013, je n'ai toujours pas réussi à coincer Arbobo pour lui remettre son lot...)

Sans plus attendre, je vous propose de retrouver les indispensables catégories, qui font tout le sel de notre cérémonie. Comme chaque année, certaines ont été reconduites, d'autres ont été supprimées, et quelques nouvelles ont fait leur apparition. Bon vote à tous !


Prix classiques :

  • WGTC? Drawa du générique insupportable
  • WGTC? Drawa des plus mauvais effets spéciaux
  • WGTC? Drawa du pire acteur dans un premier rôle
  • WGTC? Drawa de la pire actrice dans un premier rôle
  • WGTC? Drawa de la pire actrice dans un second rôle
  • WGTC? Drawa du pire acteur dans un second rôle
  • WGTC? Drawa de l'acteur/actrice qu'on aimait bien. Avant.
  • WGTC? Drawa du pire casting. Parce que comme chacun sait, le plus peut le moins [NEW]
  • WGTC? Drawa du personnage masculin le plus fuckable
  • WGTC? Drawa du personnage féminin le plus fuckable
  • WGTC? Drawa du personnage qu'on a tous envie de battre à mort
  • WGTC? Drawa du couple le plus improbable
  • WGTC? Drawa du méchant qui ne fout même pas les jetons à ma petite nièce
  • WGTC? Drawa du personnage qui sert à rien, mais qu'on aime bien quand même [NEW]
    • WGTC? Drawa de la série qui excite les intellos, les journalistes et les gens ne regardant jamais de séries.
    • WGTC? Drawa de la série réactionnaire
    • WGTC? Drawa de la série pseudo trash
    • WGTC? Drawa de la série qui était bien - oui : était.
    • WGTC? Drawa de la série qui existe encore, mais personne ne sait pourquoi (ni qui la regarde)
    • WGTC? Drawa de la série dont le monde se foutrait si elle était américaine
    • WGTC? Drawa de la série que tout le monde trouverait géniale si elle était américaine
    • WGTC? Drawa de la série qui fait très bien semblant de ne pas être un bon vieux soap des familles [NEW]

    Les Drawas spéciaux :

    • WGTC? Drawa Spécial de la comédie pas drôle
    • WGTC? Drawa Spécial de la série qui donne envie d'avaler une demi-douzaine de yaourts périmés avant de se pendre avec un câble Ethernet [NEW]
    • WGTC? Drawa Spécial du il était temps que ça s'arrête.
    • WGTC? Drawa Spécial de la série qui a tout pompé sur une autre
    • WGTC? Drawa Spécial du beaucoup de bruit pour rien.
    • WGTC? Drawa Spécial du personnage locomotive, sans lequel sa série apparaîtrait pour ce qu'elle est : une sinistre bouse [NEW]
    • WGTC? Drawa Spécial de la série dont les dialogues donneraient presque envie de la regarder en VF, des fois que [NEW]
    • WGTC? Drawa Spécial de la série qui montre des fesses quand elle ne sait plus quoi raconter
    • WGTC? Drawa Spécial de la série qui ferait mieux de montrer des fesses plutôt que de raconter n'importe quoi
    • WGTC? Drawa Spécial de la série que ta belle-mère regarde en croyant être branchée, la pauvre, et dont elle se sent obligée de parler à table parce qu'elle sait que toi, tu t'y connais trop à mort en séries télé
    • WGTC? Drawa Spécial de la série dont on sait après cinq minutes du pilote qu'elle ne verra pas 2014
    • WGTC? Drawa Spécial de la série qui s'apprête à voir 2014 sans que quiconque soit en mesure d'expliquer comment

      Et bien sûr, récompenses ultimes, les Grands Drawas :

    • Grand WGTC? Drawa des lecteurs du personnage le plus dépressif de l'année, qui certes d'accord, ok, a une vie de merde - mais quand même : un sourire n'a jamais tué personne
    • Grand WGTC? Drawa de la série qu'il fait bon citer, même si en fait, tu ne l'aimes pas tant que ça et que d'ailleurs, la dernière fois, tu t'es endormi devant
    • Grand WGTC? Drawa de l’invraisemblance
    • Grand WGTC? Drawa de la série que sa médiocrité rend incontournable
    • Grand WGTC? Drawa du personnage le plus con de l'année
    • Grand WGTC? Drawa de la plus mauvaise série de l'année

    [GOLBEUR EN SÉRIES II] Semaines 9 & 10

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    AGENTS OF S.H.I.E.L.D Dites, c'est quoi le problème des gens ? Je parle de ces gens, comme vous et moi, qui vont sur Internet donner leur avis à la terre entière (qui ne leur a rien demandé) au lieu d'en discuter tranquillement avec leur conjoint ? Enfin surtout comme vous, donc, parce que mon avis à moi est tellement pénétrant que la comparaison ne tient pas une seconde. Preuve N°1 : je trouve qu'Agents of S.H.I.E.L.D. est une chouette série en dépité d'un titre épuisant à écrire. Preuve N°2 : je ne vous comprends pas, vous, là, tous autant que vous êtes. Alors soit, entendons-nous bien, le buzz intersidéral ayant précédé le lancement du show avait à peu près tout de mensonger. La nouvelle super-production Marvel s'avère plutôt (volontairement) cheap, n'a que peu à voir avec les Vengeurs (oui, moi je suis un vieux fan old school), et à peu près rien avec Joss Whedon (qui s'est contenté de signer le contrat). Il n'empêche que c'est une bonne petite série d'aventures ne méritant pas de se faire caillasser du matin au soir par des gens énervés contre eux-mêmes de s'être faits attraper une fois de plus par le buzz. Après tout, personne ne vous forçait à ne pas faire comme moi, c'est-à-dire attendre deux mois avant de vous jeter dessus. Oh et pendant que j'y suis : à l'occasion, ce serait bien aussi d'arrêter de demander aux séries/films d'aventures fofolles de héros parfois super mais un peu cons d'être autre chose que des séries/films d'aventures fofolles de héros parfois super mais un peu cons. Ça fait des années qu'on le répète ici, à la longue, ça devient fatigant (et ça donne envie d'égorger Christopher Nolan avec les dents). Oui, Agents of S.H.I.E.L.D. est une espèce de Mission : Impossible vaguement inspirée de l'univers de la Marvel. So what?

    En plus, il y a une nana badass en combinaison de cuir. Comment peut-on ne pas aimer cette série ?!

    ARROW (saison 2) Cette rubrique a bien des avantages, mais elle a aussi un inconvénient assez énorme du point de vue de celui qui l'écrit : d'une fois sur l'autre, je ne me rappelle jamais de quelle série j'ai parlé, ni de ce que j'en ai dit. C'est ainsi que j'ai été tout surpris de constater que la seule fois où j'avais évoqué Arrow dans ces pages, c'était en février dernier, après une douzaine d'épisodes dont je n'avais pas des masses de bien à dire. Surpris car, depuis lors, elle est devenue l'un de ces rendez-vous hebdomadaire que je retrouve toujours avec beaucoup de plaisir, même si tout n'y est pas parfait. La saison deux, de très bonne facture, poursuit dans la veine de la première, en peut-être un peu plus sombre (même si c'est paradoxalement le moment que son héros choisit pour faire le serment de ne plus tuer à tout-va... donc pas si paradoxalement que ça, en fait, puisque cela crée un conflit intérieur plutôt malin). C'est l'occasion ou jamais de souligner qu'il s'agit là d'une des rares séries de superhéros à tenir la distance (non, il n'y a pas de thématique secrète à cet article), et à trouver le bon équilibre entre fidélité à une licence (que seuls les fanatiques de comics connaissent, soit) et nécessité de s'affranchir de celle-ci. Si Stephen Amell reste un comédien très limité, il a fini par habiter le rôle et le tout suit son cours, la double narration fonctionnant de mieux en mieux à présent que les scénaristes n'utilisent plus les flashbacks pour dégager la morale de la semaine, mais s'éclatent tout simplement à raconter deux histoires simultanément (soit dit en passant, c'est encore plus futé de leur part quand on connaît les comics et qu'on voit venir ce qui devrait normalement arriver d'ici la fin de l'hiver). Ce n'est pas grand-chose mais mine de rien, c'est déjà plus que chez pas mal d'autres. Et en relisant les méchancetés que je disais au sujet d'Arrowà ses débuts, je dois bien reconnaître que ça fait un sacré bout de temps que je n'ai pas rigolé méchamment en la regardant.

    Le cuir, ça peut aussi parfois être dur à porter. Surtout quand on n'est pas une nana badass.

    BRON (saison 2) Bien sûr, l'effet de surprise n'y est plus. Bien entendu, ce n'est pas exactement aussi réussi que la première occurrence. Évidemment, la résolution de l'intrigue principale pourra paraître un peu molle. Il n'empêche que Bron (ou Broen, pour les puristes et les Suédois) tient remarquablement son rang dans cette nouvelle saison, très bien écrite et portée par le meilleur duo de flics qu'on ait vu à la télévision depuis... pffffiou, longtemps. Ce n'est plus tout à fait la même série, simplement parce que ça ne peut plus l'être : au choc des contraires qui servait de moteur à la première saison, s'est désormais substituée un histoire d'amitié forte, un peu bizarre et souvent touchante, qui passionne souvent plus que l'intrigue policière. Celle-ci n'en tient pas moins fortement la route, avec ses rebondissements implacables, ses détours, ses élans de sadisme, ses coups de théâtre souvent tellement bien amenés qu'on ne les voit absolument pas venir - une denrée de plus en plus rare dans l'univers du polar. En ce sens, l'ultime épisode de l'année est un cas d'école, à la fois prévisible (tous les indicateurs sont au rouge depuis le début) et suffisamment saugrenu pour laisser le spectateur groggy, meurtri... et pressé de connaître la suite. Ça tombe bien : celle-ci est d'ores et déjà dans les tuyaux.

    SLEEPY HOLLOW L'épisode de la semaine passée (1x09, "Sanctuary") était un bon résumé de ce qui fait de Sleepy Hollow l'un des shows les plus efficaces du moment. Écriture bien resserrée autour du proverbial vieux pot à histoires, second degré discret et jamais gratuit, réalisation soignée, mythologie omniprésente sans pour autant étouffer l'intrigue du jour. Si une bonne série équivalait à une liste de cases à cocher, celle-ci en serait carrément une grande. Elle en est bien sûr encore très loin, et n'a d'ailleurs probablement pas cette ambition. Reste qu'en se contentant d'être un quasi remake fantastico-steam-truc de Fringe (Roberto Orci n'a décidément pas des masses d'imagination... mais bon, on le savait déjà puisque qu'on a regardé sa série d'avant jusqu'au bout), Sleepy Hollow est déjà parvenue à être plus convaincante sur à peu près tous les points. Sauf les vaches et les assistantes ne servant à rien, mais allez, on n'est même pas à la moitié de la saison.

    Fait notable : dans Sleepy Hollow, l'univers entier va être sauvé par quatre personnages, dont deux femmes et trois blacks. Le premier qui en sort une allusion à Mandela prend deux tartes.

    À part ça, il est sûr et certain que...

    ... si Dieu me donnait la possibilité de me réincarner en Johnathan Rhys-Meyers, je ferais bien meilleur usage de ma beauté et de mon charisme. Oui, je parle de l'affreuse Dracula.

    ... Falling Skies, aussi improbable que cela eut pu paraître au moment de sa première saison, a fini par devenir un divertissement plutôt acceptable quand arrivent les longues soirées d'hiver.

    ... le season premiere du dernier chapitre de Treme est une des plus belles choses que j'ai vues à la télévision cette année (et en plus, je me suis même pas endormi !)

    ... la cérémonie des WGTC? Drawas 2013 battra tous les records de participation. Déjà plus d'une soixantaine de votes, et pas mal de surprises pour les instituts de sondages. Je vous rappelle que vous avez jusqu'au 30 et que les catégories sont sur cette page.

    ... je ne peux jamais m'empêcher d'exagérer ou d'enjoliver la réalité : oui, ok, je me suis bien assoupi quelques minutes devant Treme. Deux ou trois scènes. Peut-être quatre. Mais c'était vachement bien, promis.


    WGTC? Drawas 2013 : Le Palmarès !

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    Chers golbo-compatriotes,

    Je pourrais commencer cet article par un long discours vous souhaitant une année 2014 qui soit belle, heureuse, pleine de réussite professionnelle, affective et sexuelle. Mais soyons sérieux : aucun d'entre vous n'est là pour ça. Si nous sommes réunis en ce jour de fête, c'est évidemment pour la plus grande cérémonie de prix dont le monde des séries ait jamais accouché.


