Quantcast
Channel: LE GOLB
Viewing all articles
Browse latest Browse all 494

Doctor Who - Le Procès de Steven Moffat. Enfin.

$
0
0

La nouvelle est tombée il y a quelques mois et c’est peu dire qu’elle a fait frémir (de joie) les lecteurs du Golb : la dixième saison de Doctor Who, qui débute demain soir sur la BBC, serait la dernière pilotée par Steven Moffat. Enfin. Après sept interminables années, soit le second run le plus long de toute l’histoire de la série derrière celui de John Nathan-Turner dans les années quatre-vingts (le plus contesté de tous, également, comme quoi la longévité n’est pas forcément bon signe du côté de DW), le type le plus fatigant dont accoucha l’Angleterre des sixties acceptait (enfin ! enfin ! enfin !) de lâcher son jouet. Évidemment, cette excellente nouvelle fut immédiatement suivie par une mauvaise : son successeur ne serait autre que Chris Chibnall, créateur de l’ultra fade et ultra surcotée Broadchurch mais surtout, à l’échelle de Doctor Who, auteur de quelques uns des plus mauvais épisodes de la version moderne (sans oublier sa participation plus que notable aux deux premières saisons de Torchwood, ce qui se passe de commentaires). Mais après tout, pourquoi pas ? On se souviendra que lorsque Moffat reprit le show dans la foulée de Russell T. Davies, il était auréolé de dithyrambes et considéré comme le meilleur choix possible sur la foi d’une poignée d’épisodes devenus instantanément cultes (« The Doctor Dances», « Blink», « Silence in the Library» « The Girl in the Fireplace»… etc.) Peut-être vaut-il mieux que Doctor Who soit conduite par un honnête artisan plutôt que par un artiste autoproclamé, à l’égo surdimensionné et à la mégalomanie remuante1. Nous verrons ce qu’il en sera dans l’avenir. D’ici là et compte tenu du temps que nous avons pu passer, sur ce blog, à râler après Steven, il semblait tout à fait normal de lui organiser un pot de départ en bonne et due forme. Lequel, hélas, se trouve avoir dégénéré en authentique procès. Bien entendu, vous êtes cordialement invités à vous prononcer dans les commentaires, et même à ajouter chefs d'inculpations et pièces à charge si cela vous chante. Sur ce... Accusé, levez-vous !

Chef d’inculpation N°1 : Monsieur Moffat ici présent est accusé d’avoir passé sept années à américaniser le plus british de tous les shows télé britanniques. Plusieurs associations ont également porté plainte pour teen-showisation, mais nous avons dû les débouter faute de preuves.

M. le Procureur Sinaeve : Votre Honneur, est-il vraiment nécessaire de se lancer dans un long exposé ? Il suffit d’avoir vu un ou deux épisodes de Doctor Who ces dernières années pour constater les graves dégradations occasionnées par l’occupation de l’accusé. Monsieur Moffat n’a pas ménagé ses efforts pour transformer un show sympathique, inventif et relativement fauché (certains ajouteraient kitsch) en gros machin qui fait boum splash waouh, avec plus de scènes d’actions dans chaque saison que durant les quelques quarante-sept années précédentes, sans même parler des demoiselles en détresse et des emprunts pénibles à tout un pan de la culture populaire américaine contre laquelle on n’a rien mais que l’on n’a pas forcément envie de voir, aussi, dans la meilleure de toutes les séries européennes. Afin d’appuyer mon propos, je proposerai au jury de revisionner les épisodes « The Impossible Astronaute » (6x01), « The Wedding of River Song » (6x13) ou encore, dans un autre registre mais pour un délit similaire, « A Town Called Mercy » (7x03).

La Parole est à la Défense : Votre Honneur, chers jurés, va-t-on réellement reprocher à mon client d’avoir fait de Doctor Who une œuvre au rayonnement mondial, adulée par des millions de fans, qui grâce à un budget enfin décent a pu rivaliser avec les productions hollywoodiennes ? Sans doute quelques erreurs ont-elles pu être commises mais, puisque nous en sommes à visionner d’anciens épisodes, peut-être pourrions-nous juste jeter un œil à « The Unicorn and the Wasp » (4x07), diffusé peu de temps avant la promotion de Monsieur Moffat. Pensez-vous vraiment qu’en continuant, au XXIe siècle, à produire des choses aussi... cheap, Doctor Who aurait pu fêter son cinquième anniversaire ? Je vous pose la question.

