...
AGENTS OF S.H.I.E.L.D. (saison 3) L'information n'est pas nouvelle : Agents of S.H.I.EL.D. est devenue une bonne série, après avoir été en constant progrès. Au fil du temps, les acteurs sont devenus bien meilleurs, les personnages bien plus attachants, les enjeux bien plus prenants, les épisodes bien mieux écrits, le budget bien plus conséquent - tant et si bien qu'une fois n'est pas coutume, une expression toute faite trouve sa juste illustration : Agents of S.H.I.E.L.D., littéralement, n'est plus du tout la même série que celle qui dépita tout le monde au moment de son lancement à l'automne 2013. Mais là, j'enfonce une porte ouverte, car si vous la regardez, vous n'avez pas pu ne pas vous en apercevoir. Ce qui est nouveau en revanche, depuis le début de la saison 3, c'est le plaisir que je prends à la retrouver chaque semaine. C'est au point que lorsque mon camarade Bloom déclara, sur le CDB, qu'elle était la meilleure série de superhéros à l'antenne... je ne l'ai pas pris comme une provocation facile ironisant sur les séries DC en roue libre, mais comme un constat digne d'intérêt, à défaut d'être indiscutable. Tout a changé depuis qu'elle s'est trouvée un ancrage dans l'univers Marvel (ce qui lui manquait clairement au départ, on ne comprenait pas ce que ces personnages foutaient là ni ce qu'ils apportaient aux différentes franchises qu'ils name-droppaient laborieusement tous les deux épisodes), ce qui ne s'est fait ni du jour au lendemain, ni sans heurts. L'intégration du dernier Avengers en plein milieu d'une saison 2 qui parlait de tout autre chose était naze comme pas permis, mais la voir désormais servir de véritable tremplin aux futurs Civil War et Inhumans ajoute un vrai plus, comme si enfin, Coulson est ses ouailles avaient trouvé un sens à leur vie. Le niveau général est un peu en baisse depuis la reprise (il est vrai que le début de saison plaçait la barre assez haut - ça fait encore bizarre de l'écrire), mais l'édifice semble à présent parti pour tenir et ne me plonge plus dans la même perplexité - mis à part quand Chloe Benett essaie de jouer une émotion... mais précisément, la série est devenue suffisamment bonne pour que cet aspect ne soit plus rédhibitoire.
BATES MOTEL (saison 4) Joie. Bonheur. Félicité. Carlton Cuse et Keri Ehrin ont entendu les suppliques du Golb : dans cette quatrième saison, ils cassent enfin la structure très répétitive de leur série, expédient Norman à l'asile et sèment de nombreux indices laissant entendre que le climax du show (l'assassinat de Maman Tordue par Bébé Psycho) pourrait arriver très rapidement (je sens quand même plutôt Romero pour cette année). On en sabrerait presque le champagne, ne serait-ce cette malencontreuse évidence que... Bates Motel est (pour le moment) dans son chapitre le moins maîtrisé à ce jour, ne s'égayant de noirceur que dans les passages - de plus en plus nombreux et glaçants - où Freddie Highmore fait son show. Identifié depuis longtemps, le problème ne semble plus vraiment corrigible à ce stade (renouvelée depuis belle lurette, la série est malgré tout désormais plus proche de la fin que du début) : Bates Motel excelle dans le suspens psychologique et les interactions complexes au sein de son quatuor principal (Norma / Norman / Dylan / Romero), tous remarquablement campés (même Nestor assure), mais est d'une grande platitude (paresse ?) dans l'écriture de ses péripéties, comme si elles n'étaient qu'un détour obligé avant de revenir aux choses sérieuses (les relations très spéciales - et très spécifiques - de Norma avec les trois hommes de sa vie, ainsi que la folie meurtrière du premier d'entre eux). Honnêtement, on s'en tape des histoires avec Chick le vitrier vengeur, tout comme on se bat les steaks des problèmes de Romero avec son ex et comme on se fout même de plus en plus d'Emma, personnage intéressant dans les premières saisons mais qui n'est plus depuis longtemps qu'un (sympathique) satellite. Les scénaristes, eux, semblent trouver cela suffisamment essentiel pour y accorder la moitié du temps d'antenne de chaque épisode.