    Et pourtant. L'année 2013 fut un peu tristounette du côté de l'Academie des Drawas. Beaucoup (trop) de série médiocres, sans intérêt ou dispensables, pour finalement peu de vraies daubes donnant envie de s'esclaffer devant son écran, d’œuvres à la bêtise confinant au sublime ou tout simplement : de très de mauvaises séries. Un an seulement après leur disparition tragique, on regrette déjà un peu les CSI : Miami, Desperate Housewives et autres Weeds, grands fournisseurs de récompenses (et même d'idées de catégories) au sein de notre congrégation. En 2013, signe des temps sans doute, la télévision manque d'ambition jusque dans le mauvais. On se contente donc de taper sur les seuls buzz de la dernière rentrée (Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D et Almost Human, dont aucune n'est véritablement nulle ou détestable dans l'absolu), et surtout on se défoule sur les classiques, qui reprennent du poil de la bête. Accessoirement, on dira au revoir à quelques autres monstres sacrés du genre, en croisant les doigts pour que les jeunes loups aux dents aussi longues que cariées (qui a dit Revooooooooooolution ?) parviennent à tenir leur rang pour encore quelques saisons. Cette année plus que jamais, nous remercierons Chuck Lorre d'être un des rares mauvais producteur US à être demeuré lui-même (trois séries en compétition en 2013 - on s'incline respectueusement devant le Maître), et HBO de continuer à mettre de la fesse fraîche toutes les trois scènes (c'est bien le Hardcore Bitch Office, hein ?)

    Mais trêve de billevesées ! Merci aux 141 votants de s'être exprimés avec autant de verve que les années précédentes. Il est temps de passer au résultat... et bien sûr au générique.


    WGTC? Drawa du générique insupportable
    PLUS BELLE LA VIE (26 voix) 
     
     

    2. New Girl (17) 
    3. The Michael J. Fox Show (13)
    4. Skins (11)
    ". Modern Family (11)

    L'art du vrai générique se perd un peu plus chaque année, et il pourra sembler cruel de s'acharner sur les rares à encore oser s'y frotter. Magnanimes, si ce n'est charitables, les lecteurs du Golb ont donc opté pour une solution un peu facile en élisant un générique certes infâme... mais qu'ils n'entendent probablement jamais. Tant mieux pour New Girl, qui a tenu la corde durant une bonne partie de l'épreuve alors que ce n'était pas vraiment mérité.


    WGTC? Drawa des plus mauvais effets spéciaux 
    ONCE UPON A TIME IN WONDERLAND (37)


     2. Once Upon a Time (16)
    3. Continuum (14)
    ".  Revolution (14)
    ". Da Vinci's Demon (14)

    Je n'ai pas vu une minute de Once Upon a Time in Wonderland, mais rien qu'à regarder les images sur Google, je ne doute pas une seconde que ce véritable plébiscite ne soit amplement mérité. Sans déconner, comment peut-on avoir l'idée de faire un truc aussi laid ? A côté, la série mère pourrait passer pour le dernier film de James Cameron, comme en témoigne l'écart de point délirant la séparant de la première place.

    Pour un peu, on en oublierait presque que la tenante du titre, 666 Park Avenue, était candidate à sa propre succession. Avec 11 voix, elle loupe de peu un top 5 où la concurrence faisait drôlement rage, entre Revolution (dont les décors semblent toujours fabriqués avec des boites à chaussures recyclées), ou encore Da Vinci's Demon, dont je m'étonne que tant de gens l'aient vue (vous avez vraiment très mauvais goût, je vous recommanderai bien de lire Le Golb pour vous informer un peu...)


     WGTC? Drawa du pire acteur dans un premier rôle 
    JONATHAN RHYS-MEYERS, pour son rôle dans Dracula (19)

     
    2. Damian Lewis – Homeland (17)
    3. Stephen Moyer - True Blood (15)
    4. Matt Smith – Doctor Who (12)
    ". Mike Vogel – Under the Dome (12)

    Avec presque trente nominés, c'est un record historique des Drawas qui a été battu cette année, comme en témoigne d'ailleurs le faible écart de points entre les lauréats. Rhys-Meyers l'emporte à l'arrachée parce qu'il fallait bien arrêter de voter un jour, mais les trois premiers se sont livrés une bataille sans merci au termede laquelle le vainqueur de l'édition 2012, Stephen Moyer, n'aura emporté qu'une médaille de bronze (il se consolera en se disant que True Blood a encore de beaux jours devant elle, quand Dracula sera probablement annulée dans trois mois).

    Derrière, on trouve un peu de tout et pas mal de n'importe quoi, des habitués (Somerhalder, Lincoln, Giuntoli, Wyle...), des énervants (Jeff "le voleur d'Emmy" Daniels), des nouveaux venus dont on doute qu'ils s'installent durablement dans le secteur.

    Notons tout de même que Matt Smith a marqué presque tous ses points dans la semaine qui a suivi la diffusion du Christmas Special de Doctor Who. On n'ira en tirer aucune conclusion hâtive.


    WGTC? Drawa de la pire actrice dans un premier rôle
    TRACY SPIRIDAKOS, pour son rôle dans Revolution (25)
     

    2. Kerry Washington – Scandal (17)
    3. Anna Paquin – True Blood (14)
    4. Megan Boone – The Black List (12)
    5. Nina Dobrev – The Vampire Diaries (11)

    On en parlait en baissant les yeux. On le murmurait dans les milieux autorisés depuis plusieurs mois. On l'espérait, sans trop savoir s'il ne s'agissait pas en fait de le craindre. C'est désormais officiel : Tracy Spiridakos conserve son titre de pire actrice du moment. Mieux, elle améliore son score de l'an passé (19 voix) et relègue les lèvres de Kerry Washington loin, très loin derrière. Tandis qu'Anna Paquin enrage de finir troisième pour la troisième année consécutive, Tracy, elle, rejoint le club très fermé des comédiens ayant réussi la passe de deux. Des gens tellement brillants dans le mauvais que plus personne n'ose dire leur nom de peur qu'ils n'obtiennent un rôle dans le prochain film Marvel. Il faut dire aussi que dans son cas à elle, personne n'a la moindre idée de comment il se prononce.


    WGTC? Drawa de la pire actrice dans un second rôle
    MARIE KREMER, pour son rôle dans Un village français (21)


    2. Natalie Zea -  The Following  (20)
    3. Juliette Goglia -  The Michael J. Fox Show  (16)
    4. Katie Cassidy – Arrow (15)
    5. Alyson Hannigan -  How I Met Your Mother  (12)

    Cinq ans. Il aura fallu cinq saisons pour que le talent de Marie Kremer soit enfin reconnu à sa juste valeur. Cinq saisons à errer comme une âme en peine, le regard vide, le ton monocorde, le geste mou... pour qu'enfin, les lecteurs du Golb daignent la remarquer. Une victoire personnelle pour l'auteur de ces lignes, puisque je crois bien avoir voté pour elle chaque année depuis la création des Drawas. Aujourd'hui, je me dis que mon blog a enfin servi à quelque chose.

    Derrière, les résultats sont assez serrés... comme tous les ans. On aimerait croire que c'est parce que les personnages secondaires féminins sont de qualité, malheureusement la vérité est plus probablement que quasiment aucun ne soit très marquant, hormis le traditionnel "club des pétasses horripilantes" (un genre de Rotary des séries télé US. En moins select). Katie Cassidy, Sarah Shahi (10 voix), Sarah Carter (8 voix)... de la chair à couverture de FHM dont on se félicite qu'elles soient reléguées au second plan. C'est ça, la Qualité France.


    WGTC? Drawa du pire acteur dans un second rôle
    DESMOND HARRINGTON, pour son rôle dans Dexter  (23)


    2. Nestor Carbonell - Bates Motel (21)
    3. Giancarlo Esposito - Revolution (19)
    4. James Purefoy – The Following (18)
    5. David Morrissey – The Walking Dead (12)

    Si j'ai chanté une ode à Marie Kremer, que dire de Desmond Harrington, si ce n'est que ce prix récompense une carrière exemplaire ? Arrivé en saison 3 de Dexter, le blaireau Joey Quinn sera passé par quasiment tous les sacrifices pour obtenir un Drawa survenant pile à la fin de la série. En six ans, il nous aura fait toutes les coiffures, tous les poids, tous les styles, aura changé toute la personnalité de son personnage douze fois, aura supporté les pires intrigues de la séries... mais enfin, au bout du tunnel : la Lumière ! Plus qu'une récompense, c'est la fin d'un calvaire, dont le goût sera d'autant plus savoureux que ce Drawa est arraché au double tenant du titre, Nestor Carbonell, légende de l'Académie des Drawas qui témoigne malgré tout d'une belle constance. Et si certains chercheront à ternir cette victoire en soulignant que les scores sont très serrés, précisons-leur que les quatre premiers du classement totalisent à eux seuls plus de la moitié des voix.


    WGTC? Drawa de l'acteur/actrice qu'on aimait bien. Avant.
    CLAIRE DANES (24)

     
    2. Allison Janney (16)
    3. Toni Colette (14)
    4. Seth Green (13)
    ". Dylan McDermott (13)

    Giancarlo Esposito, large vainqueur de l'an passé, ne pouvant par définition pas être candidat à sa propre succession, cette catégorie était ouverte à toutes les dérives. Ce fut le cas, mais soyons suffisamment honnête pour saluer la nette victoire de Claire Danes, d'autant plus admirable qu'il faut un sacré talent (?) pour passer en seulement deux ans de "wow ! sa prestation est énorme !"à "putain, je peux plus la supporter, j'ai envie que son personnage meurt dans d'atroces souffrances".

    Petite injustice en revanche concernant Allison Janney, qui si elle n'a certainement pas fait de bien à son image dans Mom, était en revanche le meilleur second rôle féminin de l'année dans Masters of Sex. Et de loin !


    WGTC? Drawa du pire casting. Parce que comme chacun sait, le plus peut le moins.
    UNDER THE DOME (26)


    2. The Michael J. Fox Show (22)
    3. Dads (19)
    4. The Crazy Ones (13)
    5. The Vampire Diaries (12)

    Il n'y a pas grand-chose à sauver dans Under the Dome, mais s'il est assurément une chose qui est encore moins excusable que tout le reste, c'est bien son casting principalement constitué de ce que l'on appelle pudiquement des "gueules" (comprendre des acteurs au physique intéressant incapables d'aligner trois mots justes).

    La suite est plus ou moins à l'avenant, les séries de la dernière rentrée pouvant toutes prétendre au titre. Allez, un little up à Almost Human, qui a placé à peu près tout son main cast dans chaque catégorie, ainsi, évidemment, que son casting dans celle-ci... malheureusement en vain. Pourtant avec Minka Kelly, ça tapait fort et juste. Les lecteurs du Golb ne respectent décidément rien.


    WGTC? Drawa du personnage masculin le plus fuckable
    ERIC NORTHMAN - True Blood (31)
     

    2. Harvey Specter - Suits (19)
    3. Don Draper –  Mad Men  (18)
    4. Klaus Mikaelson –  The Originals / The Vampires Diaries  (14)
    5. Jon Snow –  Game of Thrones  (10)

    Chaque année, c'est la même rengaine. Eric commence tout doux, puis démonte la concurrence, puis finit dans les sphères. Plus terrifiant encore, il parvient chaque année à améliorer son score, quelle que soit la concurrence. On ne sait même plus quoi dire, et on se console avec les places de personnages autrement plus élégants (Specter, Draper) ou déviants (Klaus, qui brille plus par son charisme que par ses biscotos). Un jour tout de même, ce serait sympa que les lecteurs élisent un type qui serait autre chose qu'un grand blond bodybuildé qui passe la moitié de son temps à poil. Genre, un vrai personnage, ou au moins un bon acteur. Parce qu'on va commencer à se poser des questions.


    WGTC? Drawa du personnage féminin le plus fuckable
    MAGGIE GREEN -  The Walking Dead (19)


    2. Virginia Johnson –  Masters of Sex (15)
    3. Mia –  Dates  (12)
    ". Hannack McKay –  Dexter  (12)
    5. Max Black –  2 Broke Girls  (11)

    Au moins, chez les filles, c'est plus varié. Bon alors ok, tout le monde est plus ou moins ex-æquo et je ne saurais même pas vous dire combien de personnages sont à dix points. Mais c'est plutôt sympa, non, d'avoir des surprises ? Franchement, quand on voit une nana aussi normale, simple et sympa que Maggie Green l'emporter dans une catégorie comme ça, on a presque envie de croire en l'espèce humaine. A tort, car ici aussi, le vote au physique fait rage. On ne me fera pas croire que c'est pour ses incroyables qualités de personnages que Hannack McKay échoue dans le Top 5 pour la seconde année consécutive.