VERDICT : responsable, mais pas coupable.


Chef d’inculpation N°2 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir sciemment viré tout ce qui était cool dans le run de Russell T. Davies, à l’exception de ses propres créations en tant que scénariste.

M. le Procureur Sinaeve : Votre Honneur, mon respecté collègue fait bien d’évoquer ce qui se faisait avant lui. On ne peut pas dire en effet que, pour quelqu’un se présentant comme le plus grand fan de la série que la terre ait jamais porté (je cite, votre honneur, je cite), l’Accusé se soit franchement comporté comme tel. J’en veux pour preuve la manière extrêmement cavalière dont il s’est débarrassé de l’héritage de son prédécesseur, allant jusqu'à carrément effacer la Time War, après avoir débuté en relaunchant un show qui l’avait déjà été seulement cinq ans auparavant. Il fallait au moins le Cinquantième Anniversaire de la série pour que Monsieur Moffat se rappelle de l’existence de Rose Tyler, pour ne citer qu'elle. La totalité de ces personnages, que nous aimions, Votre Honneur, ont totalement été effacés de la mémoire collective : plus d’apparitions, plus de citations, plus RIEN. C’est comme si la saison 5 avait été une saison 1 et, d’ailleurs, c’est souvent ainsi qu’elle fut présentée par les thuriféraires de Monsieur Moffat. Considérant qu'une série aussi mythique appartient un peu à chacun d'entre vous (je vois déjà l'Accusé se tortiller sur sa chaise), nous sommes face à un exemple caractérisé de détournement de bien public à des fins d'enrichissement personnel.

La Parole à la Défense : Votre Honneur, cher jury, tout ceci est ridicule ! Jamais dans l’époque récente Doctor Who n’a aussi souvent rendu hommage à sa glorieuse aînée dite « classique » et…

M. le Procurer Sinaeve : Objection, Votre Honneur ! Mettre plein d’images de vieux Doctors dans un montage tout pourri n’est pas rendre hommage !

La Défense : Il n’en reste pas moins qu’exécuter ou non des rappels du passé était la prérogative de mon client et de lui seul. De plus, si son prédécesseur, Monsieur Davies, n’avait pas lui-même articulé ses derniers épisodes comme une fin de série, de surcroît des plus larmoyantes, peut-être Monsieur Moffat ne se serait-il pas senti obligé de jouer du taille-haie dans sa mythologie. J’ajouterai qu’en preuve de bonne foi, Monsieur John Simm apparaîtra dans la prochaine saison dans le rôle qu’il tenait déjà sous Monsieur Davies.

VERDICT : innocent.


Chef d’inculpation N°3 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir eu sous la main l’un des meilleurs comédiens à avoir jamais joué ce rôle, pour au final ne lui filer que des partitions toutes pourries durant un mandat dont on crut bien, un temps, qu’il ne finirait jamais.

M. le Procureur Sinaeve : Cher jurés, c’est à vous que je m’adresse à présent : qui parmi vous n’a jamais eu envie d’étriper Monsieur Matt Smith ? De lui mettre des claques lorsqu’il surgissait en hurlant, sautillant, gesticulant, ou tout autre acte que nous qualifierons de « déséquilibré » de la part d’un homme supposé avoir acquis une certaine sagesse en quelques 900 ou 1200 années (ce point demeure obscure – notons cependant que c’est précisément, aussi, encore, Monsieur Moffat qui rompit la continuité dans l’âge du personnage). Pourtant, comme moi sans doute, vous aviez été séduit par Monsieur Smith lors de ses premières apparitions. Sa jeunesse, son expressivité extrême, sa silhouette étrange… même son look nous a paru sympathique. Il n’est pas ici question de mettre en cause le talent de Monsieur Smith, mais bien la qualité très relative des scenarii dans lesquels Monsieur Moffat lui demanda de s’illustrer (combien de vrais, grands épisodes de Doctor Who entre 2010 et 2013 ? Deux ?), ainsi que son incapacité à voir que le personnage dans cette incarnation était à bout de souffle. C’est au point qu’après un épisode final aussi grotesque qu’incompréhensible (« The Time of the Doctor », 2013), Monsieur Moffat eut l’outrecuidance de faire apparaître Monsieur Smith dans le premier épisode de son successeur (« Deep Breath », 8x01), un choix inqualifiable brisant toutes les règles et s’avérant de surcroît très vexatoire pour Monsieur Peter Capaldi, qui faisait alors ses débuts et n’avait pas besoin qu’on lui rappelle tout du long qu’il était vieux et moche.

