...
Ce mois-ci, j'ai reçu tellement d'albums que je ne sais même plus quoi écouter. Le pire, c'est qu'aucun n'a provoqué ne fût-ce qu'un vague frémissement dans l'estomac du chroniqueur, pourtant toujours prompt à tresser couronnes ou potences. Aussi, en attendant le retour du CDG pour la fin du mois, et histoire de fêter dignement la rentrée, je vous propose tout simplement de venir assister au grand ménage de septembre du Golb. Ne me remerciez pas, c'est gratos (et ça le sera toujours, comme dirait Zuckerberg).
Babyshambles (Sequel to the Prequel) Si on m'avait dit il y a dix ans qu'en 2013, je me retrouverais à chroniquer un nouvel album de Pete Doherty, j'aurais ri aux éclats. Et pourtant aussi incroyable que cela puisse paraître, Pete(r) est encore vivant, productif, et on ne parle quasiment plus de lui dans les tabloïds. Ceci expliquant sans doute cela, Sequel to the Prequel s'avère logiquement un album absolument insipide (et odieusement long de surcroît) passé sa première chanson, la jouissive "Fireman". Oh et soit dit en passant : il faudra vraiment qu'un jour quelqu'un se dévoue pour dire à Pete(r) d'arrêter de nous coller sur chaque disque soit un reggae de supermarché, soit un jazz d’ascenseur.
à écouter éventuellement si... vous n'avez jamais entendu parler des Libertines. Ou si vous trouvez que le son de Down in Albion est vraiment trop cradingue.
Mark Kozelek & Desertshore J'ai une infinie admiration pour Mark Kozelek, et je n'arrêterai sans doute jamais de recommander le superbe album qu'il a publié avec Sun Kil Moon l'an passé. Sauf que Mark, à un moment, il va bien falloir se dire les choses : ce n'est plus possible. Tu ne peux pas continuer ainsi à publier chaque trimestre le même album de gueule de bois tout en espérant être encensé sur Le Golb. Il va falloir faire un truc, je ne sais pas, arrêter de boire, par exemple - ou arrêter d'écrire les lendemains de cuite. Tu me plombes le moral, et Dieu sait que je n'en ai pas besoin.
à écouter éventuellement si... il/elle vous a plaqué(e) après vous avoir trompé(e) avec votre meilleur(e) pote ET vous avoir refilé le sida à tous les deux.
The Moondoggies (Adios, I'm a Ghost) Un album de rock psyché un peu garage franchement cool. C'est tout ? Bah oui, c'est tout. C'est bien fichu mais nom de Dieu : combien de fois l'avons-nous entendu depuis quatre ans, ce foutu disque ? Pour vous dire, en le balançant en shuffle dans Songbird, l'autre fois, j'ai cru que c'était le dernier Ty Segall. Tiens d'ailleurs : parlons-en, du mec le plus surcoté de sa génération. Est-ce que c'était vraiment trop demander d'essayer de publier un deuxième disque consécutif qui me plaise ? Pour quoi je passe, après ? Ils sont chiants, ces songwriters hyper-prolifiques. On a à peine le temps de célébrer la réconciliation qu'il faut déjà pleurer la rupture.
à écouter éventuellement si... vous êtes au chômage (ou en arrêt maladie) depuis peu.
Nine Inch Nails (Hesitation Marks) Lui au moins, on ne pourra pas lui reprocher d'être trop prolifique. Trent Reznor a mis cinq ans à faire mieux que le très médiocre The Slip - bravo à lui. Reste qu'il est assez triste, pour ne pas dire pire, de s'apercevoir un beau matin qu'un de vos artistes préférés n'a absolument plus rien à dire au (ni du) monde qui l'entoure. Parfois parcouru de jolies fulgurances, Hesitation Marks n'est jamais un mauvais album. Juste un album vain, invraisemblablement jovial, signé par un quadra que la vie a tellement gâté qu'il ne sait plus où il a foutu ses glandes. Il y a des légendes des seventies qu'on a brûlées pour moins que ça.