    WGTC? Drawa du personnage qu'on a tous envie de battre à mort
    SOOKIE STACKHOUSE -  True Blood  (24)


    2. Joffrey Baratheon -  Game of Thrones (20)
    3. Sheldon Cooper -  The Big Bang Theory  (12)
    4. Blanche neige -  Once Upon a Time  (11)
    5. La Reine rouge -  Once Upon a Time in Wonderland  (10)


    Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Lori Grimes, double tenante du titre, ne pouvant pas participer cette année, les lecteurs du Golb se sont perdus, ont éparpillé leurs voix... et ont finalement permis à Sookie, éternelle deuxième de la catégorie, de récupérer la statuette - faisant accessoirement de sa série la seconde plus titrée de toute l'histoire de l'Académie. Moralité : quand vous avez envie de battre un personnage à mort, priez pour que personne ne vous entende, sans quoi vous ne saurez plus pour qui voter dans cette catégorie.


    WGTC? Drawa du couple le plus improbable
    NICOLAS & JOSE -  Les Mystères de l'Amour  (29)


    2. Robin & Barney –  How I Met Your Mother  (20)
    3. Carrie & Brody –  Homeland  (18)

    Si on osait le jeu de mot de très mauvais goût (et rassurez-vous : on va l'oser), on pourrait dire que Jean-Luc Azoulay l'a mise bien profonde à chacun d'entre nous. Avec son escapade gay pour Nico et José, il a non seulement réussi un buzz comme on en a rarement vu en France, mais encore a-t-il établi un nouveau maître-étalon pour les Drawas. Soyons francs : cette rubrique, qui était loin d'être la plus populaire jusqu'ici, ne pourra tout simplement jamais plus être la même. A moins qu'on découvre un jour la vérité sur Chandler et Joey, bien sûr.


    WGTC? Drawa du méchant qui ne fout même pas les jetons à ma petite nièce
    JAFAR -  Once Upon a Time in Wonderland  (29)


    2. Jake Welker (et ses copains nazis) -  Breaking Bad  (23)
    3. Le Gouverneur -  The Walking Dead  (20)
    4. Olivier Saxon -  Dexter  (14)
    5. La Reine rouge -  Once Upon a Time in Wonderland  (10)

    "Hey Jack, tu connaîtrais pas un mec un peu arabe et patibulaire pour jouer Jafar ?
    - Attends, je dois avoir ça quelque part, dans le dossier sur les seconds rôles de 24. Ah merde, non, j'ai que des Indiens. Ça marche quand même ?
    - Je sais pas.
    - Sinon il y a pas le mec de Lost, qu'est dispo ?
    - Euh... y a un Indien, dans Lost ?
    - Non, un Arabe.
    - Ah ! Naveen, tu veux dire ?
    - Ouais, Naveen.
    - Mais il est pas arabe, il est indien.
    - Bof, c'est pareil non ?
    - T'as raison, on s'en fout, de toute façon il est basané donc il va bien faire peur à quelques personnes."


    WGTC? Drawa du personnage qui sert à rien, mais qu'on aime bien quand même
    JERRY GERGISH - Parks & Recreation (21)
     

    2. Glenn - The Walking Dead (18)
    3. Matt Donovan - The Vampire Diaries (13)
    ". Walter "Flynn" White Jr. - Breaking Bad (13)
    5. Martha Castle - Castle (10)

    Aucune blague disponible pour cette catégorie.


    WGTC? Drawa de la série qui excite les intellos, les journalistes et les gens ne regardant jamais de séries. 
    HOUSE OF CARDS (22)


    2.  Top of the Lake  (19)
    3.  Boardwalk Empire  (17)
    4.  Treme  (16)
    5.  Borgen  (12)

    Comme chaque année, la catégorie "soyons démagos tout en gardant le sourire" a déchaîné les passions. A cette nuance près que cette année, le grand gagnant mérite amplement son titre, pour avoir été - à mon humble avis (qui vaut plus qu'aucun autre, cela va sans dire) - la plus grosse escroquerie de 2013. Tous les titres cités derrière semblent, en comparaison, sauvables - presque honnêtes. Et quand on sait le mal que je pense que de Boardwalk Empire, Real Humans ou The Paradise, ce n'est pas peu dire.


    WGTC? Drawa de la série réactionnaire
    DEXTER (34)

    2.  Dads  (20)
    3.  How I Met Your Mother  (19)
    4. Banshee  (16)
    5.  The Mentalist  (12)

    L'Académie des Drawas étant formellement opposée aux spoilers, il nous sera impossible de détailler le pourquoi du comment le score stalinien de Dexter est justifié - plus justifié encore que les années précédentes. Si vous voulez vous faire votre idée en moins de trente minutes, on vous conseillera juste de mater le pilote de Dads, sa Dauphine ; de constater à quel point celui-ci est gratiné dans le genre, et par conséquent d'imaginer que Dexter aura été, cette saison, 14 voix pire. Si ce n'est plus.

     
    WGTC? Drawa de la série pseudo trash
    GIRLS (34)



    2. Banshee (18)
    3.  Skins  (17)
    4.  Maison close  (16)
    5.  American Horror Story  (17)

    C'est ce qu'on appelle une victoire nette et sans bavure. Mais le pire, savez-vous ce que c'est ? C'est qu'il ne s'agit même pas d'une victoire très juste. Girls, en effet, ne tiendrait pas cinq minutes la comparaison avec les grandes séries pseudo-trash d'antan (Nip/Tuck, nous ne t'oublierons jamais). On avait souligné l'an dernier que le genre avait tendance à s'essouffler ; la tendance se confirme cette année, pour qu'on ait même vu citée dans cette catégorie une merveille de subtilité et de pudeur comme Masters of Sex. Heureusement qu'Alan Ball veille, qui heureux producteur de True Blood aura eu la bonne idée, en 2013, de co-produire l'excellente Banshee. Naaaaaan, j'déconne. Pour l'excellence.


    WGTC? Drawa de la série qui était bien - oui : était. 
    COMMUNITY (26)


    2.  How I Met Your Mother  (16)
    3.  Misfits  (15)
    4.  Boardwalk Empire  (13)
    5.  True Blood  (12) 

     Si j'étais taquin, je rappellerais à nos lecteurs et votants que les Drawas 2013 portent sur l'année 2013, et que How I Met Your Mother, Misfits ou encore Dexter (qui arrive en 8e position) n'ont pas attendu cette année pour atteindre un état de décrépitude avancée. Comme je suis en fait un gentil garçon (quoiqu'un peu taquin parfois), je me contenterai d'opiner concernant Community, en espérant que le retour de Dan Harmon nous donnera envie de créer l'an prochain la catégorie "série qui est re-bien".


    WGTC? Drawa de la série qui existe encore, mais personne ne sait pourquoi (ni qui la regarde)
    GREY'S ANATOMY (24)

     
    2.  NCIS  (20)
    3.  Castle  (14)
    4.  Cougar Town  (12)
    ".  Two and a Half Men  (12)

    Des votes très éclatés dans cette catégorie, pour un résultat qui au final ne fédère pas grand-monde. Difficile cependant de ne pas sourire en  notant que le podium est trusté par trois séries multi-rediffusées sur les trois plus grandes chaînes françaises, ce qui compte-tenu de l'intitulé de la catégorie a de quoi arracher quelques soupirs (ou sourires ? Faut voir).

    Sinon, plus bas, on trouve à boire et à manger ; pas mal de cop shows usés, quelques séries qui ont été à la mode à un moment M avant de sombrer dans l'oubli, et quelques vraies trouvailles : j'avoue, j'étais persuadé que Californication s'était arrêtée l'an passé. D'ailleurs, l'an passé, j'étais déjà persuadé qu'elle s'était arrêtée l'année d'avant. Non mais, sans déconner : qui regarde encore cette merde ?!


    WGTC? Drawa de la série dont le monde se foutrait si elle était américaine
    REAL HUMANS (31)


    WGTC? Drawa de la série que tout le monde trouverait géniale si elle était américaine
    UN VILLAGE FRANÇAIS (16)


    Deux catégories pour lesquelles je fais un prix de gros, puisqu'elles vous ont très peu inspirés (voire "très très peu" concernant la seconde), ce que je trouve bien dommage. D'autant plus dommage, à dire vrai, que ce blog ne lésine pas sur les conseils concernant des séries "non-américaines", visiblement en vain puisque, lorsqu'il s'agit de voter pour celles-ci, la plupart des votants sont incapables d'en citer deux. Qu'à cela ne tienne : il faut aussi savoir reconnaître ses bides, et ces deux catégories seront donc supprimées l'an prochain.


    WGTC? Drawa de la série qui fait très bien semblant de ne pas être un bon vieux soap des familles
    DOWNTON ABBEY (26)


    2. Revenge (18)
    3. Mad Men (16)
    4. Homeland (15)
    5. Nashville (12)

     C'était presque trop facile. D'autant que, comme l'ont fait remarquer plusieurs lecteurs au moment de voter, presque toutes les séries contemporaines pourraient prétendre à cette catégorie. Downton Abbey l'emporte donc, sans doute en partie à cause du décalage poilant entre l'enthousiasme des critiques et ce qu'elle s'avère être réellement.

    Concernant les autres séries citées, on se contentera simplement de hausser les sourcils : depuis quand Revenge ou Nashville font-elles "semblant" de ne pas être des soaps ? Elles s'assument complètement, c'est bien pourquoi on les aime !


    LES DRAWAS SPÉCIAUX

    WGTC? Drawa Spécial de la comédie pas drôle
    MOM (23)



    2. How I Met Your Mother (21)
    3.  Dads  (18)
    4.  Modern Family  (15)
    5.  The Michael J. Fox Show  (11)

    Comme presque tous les ans dans cette catégorie, les désormais traditionnelles « nouvelles comédies toutes pourries de la rentrées » se sont annulées les unes les autres (alors qu'elles battaient pourtant le record de pourritude de 2012). Avec encore, plus bas dans le classement, The Crazy Ones, Trophy Wife, Welcome to the Family, The Millers et (plus discutable) Brooklyn Nine-Nine, elles focalisent très exactement la moitié des voix dans cette rubrique, évitant à How I Met Your Mother la potence qui s'agite sous son nez depuis plusieurs saisons (elle était au pied du podium en 2011 et 2012). Mine de rien, le sitcom de CBS pourrait bien arriver à son terme sans jamais avoir été honoré par l'Académie des Drawas. J'dis ça, j'dis rien.

    A noter tout de même que comme tous les ans, le grand gagnant est notre Chuck Lorre adoré. Mises bout à bout, ses trois séries totalisent pas moins de 43 points. Pas de bol, il avait déjà reçu un Drawa d'honneur pour son œuvre l'an dernier - ses efforts de 2013 furent donc vains.


    WGTC? Drawa Spécial de la série qui donne envie d'avaler une demi-douzaine de yaourts périmés avant de se pendre avec un câble Ethernet
    HANNIBAL (27)


    2. Rectify (25)
    3. Dexter (18)
    4. Utopia (12)
    5. Arrow (11)

    Il y a eu pas mal d'hésitations sur cette catégorie, principalement dûes à... la formulation de son intitulé, qui non seulement n'était pas aussi drôle qu'elle le voulait, mais qui en plus n'était pas claire du tout : à la base, ce prix récompensait évidemment la série la plus déprimante de l'année, et non pas celle tellement nulle qu'elle déclencha des pulsions suicidaires chez ses spectateurs. Ça m'apprendra à faire des blagues qui n'amusent que moi.

    En conséquence, les résultats sont assez écartelés entre ceux qui ont compris une chose, et ceux qui en ont compris une autre. Personnellement, j'aurais plus tendance à rire devant la dernière saison de Dexter, mais je ne veux pas juger les instincts primaires de mes lecteurs. Si l'on se fie à ce que voulait vraiment dire la rubrique - ou disons à ce qu'elle était censée vouloir dire - on peut difficilement contester le titre de Hannibal, tout comme la seconde place de Rectify, deux séries au demeurants remarquables. La preuve ? Ce sont deux des trois séries les moins citées de toute la compétition. De là à dire que cela signifie en creux qu'elles comptèrent parmi les toutes meilleures de l'année...


    WGTC? Drawa Spécial du il était temps que ça s'arrête.
    DEXTER (36)

     

    2.  Skins  (24)
    3.  The Office US  (19)
    4.  Whitney  (15)
    5.  Fringe  (13)

    S'il y a bien une catégorie qui ne ménage jamais de surprises, c'est celle-ci. Dexter succède logiquement à Desperate Housewives (2012) et Entourage (2011), suivie comme de juste par les autres séries conclues ces derniers mois au terme d'années et d'années d'agonie (30 Rock et 90210 s'installent d'ailleurs logiquement dans la seconde moitié du classement). Signe des temps sans doute, on ne pourra pas s'empêcher de noter que ce podium-ci ressemble à s'y méprendre au podium des meilleures séries de l'année 2007, preuve s'il en était encore besoin que parvenir à durer ne fait pas tout.