La Parole à la Défense : Votre Honneur, les médisances de Monsieur Sinaeve sont intolérables. Si Monsieur Smith était si innocent que cela dans l’affaire, pour alors Monsieur Capaldi s’en-est-il si bien sorti ? Bien sûr, comme nous avons pu le voir encore dans un épisode – unanimement acclamé, y compris sur Le Golb, je me dois de souligner – comme « The Magician’s Apprentice » (9x01), mon client aime jouer avec le côté extravagant du personnage. Pour autant, il sait le faire avec finesse lorsqu’il a en face de lui un comédien qui en soit lui-même susceptible Ajoutons à ce propos que ce n’est pas la faute de Monsieur Moffat si Monsieur Smith, qui est un ami de la famille, a quasiment dû être expulsé de la série à coups de pieds aux fesses – ce dans des temps raisonnables, si l’on considère que dans le genre Doctor qui n’en finit pas de partir, personne ne surclassera jamais Monsieur David Tennant.

VERDICT : non-lieu fautes de preuves directes.


Chef d’inculpation N°4 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir foiré la caractérisation de tous les compagnons du Doctor, sans exception, durant sept longues années.

M. le Procurer Sinaeve : Votre Honneur, je n’aurai qu’un mot… enfin, deux : IMPOSSIBLE GIRL. Il a fallu attendre la moitié de la saison 8, soit deux ans (!) après sa première apparition, pour que Clara Oswald commence vaguement à ressembler à un truc rappelant de loin la forme de la silhouette du reflet d’un personnage. J’ajouterais bien le couple Pond à ma plaidoirie mais, comme à peu près tout le monde, le simple fait de repenser à eux me donne envie d’entamer une grève de la faim jusqu’à ce que le Pape déclare l’obsolescence du concept de mariage.

La Parole est à la Défense : Votre Honneur, chers jurés, OUI. Oui, c’est vrai, mon client n’est pas très doué pour écrire les personnages. Il n’a jamais prétendu le contraire. Pour lui, ce sont souvent des artifices narratifs, des concepts, et pourquoi pas après tout ? Cela fait partie de sa démarche. Il en va de même dans toutes ses séries et il me paraît très injuste de le lui reprocher car, après tout, qu’est-ce qui a fait la notoriété de mon client si ce n’est précisément la force des concepts sur lesquels il a bâtis ses plus célèbres épisodes ? River Song, après tout, est déjà un concept – cela ne dérangeait personne à l’époque où mon client n’était qu’un simple assistant. De plus, il serait malhonnête d’omettre que tout le monde aimait très fort Amy Pond lors de ses premières apparitions (même si elle n’était elle aussi qu'un concept). "Impossible Girl", clame mon bien aimé confrère, comme si cela prouvait quelque chose ? Mais enfin : Clara Oswald ne faisait qu’assumer tout haut ce que mon client faisait en sous-main depuis sa toute première pige sur la série. Injuste, vous dis-je, surtout à la veille de la présentation d’une nouvelle compagne qui, nous en somme certains, saura vous séduire.

VERDICT : ajourné.


Chef d’inculpation N°5 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir ruiné les six seules bonnes idées qu’il a eues durant son mandat, à force de les recycler inlassablement en croisant les doigts pour que personne ne s’en aperçoive.

