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Pretty Sick - 1993 a ouvert un compte Insta (et c'est aussi délavé que vous l'imaginez).

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Il y a quelques jours, j'ai fait quelque chose que je n'avais plus fait depuis très longtemps : acquérir un album sans avoir la moindre idée de ce que j'allais trouver dessus, juste parce que je trouvais la pochette marrante. Fut un temps où j'en avais suffisamment pour pouvoir me permettre ce genre de petites fantaisies. J'étais jeune, innocent, sans doute un brin oisif. Comme Pretty Sick, en fait. J'avais des glandes à m'en fracasser le tête contre les murs même les jours où j'étais de bonne humeur, rien ne m'allait jamais vraiment, et le seul moment où je parvenais à oublier tout cela était quand je mettais de la musique très fort et chantait à tue-tête les hymnes de Mudhoney, Hole ou des Smashing Pumpkins. Comme Pretty Sick, en fait.


Je suppose que c'est ce que l'on appelle le conditionnement culturel. J'ai passé tellement d'années à déchiqueter mes fringues (tout en faisant croire à ma mère qu'il s'agissait de malencontreux accrocs) que je flaire l'odeur de la chemise à carreaux, du jean bleached ou de la mélancolie post-coïtale à vingt bornes à la ronde – quand la simple vue d'une pochette ne me hérisse pas automatiquement les poils. On a beau ne jamais être à l'abri d'un accident (le grungerétant génétiquement programmé pour mourir avant ses 30 ans, les rares survivants ont tendance à être un peu déphasés lorsqu'il s'agit de rock'n'roll – certains aiment même les derniers weezer), un radar à bons groupes alternos ne vous abandonne jamais si vous l'amenez régulièrement à la révision – et quelle meilleure manière de le mettre à l'épreuve que de lui soumettre des choses comme cet excellent Makes Me Sick, Makes Me Smile, qui fait bien mieux que de raviver des souvenirs de jeunesse. Oh bien sûr, les fantômes habituels sont convoqués. Les vingt premières secondes de l'album plantent le terrain vague, qui semblera de prime abord bien connu de quiconque a eu ses premiers chagrins d'amour dans les années 90. Il serait absurde de faire comme si l'on n'aimait pas l'album aussi pour cela – je parie même que l'essentiel des interviews que donnera le groupe dans les mois à venir seront à des types comme moi, 35/45 ans, légèrement voire fortement dégarnis, et portant des t-shirt ZEROà leurs heures perdues. Mais il faut dire aussi que les terrains vagues se ressemblent tous. Ce qui compte est ce que l'on essaie d'y planter ; Pretty Sick usent des outils de jardinage de gens qui pourraient sans problème être leurs parents (qui n'a jamais hérité d'un râteau ou d'un arrosoir d'une vieille tante ?), mais une pépite comme "Black Tar" n'a clairement pas été pensée pour remuer vos souvenirs d'enfance. La voix habitée de la jeune Sabrina Fuentes (depuis qu'elles ont statistiquement plus de chances d'être mes filles naturelles que des mes futures petites amies, je ne me fatigue plus à essayer de deviner l'âge des chanteuses et c'est très bien ainsi – disons 20 ans à tout casser) vient, doucement ou le plus souvent férocement, vous entretenir de relations toxiques, de dysmorphophobie métaphorique ou de prophéties auto-réalisatrices, toutes choses dont on ne parlait pas réellement du vivant de Kurt Cobain – pas en ces termes, en tout cas, et pas avec une crudité si désarmante que sur "Self Fulfilling Prophecy". Les références sont-là, belles et bonnes. Pretty Sick s'inscrit dans une filiation d'autant plus évidente que l'album est produit par Paul Kolderie en personne – si vous avez grandi dans les nineties et que son nom ne vous dit rien, sachez qu'il a produit ou enregistré la moitié de la discothèque de votre adolescence1 et qu'il n'est pas spécialement connu pour s'acoquiner avec le premier groupe rétro qui passe par-là. Courntey Love, Kim Deal et Kathleen Hanna devront fatalement être citées à un moment de l'article, principalement pour que l'auteur puisse souligner qu'il connaît son sujet, mais la réalité est qu'arrivé à "Human Condition", soit seulement la troisième piste de l'album, les ombres tutélaires ont déjà été balayées par l'évidente qualité d'un groupe et d'une vocaliste hors-paire, dont les chansons tantôt rageuses et tantôt hypnotiques se suffisent bien assez à elles-mêmes.

La vérité vraie est que des groupes dans ce style, on en entendu plein depuis dix ans, dont on a à peine retenu les noms. Exception faite de Male Bonding, qui ne date pas de la semaine dernière et partageait avec Pretty Sick d'être écartelé entre l'Angleterre et les States, on en a vu aucun qui sache nous faire croire durant plus d'une chanson que, oui : on peut encore jouer ce genre de musique au vingt-et-unième siècle. Non seulement en la faisant sonner, mais sans la vider de sa substance pour en faire une banale machine à nostalgie. Et que : non, le ralenti/explosion de Black Francis n'est pas que l'équivalent sonore d'un vieux poster jauni dans la chambre d'un adolescent devenu un père de famille bien rangé – pareil pour les lignes de basses de Krist Novoselic ou les murs de grattes des Pumpkins (voir "PCP", grand final en apesanteur comme plus grand monde n'en produit aujourd'hui... à commencer par les Pumpkins elles-mêmes). Avec sa bouille à sortir à peine de l’œuf, Sabrina Fuentes est sans doute bien loin de ces préoccupations. Elle a avant tout essayé, cela ne fait aucun doute, de faire une musique qu'elle aimait et qui lui ressemblait – et c'est une belle réussite, il suffit d'écouter le texte moitié morveux moitié blasé de "Heaven" pour s'en rendre apercevoir. Cela n'empêche pas de la savoir gré du reste. Comme le chantent avec humour les Wampas sur le meilleur titre de leur dernier album, sorti le même jour que Makes Me Sick, Makes Me Smile, "Heureusement il reste encore des femmes qui préfèrent les vieux à guitare". Je ne sais pas si Sabrina Fuentes trouvera un vrai public parmi les gens de sa génération, j'oserai même dire que j'en doute, mais au nom de tous les vieux à guitare, merci à elle.

 
Makes Me Sick, Makes Me Smile
Pretty Sick | Dirty Hit, 30 septembre 2022


1. J'exagère à peine. Le mec a fait Live Through This, Lovey des Lemonheads, les deux premiers Uncle Tupelo, trois Throwing Muses... des albums qui au-delà de leur statut de classiques ont extrêmement peu vieilli en regard de leurs contemporains, et Kolderie n'y est sans doute pas pour rien.
 

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