BILLIONS est une série devant laquelle on ne sait jamais sur quel pied danser, mais le sait-elle elle-même ? Bien meilleure que ce que peut laisser craindre un pitch évoquant les grandeur et décadence d'un trader de génie incarné par Damian Lewis sur Showtime (brrrr), elle n'échappe pas complètement aux poncifs de la chaîne la plus racoleuse de l'univers et au-delà (quelqu'un là-bas doit bien penser qu'il s'agit d'un style), mais y résiste par moments avec un bel aplomb, notamment en refusant de simplifier son jargon ou en filant des intrigues politico-économico-judiciaires relativement complexes. Le hic, c'est qu'au-delà d'un Lewis dont on avait oublié comme il pouvait être bon tant son rôle dans Homeland avait fini par devenir caricatural, Billions ne semble pas trop certaine de ce qu'elle veut raconter, ni même de son positionnement par rapport au milieu où elle situe son intrigue. Ni satire ni polar, jamais suffisamment technique pour aspirer à un réalisme digne de ce nom, elle manque surtout - et c'est un sacré comble - cruellement du cynisme que lui impose son sujet. En faisant le choix de présenter son protagoniste comme un personnage en décalage avec son milieu, ses auteurs (pour la plupart débutants sur le petit écran) se sont considérablement compliqué la vie : homme du peuple arrivé au sommet en partant de rien, modèle de vertu qui doit être le seul héros mâle de toute l'histoire de Showtime à refuser de tromper sa femme (mêmeDexterl'assexué avait craqué), "Axe" incarne bien trop le Héros Américain absolu pour inspirer autre chose que sympathie et compassion au spectateur, peu importe ses choix professionnels parfois discutables - c'est un mec bien, contrairement à la petite merde de procureur qui essaie de le coincer, un personnage pourtant viscéralement juste mais tellement antipathique (en plus, il se fait dominer par sa femme dès la première scène, ce qui n'est pas loin d'être un péché capital pour un mâle de Showtime). Bref, en voulant proposer une critique d'un système, les scénaristes ne mettent pas même deux épisodes à en rédiger l'apologie, ce qui met presque autant mal à l'aise que la métamorphose médiatique Jérôme Kerviel en Robin de Bois de l'anticapitalisme 2.0.
MAKING A MURDERER Si j'ai été profondément captivé par The Jinx, son histoire incroyable et sa mise en scène brillante, je n'étais pas forcément enthousiaste de voir son succès générer une mode sentant potentiellement très mauvais. Quand Netflix a annoncé chercher des projets comparables, je sentais déjà venir la prolifération de séries documentaires sur-montées dans lesquelles des aspirants journalistes se prendraient pour des justiciers, ce qui était éthiquement très discutable et, du strict point de vue narratif, se heurtait de toute façon au fait que l'on ne croise pas des types aussi fascinants que Robert Durst tous les deux jours. Peut-être parce qu'il se rapproche plus de Soupçons dans son traitement plus compassionnel (une large place est accordée à l'entourage malheureux des protagonistes), Making a Murderer rassure dans un premier temps sur ce point, même si le revers de la médaille est qu'il faut lui accorder un peu de temps - quand on était happé par The Jinx dès les premiers instants. On ne saisit pas tout de suite l'ampleur de ce qui se dessine tous nos yeux, où s'entremêlent grande faillite du système et petites mesquineries ordinaires qui, misent bout à bout, aboutissent à une terrifiante réaction en chaîne. Le tout n'est malheureusement pas dénué de longueurs, voire de répétitions un peu lourdes (on ne sera pas surpris d'apprendre - comme un écho déformé à un sujet plusieurs fois évoqué dans ces pages - que la série faisait au départ huit épisodes "étalés"à la demande de Netflix...). Il réussit surtout la paradoxale performance de nous donner in fine le sentiment d'être encore plus manipulés que dans The Jinx, lorsque l'on comprend dans le dernier épisode que l'affaire n'a pas été résolue et que Steven Avery est toujours incarcéré ; subitement, tout ce que l'on a regardé précédemment (avec une certaine passion) revêt un sens différent : nous ne sommes plus dans le documentaire aspirant à l'objectivité, mais dans l'enquête à décharge ne s'assumant pas réellement comme telle (ses auteures affirment de manière un tantinet hypocrite qu'elles voulaient replacer l'affaire dans son contexte et non disculper Steven Avery... c'est con, même le titre les contredit), d'autant plus subjective que trois clics sur le Net permettent de constater que de nombreux éléments du procès parmi les plus incriminants ont purement et simplement été rayés du doc. Arrivé à la non-fin (on peut toujours rêver à une suite, comme ce fut le cas pour Soupçons presque dix ans après), la seule chose réellement certaine - et suffisante à rendre le tout très prenant - c'est que Steven Avery n'a jamais eu droit à un procès équitable. C'est aussi, en un sens, la force de ce genre de récit que de nous faire nous interroger à la fin, aussi bien sur le fond que sur la forme et les intentions. The Jinx ou Soupçons ne provoquaient pas autre chose, et hantaient le spectateur bien après le visionnage.
