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Even Better than the Real Thing

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Je vais vous dire un secret. Un truc qui, normalement, ne se dit pas lorsque l'on parle de foot. Un truc dont il est de bon ton de rougir, ou qu'il faut traiter avec un dédain légèrement (très légèrement) surjoué : j'aime l’Équipe de France. De football, je le précise pour le lecteur égaré : quand j'utilise l'expression L’Équipe de France, c'est que je parle de football. Ou alors je précise de rugby, de basket, de handball, de pétanque... donc je ne précise pas, parce qu'il faut être honnête, je n'ai globalement rien à carrer des équipes nationales de ces sports-là, pour des raisons complexes, à la fois personnelles, sociologiques et philosophiques qui seront sans doute un jour le sujet d'un article dans lequel je vous révèlerai un autre secret : j'aime le foot.

J'aime l’Équipe de France, disais-je. C'est-à-dire que je l'aime pleinement, profondément et aussi viscéralement que faire se peut. C'est quelque chose qui ne se dit pas non à cause des multiples polémiques entourant la sélection nationale depuis des années, polémiques qui d'ailleurs sont pour la plupart assez superficielles et n'en seraient assurément dans un aucun autre pays (arrêtera-t-on un jour de juger le moindre micro-évènement touchant cette équipe autrement que par le prisme de Knysna, du déclinisme et de l’effondrement de pseudo-valeurs ?), mais parce qu'il est généralement admis que le passionné de foot, le vrai, le pur et dur que même il regarde plein de matches, lui, aime le foot de club. Il est communément admis qu'il vit cela intensément, passionnément et que le foot de sélection, s'il ne crache pas dessus et s'y intéresse bien sûr (le passionné peut même être surpris en train de regarder des matches de Major League en cachette, à partir de là tout est possible), relève plus du bonus que de la passion véritable. Ne serait-ce que parce que le fan de foot, le vrai, le pur et dur que même il regarde plein de matches ne peut pas, ne veut pas et ne doit pas se satisfaire de voir son équipe jouer à tout casser huit ou neuf matches à enjeux par an. Ce qui m'a toujours amusé, c'est que généralement les gens qui affirment ça crânement se disent supporters de clubs se situant à des dizaines voire des centaines de kilomètres d'eux, dans des villes avec lesquelles, bien souvent, il n'ont pas d'histoire digne de ce nom, sur des pelouses qu'ils n'ont jamais vues en vrai. Ce n'est pas une position que je critique, c'est même quelque chose que quelqu'un comme moi, qui a grandi dans un no man's land entre Rouen et Le Havre, peut parfaitement comprendre. La France, pays rural et très (trop) centralisé, ne fonctionne pas comme d'autres, et je ne doute d'ailleurs pas qu'on puisse (qu'on doive, quelque part) supporter sincèrement une équipe se situant à triffouillis les oies, Marseille ou même dans un pays d'étranger (non : Marseille n'est pas un pays étranger. Enfin je ne crois pas).