    Quelques remarques encore :

    - arrêtée en janvier 2013, Fringe s'en sort franchement bien. Dans cette catégorie, comme sur l'ensemble de la compétition.

    - How I Met Your Mother réussit la performance d'échouer au pied du Top 5 alors qu'elle n'est même pas encore terminée. Je n'ai pas encore commencé la dernière saison, mais elle doit être foutrement mauvaise.

    - saluons enfin la cohérence de nos charmants lecteurs, qui accordent quinze voix à Whitney et sept à The New Normal, deux séries largement plébiscitées durant les précédentes éditions des Drawas, auxquelles ils ont visiblement souhaité rendre un ultime hommage.


    WGTC? Drawa Spécial de la série qui a tout pompé sur une autre
    SLEEPY HOLLOW (19)


    2.  Under the Dome  (16)
    3.  Arrow  (15)
    4.  Platane  (14)
    5.  The Black List  (11)

    Une catégorie qui vous a peu inspirés, alors qu'il y avait tout de même l'embarras du choix tant l'originalité n'aura pas été la principale qualité de ce cru 2013. En ce sens, Sleepy Hollow est une lauréate d'autant plus logique que, visiblement appréciée des lecteurs du Golb, elle n'a été citée dans aucune autre catégorie. Elle est d'ailleurs la seule dans ce cas.


    WGTC? Drawa Spécial du beaucoup de bruit pour rien. 
    MARVEL AGENTS OF S.H.I.EL.D. (29)

     
    2.  Top of the Lake  (17)
    3.  Homeland  (14)
    4.  Tunnel  (13)
    5.  Devious Maids  (10)

    C'était logique, et dans le même temps un peu facile - limite salaud. Les chaînes US ayant fini par comprendre qu'être "la série la plus attendue de la rentrée/de l'été/du mois/de l'année"était plus un fardeau qu'autre chose, Agents of S.H.I.E.L.D. se retrouve à payer les pots cassés, ayant été l'une des seules en 2013 à être précédée d'un vrai gros buzz (presque involontaire, du reste : une série estampillée Marvel + Avengers + Whedon n'avait pas besoin de grand-chose de plus pour attirer les curieux...) Signe qui ne trompe pas, on retrouve surtout derrière elle des titres relativement établis mais continuant à faire du bruit à tort ou à raison (Homeland, Breaking Bad, Game of Thrones), sans oublier le 50e anniversaire du Doctor Who (en septième position), qui a visiblement déçu quelques lecteurs. Seule véritable anomalie de ce classement, la place enviable (enfin, ça dépend pour qui...) de Devious Maids, qui ne me paraissait pas avoir tant fait parler d'elle. Il faut croire que certains sont accros au Twitter de Marc Cherry.


    WGTC? Drawa Spécial du personnage locomotive, sans lequel sans série apparaîtrait pour ce qu'elle est : une sinistre bouse.
    BARNEY STINSON - How I Met Your Mother (26)


    2. Phil Dunphy -  Modern Family  (22)
    3. John Luther - Luther  (21)

    Si l'on précise d'emblée que derrière ce podium (largement en tête) se trouvent également Sheldon Cooper, Patrick Jane, Walter Bishop et Rumpelstilskin... autant dire que l'Académie des Drawas n'a pas fait dans la folle originalité pour honorer cette nouvelle catégorie. Reconnaissons cependant qu'à l'heure où How I Met Your Mother s'apprête (enfin !) à tirer sa révérence, il était plus que temps de rendre hommage à son meilleur personnage - devenu "son unique personnage" depuis facilement quatre ans maintenant.

    A noter que le seul personnage d'une série récente à avoir accroché le top 10 se trouve être Michael J. Fox. Mais parlons-nous vraiment du personnage ? Probablement pas, si l'on considère que presque tous les votants ont commis le même coupable (mais compréhensible) lapsus : dans The Michael J. Fox Show, Michael J. Fox s'appelle Michael... Henry. Allez comprendre.


    WGTC? Drawa Spécial de la série dont les dialogues donneraient presque envie de la regarder en VF, des fois que.
    REVOLUTION (28)




    2. Banshee (24)
    3. Fringe (16)
    4. Arrow (13)
    5. The Black List (13)

    Inutile de nier : vous venez tous de pousser un grand "ouf" de soulagement. Depuis le début, comme tout être humain normalement constitué, vous vous demandiez vous aussi comment il était possible que Revolution, grande gagnante de l'édition 2012 avec six prix, soit devenue la grande oubliée de l'édition 2013.

    Très honnêtement, je ne saurais pas garantir que les dialogues de Revolution soient pire que ceux de Banshee (mon vote) ou de The Michael J. Fox (6e au général). Mais tout est tellement pourri dans cette série que je suis tout à fait prêt à vous croire sur parole (même si je trouve assez inquiétant que vous continuiez à la regarder).

    Impossible enfin de passer à la catégorie suivante sans applaudir au chant du cygne de Fringe, dont la médaille de bronze est amplement méritée tant elle fut affublée, cinq années durant, de ce qui s'est probablement fait de pire en la matière. Dommage qu'elle se soit achevée en tout début d'année et que beaucoup l'ait malencontreusement oubliée dans leurs votes ; elle aurait facilement pu prétendre au titre.


    WGTC? Drawa Spécial de la série qui montre des fesses quand elle ne sait plus quoi raconter  
    GAME OF THRONES (37)



    2. True Blood (22)
    3. Strike Back (17)
    4. Californication (14)
    5. Castle (12)

    Au cas où certains se poseraient la question : non, l'image ci-dessus ne représente pas une ceinture de chasteté. Pas du tout. Ou alors, c'est vraiment le meilleur easter egg de tous les temps. Parce qu'avec Game of Thrones, comment dire ? On tient quelque chose qui changera à coup sûr l'histoire du porno, à défaut de celles de la télé ou de l'heroïc fantasy. Deuxième de la catégorie en 2011, lauréate en 2012, la série du HBO établit un nouveau record de points cette année et postule déjà au titre pour les deux saisons à venir. Derrière elle et malgré d'innombrables efforts, même True Blood est larguée, qui réalise le même score et atteint la même place que l'an passé. En embuscade, Strike Back montre beaucoup de cul (presque autant que les deux autres) mais pâti de son manque de visibilité, tandis que Castle... euh... je ne sais pas trop ce qu'elle vient faire là, en fait, vu que je ne la regarde pas. Mais je suis sûr qu'il y a une bonne raison.

    Sinon, Californication existe encore. Je sais que je l'ai déjà écrit plus haut mais décidément, je n'en reviens pas. En tout cas, je devine pourquoi certains continuent à regarder.


     WGTC? Drawa Spécial de la série qui ferait mieux de montrer des fesses plutôt que de raconter n'importe quoi
    DEXTER (33)



    2.  Scandal  (25)
    3.  Under the Dome  (17)
    4.  Hostages  (14)
    5. Falling Skies (12)

    De même qu'on parle de nouvelles tranches d'impositions, on peut désormais parler grâce à la dernière saison de Dexter de nouvelle tranche de n'importe quoi. En toute objectivité, c'était assez difficile de rivaliser au vu ne seraient-ce que des trois derniers épisodes, et on peut dire que Scandal a fait mieux que jouer les sparing-partner (mais il est vrai que le show de Shonda Rhimes est particulièrement épicé. En terme de n'importe quoi).

    Derrière ce véritable combat des chefs, personne n'a vraiment su tenir la cadence, certains votes m'ayant paru (autant être honnête) assez absurdes (je veux bien qu'on n'aime pas The Newsroom... de là à dire qu'elle raconte n'importe quoi... à mon avis c'est plus une histoire de voir les fesses d'Olivia Munn...) Mention spéciale en revanche aux onze lecteurs ayant classé The Bible dans cette catégorie.
    C'est certes un peu blasphématoire, mais c'était bien vu.


    WGTC? Drawa Spécial de la série que ta belle-mère regarde en croyant être branchée, la pauvre, et dont elle se sent obligée de parler à table parce qu'elle sait que toi, tu t'y connais trop à mort en séries télé
    NCIS (20)


    2.  House of Cards  (16)
    3.  Tunnel  (14)
    4.  Maison close  (13)
    5.  Touch  (12)

    Pfffffiou... il y en a dont les repas de famille doivent être sacrément déprimants. Entre ceux qui se retrouvent pris dans un débat sur NCIS (!!!) et ceux qui voient leur belle-mère vanter les mérite de Maison close (creeeeeeeepy...), on aurait presque envie que tout le monde se mette à regarder House of Cards, non ? Vous avez raison : non.


    WGTC? Drawa Spécial de la série dont on sait après cinq minutes du pilote qu'elle ne verra pas 2014
    CULT (21)


    2.  Under the Dome  (15)
    3.  Monday Morning  (13)
    4.  The Crazy Ones  (12)
    5.  Back in the Game (11)

    Comme chaque année, cette rubrique a donné lieu à une émouvante valses aux hypocrisies durant laquelle chacun aura joliment fait semblant d'avoir toujours su que telle ou telle série allait vite être annulée. A leur décharge, reconnaissons cependant que dès le pilote (aux audiences catastrophiques) il y avait effectivement très peu de chances pour que Cult voie jamais 2014 (comme de juste, elle ne vit même pas la fin de sa première saison). Idem concernant Under the Dome... bah oui, mais non : contre toute attente, on apprenait il y a quelques semaines que celle-ci aurait bel et bien une seconde saison. Pas sûr cependant qu'il faille s'en réjouir, vu le nombre de fois où elle a été citée depuis le début de cet article.


    WGTC? Drawa Spécial de la série qui s'apprête à voir 2014 sans que quiconque soit en mesure d'expliquer comment
    THE CRAZY ONES (28)


    2.  Revolution  (25)
    3.  Dads  (18)
    4.  The Black List  (14)
    5.  The Mindy Project  (13)

    Le plus étonnant, ce n'est pas tellement que The Crazy Ones ait pris l'ascendant sur Revolution dans les dernières heures du scrutin. Après tout, pourquoi pas ?

    Non : le plus étonnant, c'est l'avance considérable que ces deux séries ont sur les autres, alors qu'il y avait franchement de quoi faire cette année. Pensez donc que Dads a eu plus de trois épisodes, que The Black List en aura vint-deux et que Braquo, juste au pied du Top 5, s'apprête à entamer sa troisième saison. A côté, le très mauvais come-back de Robin Williams et Sarah Michelle Gellar aurait presque l'air attachant...

    Sinon, c'est bien The Mindy Project ?
    (non non, ne répondez pas.)


    LES GRANDS DRAWAS
      
    Grand WGTC? Drawa des lecteurs du personnage le plus dépressif de l'année, qui certes d'accord, ok, a une vie de merde - mais quand même : un sourire n'a jamais tué personne
    WILL GRAHAM -  Hannibal  (26)


    2. Nick Brody -  Homeland  (16)
    3. Don Draper -  Mad Men  (12)
    ". Robin Griffin -  Top of the Lake  (12)
    5. Megan Draper -  Mad Men  (11)

    Cela n'enlève rien ni à la qualité de la série, ni à l'intensité de la prestation de Hugh Dancy, mais il est clair qu'au bout de quatre minutes du pilote de Hannibal, toute l'Académie des Drawas savait qu'elle tenait un champion. Will Graham a-t-il même vaguement esquissé (ou songé à esquisser) un sourire en treize épisodes ? Peut-être, mais si c'est le cas, c'était discret et ç'a échappé à tout le monde.

    A part ça, j'espère que pour vous que vous avez déjà vu la dernière saison de Mad Men, car les résultats de cette catégorie pourraient presque être classés en spoilers.


    Grand WGTC? Drawa de la série qu'il fait bon citer, même si en fait, tu ne l'aimes pas tant que ça et que d'ailleurs, la dernière fois, tu t'es endormi devant
    TOP THE LAKE (23)


    2.  Treme  (21)
    3.  House of Cards  (14)
    4.  Mad Men  (13)
    ".  Masters of Sex  (13)

    N'y allons pas par quatre chemins : pour détrôner Treme dans cette catégorie, il fallait repousser les limites du lent, du contemplatif, du plan gratuit et interminable sur des zolis paysages. Seule une grande cinéaste pouvait relever un tel défi, et Jane Campion n'a pas déçu. Pour vous dire : il y a même un lecteur qui a classé Top of The Lake dans la catégorie "il était temps que ça s'arrête", alors qu'il n'y a que six épisodes ! Si vous avez encore envie de jeter un oeil à cette mini-série (qui n'est même pas mauvaise, en plus), vous voilà prévenus.