M. le Procureur Sinaeve : J’appelle à la barre Madame River Song… ah : on me dit que ce n’est pas un procès officiel et qu’elle n’a pas répondu à sa convocation. Qu’importe, la seule évocation de son nom devrait suffire à faire comprendre au jury de quoi il s’agissait : à l’image des Weeping Angels et de tant d’autres créations de Monsieur Moffat, Madame Song a subi tous les outrages – usée et abusée dans tous les sens que recouvre cette expression. Ce personnage était pourtant formidable, à la base, et sa love-story à l’envers avec le Doctor, une brillantissime idée. Malheureusement, celle-ci fut réduite à l'état de poussière au cours du tragique épisode « Let’s Kill Hitler » (6x08… oui, même le titre était tragique), et la surexploitation du personnage acheva ensuite de… eh bien : de l’achever. On pourrait bien sûr citer de nombreux autres exemples, des Anges bafouant leurs propres règles dans « The Angels Take Manhattan » (7x05) à des épisodes commençant souvent très bien pour finir dans le grand n’importe quoi et/ou sur des twists totalement débiles (« The Rebel Flesh/The Almost People » [6x05-06] est peut-être le cas le plus flagrant). Notons au passage que beaucoup des idées en question provenaient d’avant la prise de pouvoir de Monsieur Moffat, celui-ci semblant étrangement empêché d’en avoir de nouvelles depuis qu’il possède le plus grand bureau (voir « Listen » [8x04] énième mauvais remake de « Blink », ou, dernièrement, « Sleep No More » [9x09] énième mauvais remake de cent cinquante autres épisodes de la série). Bien entendu, l’amusant personnage de Missy, qui rempile en 2017, connaîtra incessamment sous peu le même sort.

La Parole à la Défense : Votre honneur, tout d’abord, j’aimerais souligner que Monsieur Moffat n’est pas responsable de la moindre phrase écrite dans la série. Enfin... si, c’est son job… mais ça ne signifie pas qu’il les ait écrites lui-même. Si tous les épisodes du mandat de Monsieur Moffat ressemblent à du mauvais Moffat, c’est tout simplement parce que son rayonnement est tel que ses collaborateurs cherchent à l’imiter (je vous renvoie à la tragique crise d’identité traversée par Monsieur Mark Gatiss sur Sherlock). Quant au cas de Madame Song, peut-on d’un côté reprocher à Monsieur Moffat de ne pas écrire ses personnages et, de l’autre, d’être trop attaché à eux ?

VERDICT : coupable.


Chef d’inculpation N°6 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir contribué, notamment en raison de ses multiples activités parallèles, à ce que la série soit diffusée n’importe comment depuis des années.

M. le Procureur Sinaeve : Après une saison 5 diffusée « normalement », place au grand n’importe quoi : des bouts de saisons balancés aux petits bonheur la chance, des specials qui se promènent au milieu, des commandes de douze épisodes divisées en deux, sans même parler de cette saison 10 qui s’apprête à débuter après un an et demi de vacances. Sans déconner, Votre Honneur : on se croirait sur AMC.

La Parole est à la Défense : Votre Honneur, je… euh… non, rien, no further comments.

VERDICT : coupable.

Chef d’Inculpation N°7 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir généré à lui tout seul le Drawa de la plus mauvaise série de voyages dans le temps.

M. le Procureur Sinaeve : Je propose aux jurés de visionner immédiatement les épisodes « The Big Bang » (5x13), « The Wedding of River Song » (6x13) et « Journey to the Centre of the TARDIS » (7x10).

La Parole est à la Défense : Nous ne nous y opposerons pas, et demanderons juste à verser au dossier l’épisode « Heaven Sent » (9x11).

VERDICT : coupable et immédiatement incarcéré à Guantánamo.


Chef d’Inculpation N°8 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir irrigué de sa misogynie une série connue et admirée pour avoir changé la perception que le grand public avait des personnages féminins.