à écouter éventuellement si... vous avez adoré Nine Inch Nails durant votre jeunesse rebelle. Et que vous êtes devenu trader.
MGMT Soyons sport cependant : il n'y a pas que les vieux artistes qui peuvent perdre leur modjo. Il y a aussi quelques jeunes pour péter leur boussole, ce qui est le cas de MGMT. Critiqué et moqué avant de devenir respectable grâce au splendide Congratulations (probablement l'un des tous meilleurs disques des dernières années), le duo new-yorkais a passé le difficile cap du troisième album (comme on dit aux Inrocks) en réécoutant quatre cents fois Kid A pour essayer de comprendre comment on fait pour faire du glam-rock électro-neurasthénique. Sans surprise, ça n'a pas marché. Sans doute MGMT se bonifiera-t-il avec le temps ; il semble avoir assez de souffle et renfermer assez d'idées pour mériter qu'on y revienne à l'occasion, mais il est très probable qu'on ne se départisse jamais totalement de cette impression bizarre qu'il n'est pas tout à fait fini, et que suite à une tragique erreur industrielle plusieurs pistes ont été pressées à l'état de démos. C'est con, parce que certains bouts de chansons sont vraiment excellents.
à écouter éventuellement si... vous êtes au lit avec votre amoureuse. Et que sa conversation est beaucoup trop intéressante pour que vous en entendiez plus que des bribes (de l'album, hein - pas de la conversation).
Crocodiles (Crimes of Passion) Quatrième album de Crocodiles et de toute évidence, le groupe de San Diego n'a pas renoncé à imiter BRMC en train d'imiter les Jesus & Mary Chain. En toute logique, à force de pomper la copie de l'imitateur, ça commence à sévèrement sentir le rance, et les Crocos de se retrouver à pomper les mauvais albums de BRMC - donc les meilleurs d'Oasis (sauf que ça fait moins classe à placer dans une chronique de Libé). On ne sait pas trop à quoi rime tout ça, tout ce qu'on peut affirmer avec certitude c'est qu'en 2013, un morceau intitulé "Marquis de Sade" ce n'est ni rock'n'roll, ni effrayant, ni même vaguement sexy.
à écouter éventuellement si... vous n'avez jamais entendu parler des Jesus. Cela dit si c'est le cas, je vous conseille quand même d'écouter les Jesus avant (juste par curiosité). Le revers de la médaille c'est que plus de la moitié des disques que vous trouviez originaux depuis 2007 vont subitement baisser dans votre estime.
Mark Lanegan (Imitations) ... dans lequel la plus grande voix du rock des vingt-cinq dernières années reprend Nick Cave et John Cale, mais aussi Chelsea Wolfe pour faire branché, mais encore Gérard Manset pour faire rire, mais bien sûr Weill pour faire comme tout le monde. C'est très joli, et délicieusement intemporel. Pas tellement à cause des interprétations que parce que ça fait tout de même un petit quelque chose de tomber sur le dernier artiste vivant à encore croire que publier des disques permet de gagner de l'argent pour payer ses dettes de dope (nostalgie du grunge, quand tu nous tiens).
à écouter éventuellement si... vous aimez Mark Lanegan. Quand même.
Yuck (Glow & Behold) Les débuts d'Yuck avaient été à l'époque salués dans ces pages. Je ne vous remets pas lien, parce que quand je vois ce que ce groupe est devenu dès son deuxième album, un vague sentiment de honte me submerge.
à écouter éventuellement si... vous voulez bien vous foutre de ma gueule.
The Obits (Beds & Bugs) Un jour, quelqu'un a décidé que les Obits étaient un bon groupe qui envoyait trop grave du pâté. Autant vous dire que sa tête a été mise à prix depuis longtemps et que le gars change de planque avant chaque nouvel album de ces gens aussi passionnants qu'une anecdote sur des puces de lit.