    Grand WGTC? Drawa de l’invraisemblance
    SCANDAL (24)


    2.  Revolution  (21)
    3. Dexter  (19)
    ".  Doctor Who  (19)
    5.  Bates Motel  (13)

    Il en aura fallu, des complots, des rebondissements, des coucheries, des retournements, des coucheries, des coups de théâtre et des coucheries pour qu'enfin, Scandal parvienne à inscrire son nom au palmarès d'une catégorie où elle fut jusqu'ici toujours appelée - jamais élue. Merci à Canal +, probablement, qui a eu la bonne idée de mettre en lumière une série qui n'intéressait à peu près personne en France jusque là. En espérant qu'elle diffusera toutes les saisons pour encore longtemps.

    Derrière, R.A.S. ou presque : Revolution tient son rang, Dexter confirme la nullité absolue de son ultime chapitre, et la seule véritable surprise sera le tout petit score de Hostages (neuvième), coulée dans le même moule que Scandal et qui aurait mérité plus d'égards. La saison 7 de Doctor Who ne contenait pour sa part pas plus d'incohérences que n'importe laquelle des deux précédentes, mais on peut imaginer qu'elle paie l'acharnement de Steven Moffat à imposer des histoires de voyages dans le temps et de boucles temporelles à la con, flanquées de résolutions encore un peu plus con.

    On admettra enfin que tout cela manque un peu, comment dire ? De poésie ? De folie ? Personnellement, je regrette l'absence de n'importe quoi jouissif, sympathique, comme en proposait les précédentes lauréates dans cette catégorie (Ringer et American Horror Story). A moins que cet aspect ne soit en fait totalement phagocyté par la catégorie suivante.


    Grand WGTC? Drawa de la série que sa médiocrité rend incontournable
    ONCE UPON A TIME (27)
     

    2.  Les Mystères de l'Amour  (26)
    3.  Arrow  (16)
    4.  Revolution  (13)
    5.  Plus belle la vie  (11)

    Même si j'ai commencé à regarder la série depuis peu, j'avoue que je suis bluffé de constater que Once Upon a Time a réussi à remporter ce prix trois années de suite. Non que cela me semble inenvisageable : c'est tout simplement qu'à part mon amoureuse et moi-même, je ne connais absolument personne qui la regarde. Même dans les commentaires du Golb, elle n'apparaît jamais. Ce doit être un plaisir sacrément coupable, pour vous.

    Pour le reste, nous avions salué l'an passé la redoutable performance des Mystères de l'Amour. Pour cette nouvelle édition, le chef-d’œuvre meta de Jean-Luc Azoulay fait encore mieux, attrapant au vol la médaille d'argent et passant à un tout petit point d'un l'exploit historique. Et vous savez quoi ? C'est mérité. Parce que les Mystères de l'Amour, c'est vraiment cool.

    Concernant la suite du classement, Arrow accroche une troisième place elle aussi méritée, tandis que The Vampire Diaries sombre dans les limbes malgré le lobbying permanent auquel on se livre par ici. Par pudeur, on ne fera aucun commentaire quant à la place de Plus belle la vie. Ni celle, plus infâmante encore, de Revolution. Je rappellerai juste à toute fin utile que les votes sont anonymes.


    Grand WGTC? Drawa du personnage le plus con de l'année
    ERIC JUDOR -  Platane  (23)


    2. Angel Batista -  Dexter  (21)
    3. Joffrey Baratheon -  Game of Thrones  (14)
    4. Jon Snow -  Game of Thrones  (12)
    5. Ryan Hardy -  The Following  (11)

    C'est une petite révolution copercienne : pour la première fois depuis sa création, le Grand Drawa du personnage le plus con de l'année est attribué à un personnage qui l'est de son plein gré (enfin : du plein gré de ses auteurs). Anticipons tout de suite la polémique qui ne manquera pas d'enflammer les réseaux sociaux dans les jours qui viennent : c'est une excellente nouvelle. Non qu'il s'agisse de dénaturer l'un des prix les plus représentatids de la cérémonie ; reconnaissons juste que dans le genre, le double télévisé d'Eric Judor est l'un des plus fabuleux cons de série qu'on ait vus depuis très, très, trèèèèèèèèèèèèèèès longtemps. Un con hilarant, un con jubilatoire, un con un peu connard, un gros con parfois... bref : un beau et grand gagnant qui fera à coup sûr la fierté de la fiction française dans les années à venir.


    Grand WGTC? Drawa de la plus mauvaise série de l'année
    DEXTER (29)



    2.  Arrow  (18)
    3.  Dads  (17)
    4.  Mom  (15)
    5.  Revolution  (11)

    Étant entendu que Dexter ne serait plus jamais potable, il fallait que ses scénaristes frappent un grand coup pour son ultime saison. Ce fut fait, et bien fait : feu d'artifice de connerie, d'invraissemblances, d'idées nauséabondes sous une apparente bonhommie, Dexter a réussi en plus de tout le reste à offrir ce qui restera probablement comme l'un des pires series finale de tous les temps. A hauteur de Drawas, cela s'apparente donc à une victoire confortable et à quelques records battus. Ainsi, jamais une série ayant plus de trois saisons au compteur n'avait remporté autant de prix la même année, de même que jamais la "pire série de l'année" n'avait été élue avec autant d'avance sur sur ses concurrentes. Des mois plus tard, on n'a tout simplement toujours pas réussi à trouver une personne capable de défendre la fin de Dexter sans éclater de rire (ou en sanglots - la différence est souvent ténue... surtout au sein de l'Académie des Drawas).

    Pour un peu, on en oublierait presque la suite du classement, la seconde place étonnante d'Arrow, le bide de Revolution (pourtant tenante du titre), ainsi que les lourdes défaites de The Following et Hostages qui, malgré de gros efforts pour proposer le spectacle le plus affligeant possible, quitteront la cérémonie sans la moindre statuette. 


    WGTC? Drawa Spécial de la rédaction, dit "du commentaire le plus teigneux/salaud/cruel/drôle/tout ça à la fois"
    MARGAUX, pour son terrible:

    «  Kerry Washington, parce que n'importe quelle émotion entraîne un tremblement de ses commissures  »


    Sur ce, merci à tous les membres de l'Académie des Drawas pour leurs votes sans complaisance et leur légendaire impartialité. Rendez-vous l'année prochaine pour de nouvelles aventures.

    Immolation par le Réel

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    [Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°110]
    À l'origine - Benjamin Biolay (2005)

    Ce n'est un secret pour personne que Biolay a la carte sur ce site. Comme plein sur d'autres, sauf qu'il l'a depuis bien plus longtemps et l'aura encore quand la concurrence, dans sa course effrénée à la hype, aura jeté son dévolu sur la nouvelle prochaine star de la chanson française - si tant est que cette expression ait réellement un sens. Après tout, c'est bien parce qu'il est un artiste pop, avec tout ce que cela sous-entend de force et de faiblesse, de cynisme et de virtuosité, que Biolay a toujours été vénéré par-ici.

    Lui et moi, c'est une histoire ancienne. Ancienne, plus ancienne encore que son premier album. Et compliquée. Une histoire d'avant l'Internet-roi et d'avant la gloire. Une histoire qui ne se raconte pas vraiment et que je ne vais d'ailleurs pas entreprendre de narrer par le menu. Cela n'aurait aucun intérêt. Il mérite mieux que cela, même lorsqu'il se roule dans le stupre et pêche par paresse - ce qui lui arrive souvent. Biolay occupe aujourd'hui une place à part, dont il n'a sans doute pas voulu mais qui dans le fond lui va plutôt bien : il est un baromètre. De la pop francophone comme de celui qui l'écoute. Encore plus depuis qu'il est devenu une star, ce dont on ne peut que se féliciter car nom de Dieu : comment ne pas se féliciter qu'un génie vende des disques, a fortiori dans un pays comme le nôtre qui compte assez peu de génies, dès lors qu'il s'agit de pop music. Bien sûr, il faut s'entendre sur le terme génie. Biolay est un génie de la pop comme Balotelli est un génie du foot : j'menfoutiste, parfois franchement couillon et capable de se vautrer dans la plus grande facilité. En ce sens - et ça me fait un peu chier de donner raison à Télérama - il est en effet le plus digne héritier de Gainsbourg, dont on oublie souvent de rappeler qu'il n'a jamais rechigné à verser dans le plus putassier, le plus indigent, le plus facile, le plus racoleur - dans des proportions que Biolay n'atteindra probablement jamais. Benjamin est de ces génies-là, de ces mecs pour qui tout est tellement facile qu'ils peinent parfois à reconnaître un challenge digne de ce nom, qu'ils confondent leur orgueil avec de l'ambition parce que même s'ils ont généralement la plus médiocre opinion d'eux-mêmes, les deux se mélangent inexorablement dans leur esprit embué. Il n'est pas ce génie infaillible qui ne fait dans le fond fantasmer que ceux qui ne comprennent pas à quel point être plus doué que tout le monde est un sacerdoce ; il est ce génie un peu inapte, un peu fragile, conscient de ce qu'il est (donc connard presque par définition) mais trop friable pour en être à la hauteur (donc humain presque par essence).


    À l'origine, ce troisième album tellement brillant qu'on ne sait jamais trop par quel bout le prendre, est à l'image de ce paradoxe. Suffocant de mégalomanie et étonnant de fragilité, comme si les ambitions ne servaient qu'à cacher le petit garçon fragile qui traîne sa mélancolie tel le proverbial boulet. Invraisemblablement, il oscille entre glam et lo/fi, tape-à-l’œil et coup de couteau dans le cœur, second degré morveux et romantisme presque naïf. Album un peu mal aimé, il a essuyé en son temps les commentaires polis et un peu gênés qu'essuient tout les disques marquant une rupture esthétique avec ce qu'on avait coutume d'attendre de leurs auteurs : plus sombre, plus expérimental, plus personnel. En réalité, c'est surtout un cas d'école de tabula rasa, après deux albums très élégants, soyeux et, oui : un peu lisses. Aux morceaux pop feutrés et aux chansons folks joliment habillées succèdent quatorze titre anxieux et urbains qui ne crachent sur rien et absorbent tout ce qui passe : gloubiboulga de boucles, À l'origine invente son propre langage. House à textes, variété noise, hip-(power)-pop... on pourrait inventer un sous-courant musical pour chacune de ses compos - tant pis pour ceux qui trouveront le résultat un brin éclaté. On les comprend, et parmi les innombrables reproches régulièrement faits à Biolay, celui de sauter d'un genre à l'autre sans crier gare est sans doute le plus pertinent, particulièrement sur cet album. Oui, Biolay donne l'impression de vouloir être Gainsbourg ET Dominique A ET Bashung ET Miossec ET Ferré ET Ferry ET Lou Reed. Parfois au sein du même morceau. S'il n'a jamais su - à ce jour - publier de chef-d’œuvre absolu, c'est en grande partie faute de toujours vouloir trop en mettre sur chaque disque, voire dans chaque morceau. La tendance s'accentue d'ailleurs à partir de cet ouvrage bien nommé qui fera office de matrice aux suivants, tous aussi éparses, versatiles et inconstants, quand les deux premiers avaient au moins le mérite de se distinguer par une apparente cohérence. Entre les samples, les chœurs, les cordes et les trois cents influences dont un tiers sont antinomiques, À l'Origine peut parfois filer le tournis (et encore cet album-ci renferme-t-il relativement peu de guests).

    Passe-t-on pour autant son temps à se demander où est Benjamin dans tout ça ? Pas vraiment, non. Tandis que certains albums volontiers hétéroclites rattrapent tout avec la prod, celui-ci choisit l'option contraire et compense par une unité de ton. À l'origine sent l'ennui et l'anxiété, la frustration mal assumée et les plaisanteries faussement cyniques que l'on balance en espérant que personne ne réalisera à quel point on se sent mal à l'aise. Simulation de dandysme, simulation de débauche, simulation de résignation. On le sait bien, que les plus grands décadents étaient avant tout d'incurables romantiques immolés par la réalité. Pas un vers de ce disque de rupture avec soi-même qui ne chante autre chose. Cet autisme consenti. Cet enfermement, cette solitude au milieu de la foule. Ce besoin de se protéger contre le monde et cette envie dévorante d'en faire partie - à moins que ce ne soit l'inverse. Difficile à dire quand dans les meilleurs moments de l'album, l'une et l'autre pulsion se confondent en un même mal être - une même incompréhension de ce qui fait tourner leur monde à eux. Ces autres qui ne sentent ni "à louer" ni "à vendre". Qui ne se sont même jamais posé la question.



    Trois autre disques pour découvrir Benjamin Biolay

    Rose Kennedy (2001)
    Trash Yé-yé (2007)
    La Superbe (2009)

    Just Ruin It

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    [Mes disques à moi (et rien qu'à moi) N°111]
    Types of Wood& I Fucked up Types of Wood - Whirlwind Heat (2006)

    Pile ou face ? La bourse ou la vie ? Fellation ou cunnilingus - non, tu n'as pas le droit de répondre 69. Comment peut-on sincèrement aimer le 69, d'ailleurs ?

