👎 The ALIENIST 1998, un producteur américain : Ce livre est trop lent, trop bavard et trop statique. Inadaptable.". 2018, le même : "Ça ferait une super série télé !!! Vous trouvez la blague facile, ou répétitive parce que vous m'avez déjà vu la faire ? C'est que vous n'avez pas regardé The Alienist, série qui paraît entièrement pensée pour illustrer le Drawa "victime de la mode". Et encore, je suis plutôt sympa de le présenter comme ça car cela évite de s'attarder sur les acteurs pour certains fort moyens, ou les parti-pris d'adaptation. La vérité c'est que même si c'est toujours un peu déplaisant de comparer trop précisément un livre et son adaptation, The Alienist ressemble à une caricature de l’œuvre de Caleb Carr. Tout ce qui y était subtil et détaillé semble ici grossier, à l'image du monologue de Kreizler en fin de premier épisode, ou de l'assemblage étrange de son équipe : oui, la Team Kreizler est principalement composée de gens qui, en raison de leur genre, de leur mode de vie ou de leurs origines, sont plus ou moins en marge de la société, mais NON, ça n'est jamais énoncé de manière aussi lourdingue dans le bouquin. Ici on a l'impression qu'on essaie de passer un message progressiste au forceps, ce qui est très embarrassant et absolument pas nécessaire puisque déjà, à la base, The Alienist est une ode constante au progrès, scientifique, social et philosophique. Enfin, en théorie, hein, car là c'est surtout une ode aux clichés de mise en scène sur l'époque Victorienne (je sais, ça ne se passe pas en Angleterre. Justement.)
Sinon Laszlo Kreizler, c'est celui au centre, reconnaissable à son postiche. Il n'y a d'ailleurs guère qu'à cela qu'il est reconnaissable tant Daniel Brühl diffère de la manière dont on imaginait le personnage.
Et en plus, Peter ne porte pas super super bien le casque...
👍BLACK LIGHTNING est probablement la série la plus ambitieuse jamais lancée sur la CW. Parce que son héros est noir ? Non, bien sûr. Parce qu'il est VIEUX. Mais genre : vraiment vieux. Cress Williams a 47 PUTAINS D’ANNÉES. A l'échelle de la CW, c'est quasiment un dinosaure. C'est simple, c'est la première fois depuis sa création que la CW lance une série dont le personnage principal a plus de 35 ans (scénaristiquement parlant, parce que des fois, c'est l'âge des comédiens) sans être un vampire ou disposer de la jeunesse éternelle. En fait, même lorsqu'une série de la CW dure très longtemps, les personnages atteignent rarement cet âge avant la fin de la série (Supernatural en est à sa saison 13 et Sam Winchester n'y est pas encore parvenu). Et quand je dis 35 ans, c'est parce que je ne peux pas lancer malgré moi une fake news, mais j'ai fortement hésité à écrire 30. De mémoire, la plus vieille star de série de la CW qu'on ait jamais vue était incarnée par Matthew Davis dans Cult. 34 ans et la série a, littéralement, été annulée avant qu'il fête ses 35. Autant dire qu'on n'est pas très optimiste pour ce pauvre Black Lightning, et c'est bien dommage car l'autre particularité de cette nouveauté estampillée Berlantiverse, c'est qu'elle est... bien. Pas Bien mais, pas Pas trop mal, pas Correcte. Ni Moins pire que prévu ou Potentiellement bien voire Globalement bien sur l'ensemble de la saison. Rafraîchissant il y a deux ans, cet univers, si l'on oublie Supergirl (qui a suivi la trajectoire inverse des autres) est complètement moribond aujourd'hui et le fait que Black Lightning ne s'y rattache pas de manière directe est certainement ce qui pouvait lui arriver de mieux. La crainte de voir débarquer d'une seconde à l'autre Barry Allen, Oliver Queen ou pire, Cisco en train de faire des blagues méta, est d'ailleurs le seul truc qui gâche vraiment ses débuts. Le reste est tout à fait bien fichu, bien joué, j'ai même éclaté de rire durant la scène du dîner de famille de l'épisode 3, ce qui ne m'est guère arrivé souvent chez la DCW. Oui C'est bien. C'est pas génial non plus. Mais ça se regarde avec plaisir, c'est efficace, les comédiens sont charismatiques et, incroyable, aucun personnage ne donne envie de le frapper ni ne paraît a priori idiot. Ce qui est con c'est qu'on est tellement habitué au pire avec le Berlantiverse (pas plus tard que cette semaine, j'ai franchi le Rubicon et sauté des scènes de The Flash tellement l'épisode était DÉBILE) qu'on n'en profite même pas vraiment, bien conscient qu'à un moment ou un autre, la réalité (ou pire : un crossover) va rattraper les sympathiques activistes de Freeland.