N'allez pas croire que je digresse : il est très probable que mon attachement viscéral et extrêmement peu rationnel à l’Équipe de France soit en grande partie dû au fait que j'ai grandi dans le trou du cul du monde, sans véritable sentiment d'appartenance à une communauté de supporters qui, d'ailleurs, n'existait pas. Bien sûr, il y a le HAC. Un choix qui n'en était pas un, un peu par défaut puisque Rouen était dans les choux depuis déjà une bonne décennie lorsque je suis né (le club a achevé de totalement sombrer lorsque j'avais une dizaine d'années, c'est-à-dire à l'époque où, généralement, le un gamin va jeter son dévolu sur un club pour ne plus jamais en changer). Il y a bien sûr aussi les Girondins, par tradition familiale. Mais fondamentalement, depuis ma plus tendre enfance, aucun de ces clubs ne m'a jamais provoqué le même frisson que la sélection nationale, y compris - et parfois surtout - lorsqu'elle perdait. Les trois relégations du HAC, club que j'aime sincèrement, ne m'ont pas bouleversé autant que l'élimination de la course au Mondial 94, qui m'aura vu pleurer toutes les larmes de mon corps durant deux jours, et déprimer durant des semaines (avec rechute lorsque ledit mondial a débuté... aujourd'hui encore, quand je pense que le joueur le plus beau, le plus élégant et le plus sexy - dans tous les sens du terme - de l'histoire du foot français n'a jamais disputé de Coupe du Monde, j'ai une boule dans la gorge). J'étais tellement traumatisé que je n'ai d'ailleurs regardé ce Mondial américain que de manière très sporadique, jetant mollement mon dévolu sur l'Italie (une histoire d'origines et de tradition familiale, encore) et me faisant chier la plupart du temps, d'autant que cette sinistre compétition est celle où le Brésil est devenu une équipe réaliste et chiante comme la pluie à la pèche (tu m'étonnes qu'on ne se souvienne que des chorées de Romario et Bebeto et si peu de leur jeu...) D'une manière générale, si je me souviens à la perfection de quasiment chaque match, du moindre petit joueur de l’Équipe de France depuis ma naissance (Garde : 5 sélections ; Laslandes : 7 sélections, 3 buts ; Vairelles : 8 sélections... de tête), je n'ai que peu de souvenirs des trois compétitions internationales à laquelle la France n'a pas participé durant le même laps de temps (ne fût-ce van Basten je ne pourrais pas jurer qu'il y a eu un Euro en 1988). Ce qui ne veut pas dire que je sois un national-beauf acharné ne regardant que les matches de sa sélection ; simplement, l'émotion procurée n'était pas la même. Elle a fini par se diluer avec le temps, car si le football est peut-être la plus incroyable des machines à fantasmes, seuls les moments vécus avec l'équipe aimée sont réellement constitutif de la mémoire du supporter/fan/passionné ou quel que soit le nom qu'on lui donne. C'est bien pourquoi celui-ci n'aime que la victoire. Il faut être sacrément à côté de la plaque – ou très mal régurgiter les interviews de Guardiola – pour penser qu'il vaut mieux perdre en jouant bien que gagner en jouant mal. Perdre n'est tout simplement pas une option.


J'en reviens à ce que je disais plus haut, à savoir cette idée reçue voulant que le vrai fan de foot, ne serait-ce que pour des raisons d'agenda, ne peut pas préférer la sélection aux clubs. C'est évidemment faux. C'est tellement faux que je suis profondément frustré, chaque saison durant, de devoir attendre de revoir l’Équipe de France jouer un match sérieux - encore plus d'être obligé de me taper des matches amicaux souvent craignos histoire d'avoir ma dose. Chaque année c'est la même chose : à chaque fin de coupure internationale, je file sur le site de la FFF pour voir quand a lieu la prochaine session (toujours dans trop longtemps). La trêve d'hiver, soit donc trois mois environ sans matches, me plonge dans un état de manque hallucinant durant lequel je tire des plans sur la comète, imagine toutes les compositions possibles d'ici là, envisage tous les scenarii, pour finalement arriver en février et voir un 0-0 tout pourri - parce que c'est bien souvent le tarif avec l’Équipe de France. Ce n'est absolument pas grave, d'ailleurs. Cela suffit à mon plaisir, généralement solitaire car même parmi mes amis amateurs de foot, peu partagent cet engouement. Eux sont peut-être, si j'en crois le sens commun, de vrais fans de foot (quand bien même ils voient sans doute moins de matches que moi dans une semaine - mais allons : s'ils le disent). Moi, je n'y peux rien : je suis capable de regarder (quasiment) tous les matches de Bordeaux sur une saison, d'y prendre un plaisir sincère (moins ces temps-ci, curieusement) et de suivre avec un véritable intérêt l'actualité du club. J'en connais – aussi – le moindre joueur, et l'histoire et tout ce qui va avec. Les victoires m'enchantent et les défaites me frustrent, comme n'importe qui. Si l'occasion se présente d'aller voir l'équipe jouer, je n'hésite jamais. J'ai bien évidemment un vieux maillot qui traîne dans un coin (mais j'ai plein de vieux maillots de plein clubs, puisque je les collectionnais étant gosse). Mais si je dois m'endormir en pensant au foot, ce qui m'arrive souvent lorsque j'ai des insomnies, je penserai toujours et avant tout le reste à l’Équipe de France. Comme un vieux reste d'enfance, lorsque je me rêvais en joueur, que je m'inventais tout un monde ; en général (il y a eu des variantes selon les époques), mon moi joueur était formé au Havre, explosait à Bordeaux pour finir à la Juve1, mais tout cela n'avait dans le fond qu'une importance secondaire : la plupart des matches que je jouais contre le mur de la descente de garage, c'étaient des matches de Coupe du Monde. Quatre-vingt-dix minutes de frisson sous le panier de basket dont je ne me servais jamais, et des reprises de volée dans les arrêts de jeux (pas toujours de moi : même dans mes rêves d'enfants, j'étais un joueur altruiste). Peut-être que mon goût prononcé pour les matches à élimination directe, ces moments où la machine à fantasmes devient une machine à retourner les tripes, est une des raisons inconscientes de mon goûts pour les sélections nationales.