    Les trois zozos de Whirlwind Heat sont des psychopathes. Ça ne date pas de la semaine dernière et c'est bien pour cela que a) ils seront vénérés par ce blog jusqu'à la fin de leurs jours, et b) ils n'ont jamais eu le plus petit commencement de vague succès, même poussés par Jack White au moment où celui avait atteint le zénith de sa notoriété. Certains groupes ne percent jamais parce que la vie est injuste, le système dégueulasse et les auditeurs des mongoliens doublés d'incultes. D'autres sont juste trop bizarres, trop barrés ou s'en branlent - les trois options étant valables dans ce cas précis(nous parlons tout de même d'un groupe dont l'un des meilleurs morceaux raconte un passage à la banque du sperme). Jouer du rock'n'roll sans guitare, c'est typiquement le genre d'idée géniale qu'on a à dix-sept ans après le split de son deuxième groupe et qui, bien heureusement, ne prête pas à conséquence. Whirlwind Heat a bâti un son à partir de cette idée conne comme une coupe au bol, et s'y tient bon an mal an depuis. C'est un détail monstrueux, un truc stupide et un brin superficiel qui concorde à en faire l'un des plus grands groupes contemporains et de très loin. Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque l'on écoute Whirlwind Heat, on ne songe à aucun moment audit détail ; pour l'anecdote, au moment d'écrire cet article, je l'avais presque totalement occulté. C'est en fouillant dans mes vieilles notes que je me suis rappelé qu'effectivement, ce power trio au son dément n'avait pas de guitariste. Fuck alors.


    Fuck, la transition est toute trouvée. I Fucked up Type of Wood est le titre de l'un de ces deux disques siamois, mais il va sans dire qu'I am Fucked up sera le titre de la bio non-autorisée de ce groupe gentiment dérangé. Cela ne suffisait sans doute pas de virer la guitare, d'avoir un nom imprononçable même pour certain de ses compatriotes, de jouer des shows complètement cintrés et de publier un premier opus qui pourrait à lui seul faire office de blind test sur le thème des couleurs. Ce n'était pas encore assez de publier un EP fulgurant composé de chansons noise d'une minute ni de torcher toute les scènes revival post-punk et garage et pop et Dieu sait quoi en quelques titres - non non non et non : il fallait trouver plus déviant, plus idiot et plus génial. Ce sera donc fait avec un deuxième album fabuleux, distordu, virtuose. Un OVNI pop basé à 99 % sur des rythmiques élastiques et des textes farfelus, soutenu par un tube aspergerien de toute beauté ("Reagan") et étalant une collection d'hymnes popoïdes sans issue. Hétéroclite, beuglard, complètement expérimental mais absolument pop, Types of Wood peut se vanter d'être un des rares albums des années 2000 à ne ressembler quasiment à rien (ou à Devo, peut-être... mais c'est pareil, non ?), tout en paraissant dans le même parfaitement cohérent voire familier. Plus qu'au parrain Jack White, c'est à Beck - qui leur offrit d'ailleurs sa première partie - que l'on pense parfois, moins pour le son que pour la capacité qu'il avait il y a deux cents ans à nous faire attendre l'imprévu (qu'il disait). Le Beck psychédélique et hystérique de Stereopathetic Soul Manure et Odelay, donc - ceci allait sans dire. Comme lui, Whirlwind Heat arrive sur cet album à surprendre au minimum une fois par chanson sans jamais donner le sentiment de tomber dans le procédé : Types of Wood est éclatant de maîtrise, brillant par la virtuosité de sa section rythmique et la solidité de mélodies qui, même vaguement crachées dans le micro ("Gene Pool Style", "Uptight") si ce n'est carrément braillées ("Air Miami"), attrapent l'auditeur par le colbac pour ne plus jamais le lâcher. Le premier opus du groupe était réussi et excitant ; de Types of Wood, on tombe immédiatement amoureux, pour un peu qu'on n'ait jamais développé une aversion naturelle pour la pop tordue et le punk synthétique (si, ça existe, juré - cf. "Slugger" ou la démente "Umbrella People").


    Concernant I Fucked up Types of Wood, son jumeau maléfique et bottleneck, les théories divergent. Dans le fond, si on a bien compris que l'un des deux était supposé avoir été foiré, on n'a jamais trop compris si le Types of Wood foiré était l'original qu'il fallait rehausser, ou son extension qui dès lors n'aurait plus été qu'une chute - la version ratée du chef-d’œuvre susmentionné. Aucune importance évidemment, puisque tout cela est on ne peut moins sérieux et que les deux sont on ne peut plus brillants. En délivrant une version lo/fi de son deuxième album, oscillant entre blues épais ("I Fucked up Air Miami") et torch song cradingue avec One Foot in the Grave en ligne de mire ("I Fucked up Reagan" est plus Beck que n'importe quelle chanson de Beck des dix dernières années), Whirlwind Heat prouve surtout, avec juste ce qu'il faut d'(auto)trahison et de mauvaise foi, qu'une bonne chanson est une bonne chanson, quels que soient les outrages qu'on lui fasse subir. Entendons-nous bien : il ne s'agit en aucun cas de balancer de vulgaires versions acoustiques des morceaux de Types of Wood ; ce serait trop facile et surtout beaucoup trop normal. I Fucked up Types of Wood est une relecture complète et improbable de l'album "pas foiré" (ou totalement chié) ; changements de tempos, interprétation radicalement différente et largement parodique (voir "I Fucked up Up-tight" et son chant ultra affecté)... I Fucked up... a beau avoir tout d'une blague, il est une blague géniale ne devant son statut d'EP qu'à sa publication discrète un soir de Noël. Pour le reste, quelqu'un découvrant les chansons en l'état les aimerait tout autant que leurs versions électriques-à-pogo ("I Fucked up Umbrella People" et son kazoo étant quasiment irrésistible... et que dire d'"I Fucked up the Sound Is Round", dont les parties délirantes au vocoder mériteraient d'être remboursées par la CPAM ?...) Ce n'est évidemment pas l'album essentiel du groupe, puisqu'il lui ressemble volontairement si peu, mais c'est en quelque sorte son existence (et le fait qu'il se suffise à lui-même) qui achève d'en faire un groupe à part, aux ressources inépuisables - en tout cas moins épuisables que chez d'autres dont on taira les noms (acte de compassion s'il en est tant 90 % de la production contemporaine semble fade à côté de Whirlwind Heat). On a tout à fait le droit de préférer le second au premier, ou le contraire. Ils composent les deux faces d'une même pièce foufou-furieuse, même si je ne vais pas vous mentir : il me semblerait presque aberrant qu'on puisse ne pas les chérir tous les deux.


    Trois autres disques pour découvrir Whirlwind Heat : 

    Do Rabbits Wonder? (2003)  
    Flamingo Honeys (EP/2004)
    Scoop du Jour (2008)

    Cheveu - Bientôt la coupe à la mode

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    C'est bizarre, un groupe qui change de dimension - et donc, petit à petit de public. On sait que ce genre de chose existe. On a lu des articles et même quelques livres qui le racontaient. Mais le voir de ses yeux, c'est autre chose. Ni bien ni mal. Cela ne crève pas plus le cœur que cela ne génère d'exaspération. C'est juste étonnant. Musicalement, sociologiquement étonnant.


    Plus de trois ans qu'on n'avait pas eu l'occasion de voir Cheveu sur scène. À l'époque, le groupe campait à Mains d’œuvre, avait un album tout lo-fi et dégueu et grandiose à son palmarès, un autre dans les fourneaux qu'on attendait désespérément en se demandant s'il paraîtrait un jour. À force, on avait fini par en connaître tous les morceaux longtemps avant de le tenir entre nos mains. Il avait l'air génial. Il s'est avéré l'être. Et trois années ont passé, comme ça : flock. Ou pschit. Ou autre chose. Il y eut 1000, cet album somptueux, dérangé, qui mit à peu près tout le monde d'accord. Le secret ("Cheveu est le meilleur groupe français en activité") n'en était plus tout à fait un. Il y eut, encore, des commentaires élogieux - plein. Une ou deux couv' de trucs certes spécialisés (mais quand même, quoi : des couvs. Un groupe français. Qui fait plein de bruit.) Des articles jusque dans Télérama. Des concerts – tout le temps. Un genre de reconnaissance (il y a dix ans – un peu plus – on aurait osé le mot "succès"). Et alors qu'on commençait à peine à digérer 1000 arrive Bum. Un autre album dérangé. Une autre excursion, d'autres couleurs, dont on savait déjà au bout d'une écoute qu'on ne ressortirait pas un indemne non plus. Un truc plus propre, faussement plus mûr. Plus posé, mais seulement en surface. Et une release party à la Maroquinerie devant un public qu'on ne reconnaît qu'en partie. Plus le même look. Plus le même âge. Plus le même milieu. L'assemblée, joyeusement hétéroclite autrefois, semble plus compacte, et son excitation plus mesurée. Celle du groupe aussi, en un sens. Les montagnes russes noise demeurent mais ce n'est plus la même anarchie – ce n'est d'ailleurs plus tout à fait une anarchie. On se rappelait un groupe dégueulant de bruit et de fureur, parfois difficilement supportable au-delà de trente minutes. On retrouve des gens particulièrement rompus à l'exercice de la montée en puissance, face à une assemblée qui grimpe vers l'orgasme final d'une allure presque tranquille.


    Si Bum est a priori un album plus pesant et – par moments – plus sombre (voir « Polonia » ou la redoutable « Monsieur Perrier »), ce n'est pas forcément ce qui saute le plus aux oreilles ce soir. Au contraire, les nouveaux titres s'agglomèrent à la perfection aux plus anciens, affichant une cohérence que d'aucuns auraient plutôt tendance à refuser de prime abord au groupe, étourdis sans doute par l'apparence foutraque de ses disques. Maître de son sujet (comme disent les mauvais journalistes sportifs. Et même les bons, maintenant que j'y pense), Cheveu profite d'un son délicieux pour étaler son magma dissonant sur des tartines de pop, le bruit ne couvrant l'efficacité des mélodies que par intermittence ou lorsque ses interprètes s'emballent. Ce qui arrive, semble-t-il, moins que par le passé – du moins durant le premier tiers du concert. Crispation peut-être. Kilomètres qui s'accumulent au compteur, éventuellement. S'il est toujours aussi habité, David Lemoine semble moins surexcité que l'espèce de moulin à parole abscons dont on gardait le souvenir, et la musique suit un chemin à peu près identique : elle opte pour la succession de convulsions plutôt que pour la crise d'épilepsie perpétuelle.


    C'est différent. C'est bien. Le groove est vraiment terrifiant par instants, comme sur cette « Madame Pompidou » à couper le souffle, post-punk zoulou fendu de part en part par des breaks dignes de la pire techno de supermarché. S'il y a un tournant au concert, c'est ici. Pas pendant « Charlie Sheen », « Like a Deer in the Headlights » ou autre incontournable du groupe. Pas non plus au moment d'une des pépites du dernier-né (qui n'en manque pas, ses trois premiers titres composant l'une des entames d'album les plus remarquables qu'on ait entendues depuis des lustres), ni d'un des deux ou trois passages paraissant écrits dans l'unique but d'envoyer la purée en live (« Juan in a Million », « Albinos »...). Non : pendant « Madame Pompidou ». Soit donc le titre le plus faible de Bum, un truc franchement irritant, peut-être la seule chanson dans toute la discographie du groupe dont les ambitions chelou sonnent forcées, trop théâtrales peut-être, à la r'garde-moi comme j'suis inclassable. Et là, comme ça, live, non seulement cela passe comme une lettre à la poste, mais c'est peut-être le meilleur moment du set, avec popotins qui roulent de consort et atmosphère un tantinet malsaine. Le décalage est amusant, d'autant que la réciproque fonctionne également : on ne peut pas dire que les meilleurs moments de Bum (notamment cette fameuse triplette « Pirate Bay » / « Slap & Shot » / « Polonia », dont on ne se lasse pas sur disque) soient les plus marquants de la soirée. Pour la première fois peut-être, Cheveu vient de publier un album qui ne gagne pas nécessairement à être passé à la moulinette live. Sa force devient, sur scène, sa faiblesse : il s'écoute. Se chante plus qu'il ne se braille. Sans jamais marquer de cassure brutale avec ses prédécesseurs, il ne s'appréhende pas de la manière, et dans le contexte d'un show où chaque intro fait grimper l'excitation générale, l'émotion réelle que suscitent certaines chansons se retrouve de fait un peu noyée dans le boucan ambiant. Dit comme ça, cela sonne un peu comme un reproche ; il est bien entendu que cela se veut un compliment. À chaque étape de son parcours, Cheveu semble un peu plus mûr, un peu plus solide – et son univers, un peu plus riche. À peine si l'on se rappelle aujourd'hui avoir découvert son premier album les yeux écarquillés en se demandant ce que c'était ce truc. Aujourd'hui, la réponse semble évidente pour à peu près tout le monde : le meilleur groupe français en activité.