SÉRIE NOIRE (saison 2) Pas vraiment de progrès notable du côté des deux scénaristes les plus losers de l'histoire de la francophonie - ce qui fait sans doute de Série noire un genre de réussite. Pour ceux qui ne s'y seraient jamais essayé, ce Breaking Badà accent québécois narre les aventures tragi-comiques des (très mauvais) auteurs de la série La Loi de la Justice, inexplicablement prolongée sous les huées d'une critique qu'ils prennent presque aussi au sérieux que leur art (ce qui n'est pas rien). La saison 1 les voyaient donc se lancer dans différentes expériences visant à enrichir leur inspiration et proposer quelque chose de plus consistant, expériences dont ils doivent désormais affronter les conséquences et autres représailles. Je disais plus haut que la série ne progressait pas ; c'est en partie parce qu'elle s'est beaucoup éloignée de ce qu'elle offrait dans ses premiers épisodes, plutôt marrants, pour tenter d'aller concurrencer les anglo-saxons sur le terrain du polar rigolo-mais-pas-trop-mais-avec-grave-du-second-degré-à-l'intérieur, ce qui ne fonctionne à peu près jamais et ne le pourrait de toute façon pas avec une trame générale aussi éclatée et bordélique. Comme dans la première saison, il y a de vraies bonnes scènes, des fulgurances vraiment bien vues... mais noyées dans une espèce de grosse ratatouille poutine pas désagréable sur le coup, mais parfois franchement lourde sur l'estomac.
... chez Syfy, on bipe tous les Fuck (et il y en a un paquet), mais enchaîner une scène de viol qui ne sert à rien avec des plans bien gores ne pose aucun problème. Presque aussi improbable que quand NBC floutait les zizis et les touffinettes sur les tableaux de maîtres dans Hannibal, série ultra-violente et sadique par ailleurs. C'est fou comme les succès de Game of Thrones et The Walking Dead (voire dans une moindre mesure et un peu plus tôt de Dexter) ont pu déplacer le curseur de la violence à la télé. Je ne sais pas si c'est une bonne chose. En tout cas ça n'a pas empêché The Magiciansde se conclure sur un final de haut vol, dosant remarquablement (comme tout le reste de la saison) élans horrifiques (souvent soudains, vifs et crus), merveilleux narnien (esthétisant et kistch comme de juste) et badinage ironico-pop plutôt efficace. Un équilibre fragile, sans doute, assez séduisant la plupart du temps, servi par une très bonne réalisation et une intrigue très chouette (bien que parfois un brin confuse). J'ai quand même un peu hâte de voir la suite, pas vous ?
AGENTS OF S.H.I.E.L.D. (saison 3) L'information n'est pas nouvelle : Agents of S.H.I.EL.D. est devenue une bonne série, après avoir été en constant progrès. Au fil du temps, les acteurs sont devenus bien meilleurs, les personnages bien plus attachants, les enjeux bien plus prenants, les épisodes bien mieux écrits, le budget bien plus conséquent - tant et si bien qu'une fois n'est pas coutume, une expression toute faite trouve sa juste illustration : Agents of S.H.I.E.L.D., littéralement, n'est plus du tout la même série que celle qui dépita tout le monde au moment de son lancement à l'automne 2013. Mais là, j'enfonce une porte ouverte, car si vous la regardez, vous n'avez pas pu ne pas vous en apercevoir. Ce qui est nouveau en revanche, depuis le début de la saison 3, c'est le plaisir que je prends à la retrouver chaque semaine. C'est au point que lorsque mon camarade Bloom déclara, sur le CDB, qu'elle était la meilleure série de superhéros à l'antenne... je ne l'ai pas pris comme une provocation facile ironisant sur les séries DC en roue libre, mais comme un constat digne d'intérêt, à défaut d'être indiscutable. Tout a changé depuis qu'elle s'est trouvée un ancrage dans l'univers Marvel (ce qui lui manquait clairement au départ, on ne comprenait pas ce que ces personnages foutaient là ni ce qu'ils apportaient aux différentes franchises qu'ils name-droppaient laborieusement tous les deux épisodes), ce qui ne s'est fait ni du jour au lendemain, ni sans heurts. L'intégration du dernier Avengers en plein milieu d'une saison 2 qui parlait de tout autre chose était naze comme pas permis, mais la voir désormais servir de véritable tremplin aux futurs Civil War et Inhumans ajoute un vrai plus, comme si enfin, Coulson est ses ouailles avaient trouvé un sens à leur vie. Le niveau général est un peu en baisse depuis la reprise (il est vrai que le début de saison plaçait la barre assez haut - ça fait encore bizarre de l'écrire), mais l'édifice semble à présent parti pour tenir et ne me plonge plus dans la même perplexité - mis à part quand Chloe Benett essaie de jouer une émotion... mais précisément, la série est devenue suffisamment bonne pour que cet aspect ne soit plus rédhibitoire.