M. le Procureur Sinaeve : Adieu, les héroïnes pro-actives à la Jo Grant, Sarah Jane Smith, Leela, Romana, Rose Tyler, Martha Jones et autre Donna Noble. Les compagnes du Doctor, sous le règne de Monsieur Moffat, ne l’accompagnaient plus par goût de l’aventure mais parce qu’elles étaient secrètement amoureuses de lui. Nous avons déjà évoqué plus haut cette potiche de Clara Oswald, mais une journée entière de comparutions ne suffirait sans doute pas à en finir avec les cas d’Amy Pond et de River Song, les amoureuses officielles – et surtout officiellement reloues – du Doctor durant le mandant de Monsieur Smith. Ajoutons qu’en parallèle, Monsieur Moffat s’est cru autorisé – on croit rêver – à sexualiser le Doctor, qui s’est mis à rouler des galoches à toute une ribambelle de jeunes filles forcément en pâmoison devant son génie – c’est bien, on n’a pas du tout l’impression que l’Accusé se projette.

La Parole est à la défense : Votre honneur, je m’insurge ! Mon confrère en rajoute des tonnes : mon client a tout au plus fait faire au Doctor un ou deux bisous ponctuels ! Sexualiser, tout de suite les grands mots ! Il s’agit tout au plus d’une romantisation – et encore celle-ci avait-elle commencé sous Monsieur Davies, dont je rappellerai que son Doctor passait son temps à écarquiller ses beaux yeux remplis de larmes. Quant à la question de la misogynie… certes, mon client n’est pas connu pour sa sympathie à l’égard de la cause de féministe, on peut même dire qu’il n’aime pas trop les femmes… toutefois, les héroïnes d’antan étaient-elle si pro-actives que cela ? Sarah Jane et Romana passaient leur temps à se faire kidnapper, quant à Leela… sa tenue parle pour elle (enfin : pour ses concepteurs).

VERDICT : ajourné dans l’attente de l’introduction du personnage de Bill Potts.


Chef d’inculpation N°9 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir joué les apprentis sorciers et trituré jusqu’au point de non-retour le code génétique de la série.

M. le Procureur Sinaeve : Chers jurés, vous serez sans doute tentés, sur ce point, de juger le fait d’avoir métamorphosé une série pour enfants joyeuse en série pour ados emo casse-burnes. Sachez que ce n’est pas ce que l’on reprochera ici à Monsieur Moffat – nous avons tous un ado emo qui sommeille en nous. Ce qui justifie sa présence au banc des accusés, c’est bien d’avoir bouleversé ce qui faisait l’identité de Doctor Who afin d’y plaquer ses propres obsessions, sans aucun doute respectables mais qui après tout n'engageaient que lui. Cela ne lui suffisait pas de bidouiller plus qu’aucun autre la mythologie de la série, non Mesdames, non Messieurs. Il fallait encore qu’il en modifie les codes, centrant un nombre on ne peut plus déraisonnable d’intrigues sur le personnage du Doctor lui-même, plutôt que sur ses aventures/enquêtes/voyages/découvertes. Monsieur Davies avait certes montré la voix, en se focalisant beaucoup (parfois trop) sur ce que ressentait notre héros. Mais avec Monsieur Moffat, les intrigues se sont de plus en plus fréquemment déplacées vers sa nature (voir certains titres explicites : The Name of The Doctor, The Day of the Doctor, The Time of the Doctor, The Penis of the Doctor), ou vers son devenir. Dans la saison 5, le Doctor est ainsi une légende, dans la 6 et la 7, sa mort prochaine est en question, dans la 8 et la 9, son passé est continuellement interrogé (et sa mort est un peu en question aussi. Encore). Autant dire que l’on n’est pas du tout rassurés de savoir que l’ultime épisode de Monsieur Moffat s’intitulera « The Doctor Falls» – d’ici à ce qu’il ait volontairement savonné la planche pour son successeur, il n’y a pas des kilomètres, si vous me passez l’expression.