    Bum, de Cheveu (Born Bad, 2014)


    (phrase évidemment très drôle, puisque je suis chauve. Poilante, même)


    J'ai oublié de te dire #1

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    Loi fondamentalement fondamentale régissant l'univers N°19765644 - Alinéa 6 : il ne faut jamais entreprendre de jeter ses vieux journaux intimes de quand on avait des cheveux, parce que l'on finit IMMANQUABLEMENT par les feuilleter et qu'au final, on ne les jette jamais. Or donc, je découvre que le 2 juin 1997, une certaine Julie (qui était-ce ?) m'a copié sur K-7 Either/Or d'Elliot Smith. Évidemment, lisant cela, je le réécoute (vous voyez l'engrenage infernal). Je n'écoute Elliott Smith qu'une ou deux fois par an. Pas parce que, comme d'autres, je le trouve déprimant. Je n'ai jamais vraiment ressenti cela. Au contraire. Il me transcende. Il est de ces rares songwriters qui m'emplissent, littéralement. De quelque chose de plus grand, de plus fort... de plus beau que moi. Si je l'écoute si peu, c'est parce que je le place au-dessus (au-delà) des autres. Je l'écoute peu comme j'écoute peu les Beatles, comme j'écoute peu les Stones, comme j'écoute peu Bowie ou Nirvana. Je l'écoute peu parce que le génie doit se consommer à petites doses pour être apprécié à sa juste valeur (et aussi - on le dit moins - pour ne pas pourrir les autres). Mais chaque fois que je l'écoute il y a ce même sentiment, je ne le retrouve jamais ailleurs - quand j'écoute les Beatles ou les Stones ou Nirvana ou Bowie. Si la perfection existait, il serait sans doute ce qui s'en approche le plus. Les mélodies, les harmonies. Les textes. La voix. Il est parfait et en même temps, il reste à échelle humaine. Either/Or n'est pas Sgt Pepper's. Il n'est pas un chef-d’œuvre écrasant l'auditeur de sa virtuosité, de son inspiration, de sa créativité. Either/Or peut s'écouter comme le disque pop le plus parfait des quinze ou vingt dernières années (et de loin), mais il peut aussi bien s'écouter comme le petit ouvrage folk intimiste qu'il est également. On n'est jamais intimidé devant lui. On ne se sent jamais obligé de l'aimer ni d'essayer de le comprendre. On le prend comme il vient - donc le plus souvent comme on peut. Donc le plus souvent de plein fouet. Smith était le petit génie près de chez vous. Il ne savait même pas qu'il était un génie. Il ne connaissait pas le calcul. Son premier album, il le donnait à tout le monde. Il le jouait en intégralité chez n'importe qui sur simple demande. J'imagine la tête des gens qui le voyaient débarquer et jouer "No Name #2" ou "Condor Ave.". Est-ce qu'il y a encore des gens comme lui aujourd'hui ? J'ai reçu Either/Or il y a déjà quinze ans. Je n'ai plus la K-7 mais maintenant que j'y pense, je crois que je me rappelle Julie. Je crois qu'aujourd'hui elle est mariée, a deux enfants et a liké Garou sur Facebook. Ou peut-être que je viens d'inventer ça pour ajouter un peu de tension dramatique. Ce que je sais, c'est qu'elle ne savait pas ce qu'elle m'offrait et que j'ignorais ce que je recevais.

    Say Yes by Elliott Smith on Grooveshark

    Colin Chloé - Là-haut, tout au bout de la patience

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    C'est le son qui frappe en premier. Ample, enveloppant. Ces guitares, ce jeu. Le Loner qui veille sur sa progéniture. Puis après - seulement après - la voix, chaude, qui vient tranquillement poser là des mots annonçant la couleur. "Il sort de la grange / Remets sa pelisse / Vérifie le mors / Resserre la selle / Retourne vers le hameaux / Où l'attend Jeanne / Dans un coin paumé / Dans la vallée / Loin du bruit inutile / De la ville vidée de la vie". C'est pesant. C'est bluesy. Plus que par le passé, mais aucun doute pour autant : on reconnaît instantanément Colin Chloé, vieille connaissance de ces pages, dont on était sans nouvelles discographiques depuis une sacrée paie. Quatre ans, en ce qui nous concerne. Six, pour ceux ayant découvert le remarquable Appeaux lors de son auto-parution en 2008. Précisément soixante-douze mois et, on l'imagine, un petit paquet de vies.

    Plus terrien1 donc fatalement plus rock, assez dur, même, par instants ("La Terre nous attend" ou le refrain tempétueux de "Fontaine"), ce second opus n'a pas usurpé son titre : Au ciel regarde en l'air plutôt que de barboter comme son prédécesseur dans la flotte. Il n'en est pas moins la suite évidente, limpide, et si Pascal Humbert (oui, le) a rejoint le casting à la basse, l’attelage est toujours mixé par l'immédiatement reconnaissable Bruno Green2 et a la bonne idée de ne pas (trop) s'écarter des sentiers boueux de son mémorable prédécesseur. Soit donc une folk électrique arrachée au temps. Soit encore un rock francophone comme on en entend à peu près plus jamais de nos jours, qui soigne la plume sans délaisser le son, ne se déballonne jamais à l'idée de filer une métaphore et sait envoyer la sauce par éclats (impeccable "Moulins"), pour mieux mettre en relief le grondement heavy qui compose le gros de l'album (voir "La Chapelle", meilleur titre d'un disque qui n'en compte que de bons). Mine de rien et sans - hélas - que cela paraisse intéresser grand-monde, Colin Chloé fait avec quelques autres (Kanche, Tue-Loup, Murat un album sur deux) partie d'un prestigieux club dont les membres savent encore conjuguer univers ruraux et esthétique sophistiquée, mélodies rugueuses et textes lettrés, folk anglophile et chanson française décomplexée. Il y a quinze ou vingt ans, dans la foulée d'un Miossec encore en groupe et pas encore zombifié, ces artistes-là semblaient en passe d'enfin redonner des couleurs (des sons) à la musique d'ici-bas, et alors un album du calibre d'Au ciel aurait-il fait frétiller les claviers de tout ce que le pays compte de journalistes. Aujourd'hui, le club voit sa fréquentation diminuer un peu plus chaque année, liquidé par des groupes de bourgeois parisiens persuadés qu'ils savent écrire en anglais et dont on ignore une fois sur deux s'ils sont d'Asnières ou de Portland - c'est une qualité, paraît-il (si si). En toute logique, Au ciel, son classicisme assumé, sa brillante adaptation de Perros ("Certains disent") et sa poésie pleine de pierres, sentiers, fontaines... n'ont plus tout à fait leur place dans ce monde-là, peu importe l'élégance et la qualité de l'ensemble - on sait bien qu'en 2014, ce qui n'est pas anglophone, catchy et branchouillard n'intéresse personne. En toute logique, l'incarnation physique de cet ouvrage-ci se fera sur Kiss Kiss Bank Bank - et à vot'bon cœur, m'sieurdames. On peut trouver cela étrange. Ou dommage. Ou s'en foutre. Ou se dire qu'un type chantant "Certains disent, très courageux : "J'aurai mon heure" / C'est à peine si je m'espère / Une seconde / Dans le grenier de mon voisin " doit probablement s'en ficher. On peut également aller chercher sa CB dans son portefeuilles pour donner une existence concrète à un très bel album, qui le mérite sans doute plus que d'autres tant sa prod léchée fait des merveilles lorsqu'on la colle à une vraie chaîne pourvue de vraies enceintes.



    Au ciel, de Colin Chloé (Hasta Luego Recordings, 2014)



    (1) Appeaux n'était qu'eaux, et l'on s'amuse de ce que la seule apparition marquante de l'élément liquide, dans cet album-ci, soit pour y laisser geler quelque chose.
    (2)Désormais je mets un euro dans un cochon-tirelire chaque fois que j'écris ce nom sans avoir consacré d'article à son propriétaire.

    Alphabetical - The Kids Are (almost) Alright

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    Tu les regardes et tu te demandes à quand remonte la dernière fois que tu as vu un groupe deux fois dans la même semaine. Tu te dis que c'est tout de même un sacré indicateur (même si tu n'es pas certain de savoir de quoi). Et puis tu réalises que ce n'est probablement jamais arrivé, ce qui du coup n'indique plus grand-chose - n'exagérons rien. Tu vas leur faire un article, déjà. C'est presque sûr, et plus le concert défile, plus le "presque" devient facultatif. Tout ça parce que tu te faisais chier un dimanche soir.

    L'acte 1 débute au Point Éphémère. Lorsque tu écriras l'article, tu n'oublieras pas de laisser entendre que c'est une animale intuition qui t'a conduit là, même si en fait, c'est ton amoureuse qui avait surtout envie de sortir (tu ne savais même pas que ce tremplin avait lieu, et l'aurais-tu su que tu n'y serais probablement pas allé - parce que soyons sérieux une seconde : les tremplins, c'est toujours très chiant quand ce sont les gosses des autres). Les groupes défilent. Quatre ou cinq, tu ne sais plus trop. Tu as loupé le début et à vrai dire, si rien ne sonne foncièrement désagréable à ton oreille, rien ne paraît particulièrement mémorable non plus. Tout cela est propre, net, sans bavure. Presque trop pro par instants ; trop rodé, trop carré, trop dans les clous. Tu commences à te dire que c'est moche, en fait, d'être "jeune" en 2014. Si c'est pour sembler évadé d'une pub Urban Outfitters ou jouer des trucs d'il y a dix hypes, autant devenir vieux tout de suite. Quand Alphabetical arrive, bon dernier (une évidence, rétrospectivement), tu as presque envie de te lever et d'aller leur faire des câlins. Déjà parce qu'ils semblent à peine sortis de leur œuf, mais surtout parce que tu es content de voir enfin des gens qui n'ont pas l'air d'avoir passé les dix dernières années à étudier des vidéos de leurs groupes préférés pour savoir comment bouger sur scène. Il a tout de même fallu attendre une bonne heure et demi pour voir dans un tremplin un groupe ressemblant à... un groupe de tremplin. Avec encore un peu de morve au nez et une émotion manifeste de fouler une scène qui, à défaut d'être grande, a vu passer quelques grands. Toi, si tu avais 18/20 ans et que tu jouais au Point FMR, tu n'aurais que des WOW PUTAIN dans la tête, et des OOOOOOOOH MON DIEU aussi, sans oublier quelques BORDEL LA DERNIÈRE FOIS QUE JE SUIS VENU ICI C’ÉTAIT J MASCIS À MA PLACE !!!!!!!!!).


    Les choses auraient pu se calmer une fois la musique lancée. Le problème des vrais jeunes groupes, c'est qu'ils sont souvent vraiment jeunes. Avec tout ce que cela comporte d'imperfection, d'incertitude, de recherches musico-identitaires parfois totalement vaines. Manière polie de dire que neuf fois sur dix, c'est nul. Les bonnes surprises arrivant toujours par pack de deux, ce ne sera évidemment pas le cas ici. Au contraire, dès les premières notes, le set d'Alphabetical est un régal, plein de promesses et dans le même temps beaucoup plus qu'embryonnaire. Difficilement classable, aussi, comme souvent les groupes de cette génération-là, qui ont absorbé tant et plus de trucs que les sous-sous-courants d'antan ont l'air de balises toutes poussières plantées par les vieux citoyens d'un monde préhistorique (tu souris en te disant que dans quinze ans, quand les mecs de l'âge d'Alphabetical auront pris ta place, toutes ces balises auront sans doute disparues - et Dieu qu'il sera beau, ce monde où l'on n'entendra plus jamais parler de mathcore, de death-noise mélodique ni de heavy drone indépendant). En l'espace de vingt minutes, tu croiras entendre Gang of Four et Akron/Family, les Talking Heads en cool et At The Drive-in en mou, le Phoenix des débuts et le Cure de quand c'était bien. En vrai, tu n'entendras qu'Alphabetical, et n'auras d'yeux que pour eux. Ce chanteur aux gestes empruntés et à la voix chevrotante. Cette section rythmique imparfaite mais déjà suffisamment impressionnante pour que tu aies envie d'être téléporté deux ans plus tard. Rien n'est absolument parfait mais tout est déjà là. La présence scénique. La personnalité. Et puis il y a les chansons, aussi. Bien sûr. Pas dégueulasses a priori. Autrement plus vraies et singulières que ce que tu entends depuis la soirée. Tellement, à vrai dire, que tu sais déjà que le groupe ne gagnera pas. Les groupes comme ça ne gagnent jamais, dans les tremplins. Tu le sais d'autant mieux que tu as toi-même déjà été juré de tremplin, il y a approximativement trois vies.