AOS n'est plus la même série, disions-nous... et Brett Dalton, plus du tout l'acteur fade et mou des premiers épisodes.
BILLIONS est une série devant laquelle on ne sait jamais sur quel pied danser, mais le sait-elle elle-même ? Bien meilleure que ce que peut laisser craindre un pitch évoquant les grandeur et décadence d'un trader de génie incarné par Damian Lewis sur Showtime (brrrr), elle n'échappe pas complètement aux poncifs de la chaîne la plus racoleuse de l'univers et au-delà (quelqu'un là-bas doit bien penser qu'il s'agit d'un style), mais y résiste par moments avec un bel aplomb, notamment en refusant de simplifier son jargon ou en filant des intrigues politico-économico-judiciaires relativement complexes. Le hic, c'est qu'au-delà d'un Lewis dont on avait oublié comme il pouvait être bon tant son rôle dans Homeland avait fini par devenir caricatural, Billions ne semble pas trop certaine de ce qu'elle veut raconter, ni même de son positionnement par rapport au milieu où elle situe son intrigue. Ni satire ni polar, jamais suffisamment technique pour aspirer à un réalisme digne de ce nom, elle manque surtout - et c'est un sacré comble - cruellement du cynisme que lui impose son sujet. En faisant le choix de présenter son protagoniste comme un personnage en décalage avec son milieu, ses auteurs (pour la plupart débutants sur le petit écran) se sont considérablement compliqué la vie : homme du peuple arrivé au sommet en partant de rien, modèle de vertu qui doit être le seul héros mâle de toute l'histoire de Showtime à refuser de tromper sa femme (mêmeDexterl'assexué avait craqué), "Axe" incarne bien trop le Héros Américain absolu pour inspirer autre chose que sympathie et compassion au spectateur, peu importe ses choix professionnels parfois discutables - c'est un mec bien, contrairement à la petite merde de procureur qui essaie de le coincer, un personnage pourtant viscéralement juste mais tellement antipathique (en plus, il se fait dominer par sa femme dès la première scène, ce qui n'est pas loin d'être un péché capital pour un mâle de Showtime). Bref, en voulant proposer une critique d'un système, les scénaristes ne mettent pas même deux épisodes à en rédiger l'apologie, ce qui met presque autant mal à l'aise que la métamorphose médiatique Jérôme Kerviel en Robin de Bois de l'anticapitalisme 2.0.
Paul Giamatti aussi est très bien, en tout cas dans les scènes où il n'en fait pas dix tonnes.
Attachants et charismatiques, les deux avocats d'Avery ne sont pas pour rien dans l'addiction générée par le show.
à part ça...
... chez Syfy, on bipe tous les Fuck (et il y en a un paquet), mais enchaîner une scène de viol qui ne sert à rien avec des plans bien gores ne pose aucun problème. Presque aussi improbable que quand NBC floutait les zizis et les touffinettes sur les tableaux de maîtres dans Hannibal, série ultra-violente et sadique par ailleurs. C'est fou comme les succès de Game of Thrones et The Walking Dead (voire dans une moindre mesure et un peu plus tôt de Dexter) ont pu déplacer le curseur de la violence à la télé. Je ne sais pas si c'est une bonne chose. En tout cas ça n'a pas empêché The Magiciansde se conclure sur un final de haut vol, dosant remarquablement (comme tout le reste de la saison) élans horrifiques (souvent soudains, vifs et crus), merveilleux narnien (esthétisant et kistch comme de juste) et badinage ironico-pop plutôt efficace. Un équilibre fragile, sans doute, assez séduisant la plupart du temps, servi par une très bonne réalisation et une intrigue très chouette (bien que parfois un brin confuse). J'ai quand même un peu hâte de voir la suite, pas vous ?