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Colin Chloé - Là-haut, tout au bout de la patience

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C'est le son qui frappe en premier. Ample, enveloppant. Ces guitares, ce jeu. Le Loner qui veille sur sa progéniture. Puis après - seulement après - la voix, chaude, qui vient tranquillement poser là des mots annonçant la couleur. "Il sort de la grange / Remets sa pelisse / Vérifie le mors / Resserre la selle / Retourne vers le hameaux / Où l'attend Jeanne / Dans un coin paumé / Dans la vallée / Loin du bruit inutile / De la ville vidée de la vie". C'est pesant. C'est bluesy. Plus que par le passé, mais aucun doute pour autant : on reconnaît instantanément Colin Chloé, vieille connaissance de ces pages, dont on était sans nouvelles discographiques depuis une sacrée paie. Quatre ans, en ce qui nous concerne. Six, pour ceux ayant découvert le remarquable Appeaux lors de son auto-parution en 2008. Précisément soixante-douze mois et, on l'imagine, un petit paquet de vies.

Plus terrien1 donc fatalement plus rock, assez dur, même, par instants ("La Terre nous attend" ou le refrain tempétueux de "Fontaine"), ce second opus n'a pas usurpé son titre : Au ciel regarde en l'air plutôt que de barboter comme son prédécesseur dans la flotte. Il n'en est pas moins la suite évidente, limpide, et si Pascal Humbert (oui, le) a rejoint le casting à la basse, l’attelage est toujours mixé par l'immédiatement reconnaissable Bruno Green2 et a la bonne idée de ne pas (trop) s'écarter des sentiers boueux de son mémorable prédécesseur. Soit donc une folk électrique arrachée au temps. Soit encore un rock francophone comme on en entend à peu près plus jamais de nos jours, qui soigne la plume sans délaisser le son, ne se déballonne jamais à l'idée de filer une métaphore et sait envoyer la sauce par éclats (impeccable "Moulins"), pour mieux mettre en relief le grondement heavy qui compose le gros de l'album (voir "La Chapelle", meilleur titre d'un disque qui n'en compte que de bons). Mine de rien et sans - hélas - que cela paraisse intéresser grand-monde, Colin Chloé fait avec quelques autres (Kanche, Tue-Loup, Murat un album sur deux) partie d'un prestigieux club dont les membres savent encore conjuguer univers ruraux et esthétique sophistiquée, mélodies rugueuses et textes lettrés, folk anglophile et chanson française décomplexée. Il y a quinze ou vingt ans, dans la foulée d'un Miossec encore en groupe et pas encore zombifié, ces artistes-là semblaient en passe d'enfin redonner des couleurs (des sons) à la musique d'ici-bas, et alors un album du calibre d'Au ciel aurait-il fait frétiller les claviers de tout ce que le pays compte de journalistes. Aujourd'hui, le club voit sa fréquentation diminuer un peu plus chaque année, liquidé par des groupes de bourgeois parisiens persuadés qu'ils savent écrire en anglais et dont on ignore une fois sur deux s'ils sont d'Asnières ou de Portland - c'est une qualité, paraît-il (si si). En toute logique, Au ciel, son classicisme assumé, sa brillante adaptation de Perros ("Certains disent") et sa poésie pleine de pierres, sentiers, fontaines... n'ont plus tout à fait leur place dans ce monde-là, peu importe l'élégance et la qualité de l'ensemble - on sait bien qu'en 2014, ce qui n'est pas anglophone, catchy et branchouillard n'intéresse personne. En toute logique, l'incarnation physique de cet ouvrage-ci se fera sur Kiss Kiss Bank Bank - et à vot'bon cœur, m'sieurdames. On peut trouver cela étrange. Ou dommage. Ou s'en foutre. Ou se dire qu'un type chantant "Certains disent, très courageux : "J'aurai mon heure" / C'est à peine si je m'espère / Une seconde / Dans le grenier de mon voisin " doit probablement s'en ficher. On peut également aller chercher sa CB dans son portefeuilles pour donner une existence concrète à un très bel album, qui le mérite sans doute plus que d'autres tant sa prod léchée fait des merveilles lorsqu'on la colle à une vraie chaîne pourvue de vraies enceintes.



Au ciel, de Colin Chloé (Hasta Luego Recordings, 2014)



(1) Appeaux n'était qu'eaux, et l'on s'amuse de ce que la seule apparition marquante de l'élément liquide, dans cet album-ci, soit pour y laisser geler quelque chose.
(2)Désormais je mets un euro dans un cochon-tirelire chaque fois que j'écris ce nom sans avoir consacré d'article à son propriétaire.


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