    L'acte 2 se termine à L'International, un peu en sueur et le sourire aux lèvres. Lorsque tu écriras l'article, tu n'oublieras pas de laisser entendre que ton intuition, toujours aussi animale, avait à ce point été titillée le dimanche précédente que tu avais ressenti le besoin d'en avoir le cœur net (c'est surtout ton amoureuse qui a insisté pour aller voir Alphabetical le vendredi suivant, mais personne n'a besoin de le savoir. Et puis il faut reconnaître que tu avais trouvé la bande-annonce suffisamment prometteuse pour avoir envie de mater tout le film). Entre temps, la semaine a passé, tu as écouté au moins douze nouveaux groupes et Alphabetical, pour sa part, a reçu le Prix des Balades Sonores en guise de justice divine. Tout va bien, et le concert de l'Inter était chouette. Différent, en un sens. Autre lieu, autres mœurs. Et autre ambiance, avec visiblement quelques fidèles (au Point FMR le seul fidèle que tu avais croisé était le père d'un des musiciens, qui t'avait dit être très fier - il avait bien raison). Le groupe a paru plus détendu, confiant, surtout le chanteur, plus souriant (à un moment, il a même parlé, ce qui envoie un message d'espoir à tous les parents de jeunes chanteurs introvertis dansant comme Ian Curtis mais avec une plus belle mèche). Paradoxalement, l'univers a paru aussi moins abouti, dévoilant des morceaux détonnant un peu, ici un truc pour vieux corbac ayant trouvé la vérité vraie de la vie chez Baudelaire, là un truc super dansant mais surtout super moche. La set-list compacte et chronométrée du tremplin n'avait donc pas que des désavantages, d'un autre côté le contraire t'aurait probablement inquiété. Ce qui t'auras surtout frappé au final, c'est que tu te souvenais parfaitement des refrains des morceaux entendus le dimanche, sans avoir eu le temps de jeter la moindre oreille sur l'EP du groupe. Si tu n'avais pas eu peur des répétitions, tu te serais autorisé à te dire que c'était tout de même un sacré indicateur. Le meilleur qui soit, à vrai dire. Plus tard, le lendemain, tu finiras par échouer sur leur Bandcamp et tu fredonneras "Winter" ou l'imparable "Ruster Gold" comme s'il s'agissait de vieux singles que tu te trimballes d'appart en appart depuis des lustres. Tu souriras, hochera la tête tout seul devant ton ordinateur, en te disant que pour la première fois depuis des années (probablement depuis - dans un tout autre registre - VIOL, ce qui mine de rien ne rajeunit pas tes lecteurs), tu tiens quelque chose. Et qu'il va falloir te manier de le crier sur tous les toits avant de te faire piquer ton nouveau meilleur coin à champignons.

    - Disque - Ruster Gold, d'Alphabetical (2014)




    Et Forest Fire acheva de s'imposer...

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    Il n’a jamais été facile d’écrire l’album d’après. On aurait tort de croire que cela se limite au simple fait de rebondir après un succès, ni même que ce soit moins le cas à présent que plus aucun album n’a de succès au sens où l’on entendait ce terme il y a encore quelques années. En fait, c’est peut-être encore plus difficile dans une époque où, comme tout le monde peut avoir accès à tout, vous pouvez facilement vous retrouver avec une poignée de fans de par le monde attendant frénétiquement votre nouvel opus, sans même que le précédent vous ait rapporté le moindre centime.

    Partis de rien (une simple autoproduction diffusée sur le Web qui, le buzz aidant, leur permit de signer sur un label), arrivés on ne sait trop où et connus à peu près nulle part, les jeunes gens de Forest Fire ont pourtant réussi la paradoxale performance de devenir un de ces grands groupes du vingt-et-unième siècle, qui doivent vendre à près douze disques et demi tout en comptant malgré tout terriblement dans le cœur d’un public aussi éparse qu’invertébré. Et qui, donc, fut durablement traumatisé par leur précédent album, Staring at the X, il y a déjà deux ans. Au point de les aimer d’amour, plus que d’autres groupes. Mais également au point d’attendre beaucoup de ce troisième opus, à la minute où il fut annoncé. Parce que ce disque-là, mon gars, il était terrible. Du genre à te transpercer de part en part, en commençant par le cœur pour mieux te récurer les tripes.

    screen

    Il ne faut pas longtemps au nouveau Screens (quelques secondes et une intro digne d’un RPG japonais des années 90) pour confirmer ce que l’on soupçonnait déjà – mais qui prend évidemment tout son sens à présent que les Américains ont une trilogie au compteur : Forest Fire est un groupe de contre-pied. En l’espace de cinq ans, le quatuor vient de réussir à publier trois ouvrages non seulement différents, mais parfois presque antinomiques. Volontairement, cela va sans dire, tant chacun épate par sa maîtrise des artifices de production et la maturité du songwriting. À Survival, premier jet morveux tout en affichant un beau clacissisme dans son approche de la folk, avaient succédé Staring at the X et ses stridences, ses cauchemars bruitistes et ses changements de style brutaux, parfois au sein d’un même morceau. À l’autre bout du spectre musical (ou quasiment), Screens vient désormais compléter le tableau en offrant à son tour l’inverse presque absolu de son prédécesseur, soit donc un ensemble extrêmement compact, principalement composé de morceaux lents, à l’atmosphère relativement apaisée et où les guitares sont souvent remplacées par des synthés. Le tout sans jamais sonner ni électronique, ni synth-pop, ni new wave, ce qui n’est pas la moindre des prouesses, a fortiori en 2013 où ces trois sous-courants représentent à eux seuls un bon 60 % de la production rock indé. Gonflé, c’est le moins qu’on puisse dire, d’autant que la voix de Mark Thresher, autrefois si virevoltante et écorchée qu’on la croyait devenue consubstantielle à la musique du groupe, est ici toute en retenue, jouant l’apaisement et ne s’autorisant jamais – JAMAIS ! – à brailler. Une petite révolution ou pas loin, pour un groupe dont le chanteur était jusqu’ici l’un des plus fascinants gueulards qu’on ait entendus ces dernières années. Le pari est osé, donc… et gagnant sur toute la ligne. D’une part parce que le groupe rompt avec les gimmicks qui auraient pu le faire tomber dans le piège de la caricature ; de l’autre parce qu’aussi improbable que cela puisse paraître… on ne s’en aperçoit pas immédiatement. Il faut même deux ou trois écoutes avant de réellement mettre le doigt sur ce qui rend Screens si déroutant, preuve si l’on en doutait que le talent du groupe ne s’est jamais limité à des interprétations théâtrales, habitées – donc parfois un tantinet grandiloquentes.

    Va pour les différences, soupirera le lecteur, mais cela rend-il l’album bon pour autant ? Oui, encore oui, mille fois oui. Cela le rend d’autant plus bon (osons la formulation lourdingue) qu’il est devenu trop rare de voir conjuguées ambitions esthétiques réelles, qualité du contenu et efficacité pop inattaquable. "Waiting for the Night" ou "Alone with the Wires" sont remarquables tant elles détonnent et surprennent qui connaît le groupe, mais avant toute autre chose, ce sont aussi et surtout de formidables chansons, aux textes fins, aux mélodies tout à la fois subtiles et entêtantes, et à la production racée. Ailleurs, sur l’impeccable "Yellow Roses" ou sur "Annie", ballade electro-folk prenant le temps (onze minutes !) mais jamais la tête, le fantôme de Lou Reed repointe le bout de son nez, seule influence peut-être que le groupe n’ait pas encore balayée du tableau au bout de trois disques, et dernier rapprochement encore pertinent au terme d’un opus ne sonnant quasiment que comme lui-même. Bien entendu, s’agissant de l’album d’après, Screens demande un petit temps d’adaptation, et certains seront sans doute tentés de prime abord de le trouver « moins bon » que son prédécesseur. Une façon de parler un peu expéditive plutôt qu’un jugement cohérent, la grandeur de Staring at the X venant surtout ce qu’il était une déflagration émotionnelle presque effrayante, un disque Pathétique au sens noble du terme, ce que Screens se refuse catégoriquement à être. Pas moins mélancolique, pourtant, il cherche une émotion moins brute, moins immédiate – peut-être plus adulte. Toute en délicatesse, sa couleur musicale découle sans doute directement de là : sans rien perdre de la fraîcheur de ses mélodies, Forest Fire mûrit, renonce aux sons comme aux sentiments binaires qui peuplaient ses deux premiers disques. En cela, il réussit là où beaucoup, beaucoup d’autres ont échoué : voici enfin l’album d’un groupe parvenu à devenir adulte sans devenir vieux.
    Autant dire que nous serons nombreux à essayer de leur soutirer la formule.


    Screens, de Forest Fire (Fat Cat/Differ-ant, 2013)

    Jef Barbara - Sexuellement transmissible

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    Rares sont les disques donnant le sentiment qu’ils peuvent accompagner chaque seconde d’une histoire d’amour. La plupart se concentrent sur un aspect ou un autre, d’ailleurs en réalité la pop préfère surtout parler de l’amour lorsqu’il n’est plus là. Les meilleurs parviennent parfois à capter quelque chose, une émotion, un truc indicible. Ce n’est jamais que ponctuel. L’amoureux-se a toujours tout plein de chansons à écouter. Après quelques années de vie, on accumule tous plus ou moins consciemment un jukebox mental de trucs qu’on se passe lorsque l’on rencontre quelqu’un, d’autres où l’on va se réfugier au moment de se faire plaquer… et ainsi de suite. Dans tout cela, peu d’albums entiers. Peu d’œuvres suffisamment profondes, réussies et plurielles pour embrasser la complexité d’un sentiment que le simple fait de nommer a déjà tendance à limiter.

    Peut-être parce qu’il n’est pas tout à fait de ce monde, Jef Barbara ne s’est pas encombré de ce genre de pensée au moment d’enregistrer son second album, qui paraît un an et demi seulement après l’étonnant Contamination (dont nous avions dit alors le bien que nous pensions). Il a tout pris, n’a rien jeté, et publie au final un disque fascinant faisant passer le précédent pour un vague brouillon. Viral, Soft to the Touch l’est comme l’amour ou le désir, bien plus que ne l’était un prédécesseur pourtant mieux nommé. La béatitude, le plaisir, l’attente, la frustration, l’abandon… tout y est, même et peut-être surtout lorsque les chansons parlent de tout autre chose. C’est une vibe, un truc indicible que distille chacune d’entre elles. Une obsession dont on n’a aucune envie de se débarrasser et que l’on se surprendrait même par instants à entretenir. Au point qu’il faille un moment pour réussir à réellement écouter l’album, prendre ses enjeux en considération voire simplement se rappeler des espoirs qu’on plaçait en lui. On aurait bien envie de que l’artiste se fait ici plus cold ou moins rentre-dedans (quoique tout dépende de quel rentre-dedans on parle…), mais la vérité est que ce nouvel opus est tout simplement plus fort. Plus abouti, bien sûr. Plus ambitieux, sans aucun doute. Surtout plus prenant, plus intense. Tout aussi sexuel que Contamination, mais autrement plus endurant, sensuel et inventif dans sa manière de faire monter le plaisir (ce sera ici un refrain orgasmique, là une montée en puissance, là encore une trouvaille de prod toute conne mais tout bonne). Comme tout le monde en 2013, Jef Barbara fait de la pop des années 80, mais il ne la fait certainement pas « à la manière de tout le monde». Suffit d’écouter l’exceptionnelle "Technic Is Fun", ou dans une moindre mesure l’impeccable "Erection", pour constater que quand les autres essaie de faire un truc revival, lui se contente d’être new wave naturellement, presque sans le vouloir. Il a l’allure sans les gimmicks lourdingues, l’élégance sans les manières, le psychédélisme sombre comme le romantisme un peu fatigué qui font les plus grands noms d’un genre que l’imaginaire collectif réduit trop souvent à un truc de corbeaux dépressifs. Chez Jef Barbara la new wave jouit, se contorsionne, s’angoisse : elle aime et vit et palpite comme dans trop peu d’albums de nos jours. Il y a des poses, bien sûr. Beaucoup de glam et d’artifices. Jamais de postures. Et si l’on pourra regretter par instant que le jeune homme ait laissé de côté l’aspect volontairement variét’ et putassier qui faisait beaucoup pour le charme de son précédent disque, on n’ira pas se plaindre qu’il l’ait remplacé par des atmosphères aussi sexy et affriolantes que celles de "Chords" ou "I Know I’m Late". Contamination avait excité et allumé, et c’était drôlement bon ; Soft to the Touch passe tout simplement à l’acte – et c’est encore meilleur.


    Soft to the Touch, de Jef Barbara (Tricatel, 2013)

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