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Channel: LE GOLB
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The Jayhawks - La Revanche cajolante

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S'il est une reformation, une seule parmi les cent-cinquante mille des dernières années, que l'on a accueilli avec enthousiasme et sans la moindre arrière pensée... c'est bien celle des Jayhawks. Des gens qui ont toujours été adorés dans ces pages, ensemble ou séparément, et qu'on n'a adoré que plus pour avoir, avec leur brillant Mockingbird Time, fait mentir tous les adages et toutes les malédictions des reunion albums. Pour la seule fois durant cette décennie où tous les groupes de notre jeunesse semblaient en avoir après nos maigres économies, on attendait même la suite, peut-être pas avec impatience (les Jayhawks n'ont jamais été très prolifiques), mais en tout cas de pied ferme.

Autant vous dire que du côté du Golb, c'est tout un monde qui s'est effondré lorsque Mark Olson a re-quitté le groupe à peine un an et demi après son retour, et commencé – chose absolument invraisemblable de la part d'un type les plus discrets et attachants de la scène folk US – à mitrailler à longueur d'interventions publiques. Les amateurs du groupe se rappelleront que la précédente séparation, au milieu des années quatre-vingt-dix, s'était faite sur la pointe des pieds, sans cri et presque sans larmes (du moins aux yeux du reste du monde). Voir subitement Olson expliquer que ce remarquable Mockingbird Time avait été écrit un flingue de dettes judiciaires sur la tempe, et principalement utilisé pour payer la cure de désintoxe d'un Louris qui (selon son ex-partenaire) n'en aurait quasiment rien écrit1 a quelque chose d'absolument inattendu et même d'assez violent, tout comme d'ailleurs le cynisme avec lequel Louris s'est empressé de continuer à tourner sans Olson et même de rééditer les albums du groupe parus sous sa seule houlette.

Inutile de dire que pour toutes ces raisons, on attendait à peu près rien de ce retour des Jayhawks en 2016. A vrai dire, on ne savait même plus comment les qualifier, car si l'on n'a jamais fait partie de ceux considérant que le groupe sans Olson n'était pas les Jayhawks... on s'est bel et bien réjoui du retour des vrais Jayhawks en 2011. Et pas qu'un peu. La vérité, c'est que les Jayhawks Mark I (et III) étaient un groupe bicéphale et que leur version uniquement pilotée par Louris entre 1997 et les retrouvailles constituait presque un projet à part, à la teneur et à la couleur sensiblement différentes, souvent plus pop, voire moderne – en tout cas moins emprunt de cette nostalgie acide émanant de la plupart des ouvrages signés Mark Olson.


C'est donc avec une certaine surprise que l'on découvre Paging Mr. Proust, dont le titre au moins semble vouloir annuler la précédente remarque. Car si le premier split avait marqué une rupture esthétique réelle, offrant avec Sound of Lies (1997) un album très différent de Tomorrow the Green Grass (1995), ce neuvième opus (ou quatrième, selon que l'on divise ou non les deux discographies) s'inscrit pour sa part dans l'immédiate continuité de Mockingbird Time. L'espace du premier titre, sublime "Quiet Corners & Empty Spaces", on se frotte même les oreilles en se demandant si Olson est réellement parti, tant tout est fait pour donner l'impression que la révolution n'a pas eu lieu. Ce n'est pas une critique, bien au contraire. C'en est même assez stupéfiant tant l'atmosphère est délicate, posée, racée comme... du Jayhawks avec Olson. L'ensemble est certes un brin plus électrique, soit donc pugnace, soit donc moins contemplatif... mais on ne peut pas dire que Paging Mr. Proust sonne comme l'album d'un groupe ayant passé les quatre dernières années à se mettre sur la gueule ("Leaving the Monsters Behind" et son refrain à base d'"I don't want to fight" renvoyant plus certainement aux habituels démons de Louris – qui n'a jamais été un modèle d'équilibre ni de sobriété – qu'aux récents évènements internes2). En cela, ils n'étaient pas pour rien les descendants plus ou moins direct des Byrds, Band, Crosby, Stills, Nash & Young – entre autres vétérans sixto-seventies notoirement connus pour leurs fractures internes mais qui, au moment de graver les morceaux, parvenaient de manière incompréhensible à aller chercher chaleur, lumière et paix intérieure.

Solidement produit par Peter Buck, l'ensemble se boit comme du petit lait, tout particulièrement lorsqu'il tape dans le bon vieux folk-rock à la Neil Young, ou plus généralement lorsque Louris ne cherche pas l'originalité (la volonté de se démarquer d'Olson a toujours été à la fois l'intérêt et la faiblesse de son incarnation des Jayhawks). "The Devil Is in Her Eyes" est le genre de morceau parfait qui aurait pu figurer sur n'importe quel disque du groupe, quelle que soit la période, et c'est bien pourquoi il marque instantanément l'auditeur. Tout y est classique, old school, sans prétention. Commentaire qui vaut pour la plupart des meilleurs passages de cet album tout en finesse ("Pretty Roses in Your Hair", "Isabel's Daughter"), moins chatoyant ou m'as-tu-vu qu'un Smile (2000) ou un Rainy Day Music (2003). On n'ira certes pas jusqu'à affirmer que le départ d'Olson est indolore, ne serait-ce que parce que sa voix manque inévitablement. Louris ne peut de toute façon pas totalement résister à la tentation du refrain bien catchy de-ci de-là, mais il faut reconnaître qu'à la différence de certains de ses vrais/faux hits passés, un "Comeback Kids" ne manque pas de piquant. On ne pourra de toute façon pas lui enlever d'avoir toujours été le garant de la facette la plus rêche du groupe, si ce n'est dans le son, du moins dans l'attitude. C'est qu'à force, on en oublierait presque que brouille ou non, Louris n'en est pas moins légitime qu'un autre pour continuer à officier sous le patronage des Jayhawks ; que si le groupe a bien été fondé par Olson (ainsi que par le discret bassiste Marc Perlman), il n'aurait assurément pas eu la même la même postérité sans son co-leader. Aussi curieux que cela puisse paraître, il aura fallu attendre ce quatrième album sous cette incarnation pour en arriver à se faire cette réflexion. Peut-être Louris a-t-il trop voulu affirmer son songwriting par le passé, quitte à oublier ce qui faisait la majesté du groupe auparavant – un peu comme un joueur de foot qui se serait subitement cru plus grand que son club. En épousant le passé et en synthétisant plutôt qu'en tranchant dans le vif, il vient de gagner plus de crédit que, peut-être, il n'en a jamais eu.



Paging Mr. Proust, des Jayhawks (Thirty Tigers, 2016)



1.Ce dont on se permettra de douter poliment, Mockingbird Time étant clairement frappé de la patte très reconnaissable de Louris
2. Louris qui n'a d'ailleurs jamais vraiment commenté les propos de son ex, se contentant de reconnaître qu'il était particulièrement difficile à vivre à cette période... et de virer la plupart des titres d'Olson des setlists live, conformément aux récriminations de ce dernier.


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