Le plus beau but de l'histoire de l’Équipe de France. Celui que tu marques tant de fois dans des rêves de gosse, en étant à peu près convaincu qu'il ne peut pas exister en vrai.

Car c'est ce qui est marrant : je ne sais même pas d'où cette passion provient réellement. Il est vrai que c'est avec l’Équipe de France que j'ai découvert le football, et pas n'importe laquelle : celle, flamboyante, des années quatre-vingts. Ça crée des liens. Toute une époque, qui semble bien lointaine aujourd'hui. Sans doute qu'alors, un adulte normalement constitué pouvait se dire supporter de l’Équipe de France sans provoquer un fou rire général dans la pièce. Aujourd'hui, c'est devenu plus compliqué. Depuis quelques années, l’Équipe de France ne fait pas grand-chose pour être aimée et est aimée encore moins en retour. Mais cela ne change rien, ce qui quelque part prouve bien que je l'aime sincèrement, que j'y suis profondément attaché et qu'il ne s'agit pas que d'un élan de chauvinisme. Les chauvins, les vrais, ils sont ailleurs désormais. Ou plutôt ont-ils retrouvé leur juste place, celle qu'ils avaient mystérieusement abandonnée il y a quinze ans. Ce sont tous ces gens qui ne savent plus quel argument trouver pour déféquer sur cette équipe de bougnoules (parlons peu mais parlons bien), ou dans le meilleur des cas de jeunes gens mal élevés (comme si le foot avait jamais été un sport de gentlemen et pas de petites frappes, de truands du dimanche et de paumés). Je ne leur en veux pas, à mes petits gars, même si des fois je dois bien reconnaître qu'ils sont un peu (beaucoup-passionnément-à la folie-rarement pas du tout) cons. Grâce à eux, j'ai le sentiment d'être retombé dans l'underground, et c'est très bien comme ça. Vous savez, il n'y a que deux catégories de supporters de l’Équipe de France : ceux qui l'aimaient le 9 juin 1998 et les autres2. Ceux-là sont tout à fait respectables, mais ils croient sincèrement que 2002, 2004 ou 2012 ont été des déroutes, voire pour la dernière une faillite morale. Que voulez-vous que nous ayons à nous dire ? L’Équipe de France qu'ils aiment est presque un rêve. Un bug de l'histoire. C'est justement ce qui la rend merveilleuse.


1.Moi aussi, ce transfert me rappelle vaguement quelque chose. Il faut croire que j'étais visionnaire car je vous parle – vous l'aurez compris – d'une époque antérieure à l'explosion de Zidane.
2.Une thèse de cent pages ne suffirait pas à détailler le pourquoi du comment la parenthèse enchantée de 1998-2000 fut à la fois la meilleure et la pire des choses qui soient jamais arrivées au foot français.


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