La Parole est à la Défense : Votre Honneurs, très chers jurés : Monsieur Moffat est un artiste. Il plaque sa subjectivité propre sur les œuvres qu’il entend adapter, quoi de plus naturel ? Le contraire lui serait reproché – et vous ne manquerez pas de le reprocher à Monsieur Chibnall dès l’année prochaine. Oui, mon client est un peu prise de tête au quotidien. Oui, il est joueur, et trouve donc normal d’écrire des épisodes mindblowing interpelant la nature mystérieuse d’un personnage dont, après tout, nous ne savons que peu de choses proportionnellement au nombre d’histoires qui lui furent consacrées…

M. le Procureur Sinaeve : Objection, votre Honneur ! Le spectateur possède d’innombrables informations biographiques concernant le Doctor ! L’Accusé le saurait s’il s’était renseigné un peu plutôt que de considérer que la série n’existait pas avant lui !


La Défense : Je reformule. Est-ce que tous les épisodes incriminés étaient réussis ? Sans doute pas. Mon client est tout prêt à le reconnaître. Il est même prêt à s’excuser pour le délire sur Hitler et le double-épisode super chiant avec les Siluriens. Mais soyons honnêtes : même si c’était pour râler, vous vous êtes tous passionnés pour ces arcs narratifs, vous vous êtes demandés le nom du Doctor, ce qu’il allait ficher sur Trenzalore, comment il allait survivre à sa mort annoncée, ou à sa dernière régénération ou… etc. Et oui, soit : vous n’avez peut-être pas toujours compris le fin mot de l’histoire. Je ne m’aventurerai pas moi-même, malgré une longue étude du dossier, à expliquer certains voyages dans le temps ou à vous dire comment Clara lui a sauvé la vie ni même pourquoi il n’a pas pu la sauver elle et, sincèrement, cette histoire de TARDIS qui s’incarne en une femme, c’était très joli mais je n’y ai rien compris. Que voulez-vous : mon client est un poète, voilà tout. Pour lui, l’essentiel est de chaque semaine parvenir à créer le bu… à sublimer les limites d’une simple série télévisée pour emporter le lecteur dans un océan d’émotions contradictoires. C’est pourquoi, je vous l’affirme : les saisons dirigées par mon client Monsieur Moffat sont tout simplement ce que la série a offert de mieux depuis 1963 ; vous verrez que vous tous, chers jurés, le regretterez et attendrez impatiemment chaque prochaine saison de Sherlock afin de goûter de nouveau à son génie.

VERDICT : coupable.

Chef d’accusation N°10 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir offert un emploi à Pénélope Fillon.

M. le Procureur Sinaeve : pff…

La Parole à la Défense : Votre honneur, qui n’a jamais offert un emploi à Madame Fillon ? Monsieur Moffat a tout simplement voulu rendre service à un couple d’amis, et pourquoi ne l’aurait-il pas fait ? Est-ce qu’être ami avec Monsieur Moffat signifie que l’on n’a moins de droit que les autres citoyens ? Madame Fillon a rendu de très belles notes de lecture des épisodes durant de nombreuses années, sans elle, nous n'aurions sans doute jamais eu de rencontre avec Van Gogh, de retour des Silluriens, d'épisode dans un sous-marrain soviétique ou de concours de quéquette avec Robin des Bois. C'est vous dire son apport con-si-dé-ra-ble.



1.Moffat a probablement plus communiqué, commenté, teasé, baratiné... que la totalité de ses prédécesseurs réunis, dont les noms vous sembleraient d'ailleurs sans doute obscurs.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 494

Trending Articles


FORECLOSURE OF REAL ESTATE MORTGAGE


Girasoles para colorear


Gwapo Quotes : Babaero Quotes


Long Distance Relationship Tagalog Love Quotes


Patama tagalog quotes – Move On Quotes


Inggit Quotes and Kabit Quotes – Tagalog Patama Quotes


5 Uri ng Pambobola


kasama kang tumanda


RE: Mutton Pies (frankie241)


EASY COME, EASY GO


Pokemon para colorear


Sapos para colorear


tagalog love Quotes – Tiwala Quotes


Patama Quotes – Tanga love tagalog quotes


Ligaw Quotes – Courting Quotes – Sweet Tagalog Quotes


INUMAN QUOTES


Hugot Lines 2020 Patama : ML Edition


Re:Mutton Pies (lleechef)


Vimeo 10.7.0 by Vimeo.com, Inc.


Vimeo 10.7.1 by Vimeo.com, Inc.