Vieux mais attention : costaud, quand même, hein. N'exagérons rien.
👎HARD SUN L'espace d'une trentaine de minutes, j'ai bien cru que j'allais me réconcilier avec Neil Cross (auteur avec Luther de la série britannique la plus surestimées des dix dernières années). Ça partait bien, cette idée de polar brumeux sur fond d'extinction de l'espèce avait quelque chose d'original et d'attirant, les interprètes étaient bons... et puis au fil du temps et des épisodes, la série a tranquillement commencé à se casser la gueule, à peu près pour la même raison que Luther en son temps : beaucoup de clinquant, quelques bonnes idées, mais quand on gratte un peu, rien que du très banal, voire un peu morne par endroit.
👍HAPPY! La qualité la plus immédiate de cette série de Syfy est d'avoir répondu à une question que je me posais de manière de plus en plus insistante depuis quelques temps : pourquoi donc dans une époque où les pires douzièmes couteaux de l'industrie des comics réussissent à trouver du boulot à la télé, celle-ci semblait-elle bouder Grant Morrison, l'un des plus grands dans sa partie, un type qui a révolutionné tous les titres sur lesquels il a travaillés, a excellé dans tous les domaines, à la patte et à l'univers immédiatement reconnaissables ? Eh bien voilà : adapté des comics du mêmes nom, Happy! est la première série télé de Grant Morrison, à la longue c'était presque un fantasme, et savoir qu'elle était tenue par ce grand barjot de Christopher Meloni décuplait le plaisir avant même que j'en ai vu une seconde. Sans surprise, on retrouve très vite des signaux caractéristiques de l'auteur des Invincibles et d'All-Star Superman (qui vient d'être réédité en France, pour ceux qui ne connaîtraient pas ce chef-d’œuvre) : jeu avec les clichés (en l'occurrence ceux du polar, de la série B. et... du film pour enfants), dialogues ironiques et méta, personnages totalement secoués, situation à la fois absolument glauques et totalement décalées... il fallait au moins un mec comme Grant Morrison pour rendre regardable une histoire où un acteur a pour sidekick un personnage animé, soit l'un des pires trucs jamais inventés par Hollywood (hors Roger Rabbit, hein). Mais ça marche ! Pas toujours, certes : Happy! a un côté montagnes russes et Meloni n'aide pas forcément, qui en fait des tonnes (comme d'habitude). Le matériau adapté n'est d'ailleurs pas ce que Morrison a produit de meilleur et il n'y avait pas vraiment de raison qu'il en soit autrement en version télé. Mais c'était vraiment cool quand même, et idéal pour cette période de l'année.
Mieux vaut tard que jam... ah bah non, en fait.
👎👎 RAKE (saisons 3-4) Alors évidemment, je ne vous ai jamais parlé de Rake lorsque c'était bien, donc l'irritation que j'ai pu ressentir devant ces deux saisons va être difficile à transmettre. D'autant qu'en vrai, Rake n'a jamais été "bien". Elle a été une série sympathique, un peu con, sur un avocat sympathique, un peu con, et surtout borderline, c'est-à-dire, en gros, sur un quadra blanc qui se comporte comme un ado de 16 ans et baise tout ce qui bouge sauf s'il peut le sniffer (c'est la définition de borderline pour un scénariste anglo-saxon moyen, rappelons-le). Malgré un côté à l'évidence un peu ringarde, pas mal de clichés et un machisme assumé et presque bon-enfant, Rake fonctionnait plutôt pas trop mal dans ses premières saisons, en grande partie grâce au charisme de Richard Roxburgh, éternel second rôle et/ou Australien de service à Hollywood qui s'éclatait et en faisait tellement trop à chaque réplique qu'on avait du mal à ne pas rire avec lui. Malheureusement, comme souvent dans ce type de série sur un cassoss' qui ne s'assume pas, on finit par se lasser de ses pitreries au fur et à mesure que les scenarii s'y résument (dans ses premières saisons, Rake demeurait une série vaguement judiciaire, avec des dossiers certes rigolos, mais réels), d'autant que Rake n'a par ailleurs jamais lésiné sur les blagues que l'on qualifiera poliment de douteuses (il est d'ailleurs assez perturbant de retrouver dans une série si outrageusement homophobe Keegan Jones, qui jouait simultanément l'adorable Arnold dans Please Like Me...) Bref, après deux saisons plutôt aimables, Rake a fini par tomber dans le n'importe quoi, les rebondissements plus improbables les uns et que les autres, et là, je dois préciser que si j'ai tenu aussi longtemps, c'est en grande partie parce que j'ai depuis un moment classé Rake dans les séries du matin, c'est-à-dire celles que je regarde lorsque je me lève à 5h30 voire avant, la tête profondément enfoncé dans un endroit où les scénaristes ont de toute évidence très peur qu'on leur mettre des choses.