à écouter éventuellement si... vous trouvez que le garage-rock c'est mieux que le sexe, mieux que la vie et même mieux que la musique.
Ce mois-ci, j'ai reçu tellement d'albums que je ne sais même plus quoi écouter. Le pire, c'est qu'aucun n'a provoqué ne fût-ce qu'un vague frémissement dans l'estomac du chroniqueur, pourtant toujours prompt à tresser couronnes ou potences. Aussi, en attendant le retour du CDG pour la fin du mois, et histoire de fêter dignement la rentrée, je vous propose tout simplement de venir assister au grand ménage de septembre du Golb. Ne me remerciez pas, c'est gratos (et ça le sera toujours, comme dirait Zuckerberg).
Babyshambles (Sequel to the Prequel) Si on m'avait dit il y a dix ans qu'en 2013, je me retrouverais à chroniquer un nouvel album de Pete Doherty, j'aurais ri aux éclats. Et pourtant aussi incroyable que cela puisse paraître, Pete(r) est encore vivant, productif, et on ne parle quasiment plus de lui dans les tabloïds. Ceci expliquant sans doute cela, Sequel to the Prequel s'avère logiquement un album absolument insipide (et odieusement long de surcroît) passé sa première chanson, la jouissive "Fireman". Oh et soit dit en passant : il faudra vraiment qu'un jour quelqu'un se dévoue pour dire à Pete(r) d'arrêter de nous coller sur chaque disque soit un reggae de supermarché, soit un jazz d’ascenseur.
à écouter éventuellement si... vous n'avez jamais entendu parler des Libertines. Ou si vous trouvez que le son de Down in Albion est vraiment trop cradingue.
Mark Kozelek & Desertshore J'ai une infinie admiration pour Mark Kozelek, et je n'arrêterai sans doute jamais de recommander le superbe album qu'il a publié avec Sun Kil Moon l'an passé. Sauf que Mark, à un moment, il va bien falloir se dire les choses : ce n'est plus possible. Tu ne peux pas continuer ainsi à publier chaque trimestre le même album de gueule de bois tout en espérant être encensé sur Le Golb. Il va falloir faire un truc, je ne sais pas, arrêter de boire, par exemple - ou arrêter d'écrire les lendemains de cuite. Tu me plombes le moral, et Dieu sait que je n'en ai pas besoin.
à écouter éventuellement si... il/elle vous a plaqué(e) après vous avoir trompé(e) avec votre meilleur(e) pote ET vous avoir refilé le sida à tous les deux.
The Moondoggies (Adios, I'm a Ghost) Un album de rock psyché un peu garage franchement cool. C'est tout ? Bah oui, c'est tout. C'est bien fichu mais nom de Dieu : combien de fois l'avons-nous entendu depuis quatre ans, ce foutu disque ? Pour vous dire, en le balançant en shuffle dans Songbird, l'autre fois, j'ai cru que c'était le dernier Ty Segall. Tiens d'ailleurs : parlons-en, du mec le plus surcoté de sa génération. Est-ce que c'était vraiment trop demander d'essayer de publier un deuxième disque consécutif qui me plaise ? Pour quoi je passe, après ? Ils sont chiants, ces songwriters hyper-prolifiques. On a à peine le temps de célébrer la réconciliation qu'il faut déjà pleurer la rupture.
à écouter éventuellement si... vous êtes au chômage (ou en arrêt maladie) depuis peu.
Nine Inch Nails (Hesitation Marks) Lui au moins, on ne pourra pas lui reprocher d'être trop prolifique. Trent Reznor a mis cinq ans à faire mieux que le très médiocre The Slip - bravo à lui. Reste qu'il est assez triste, pour ne pas dire pire, de s'apercevoir un beau matin qu'un de vos artistes préférés n'a absolument plus rien à dire au (ni du) monde qui l'entoure. Parfois parcouru de jolies fulgurances, Hesitation Marks n'est jamais un mauvais album. Juste un album vain, invraisemblablement jovial, signé par un quadra que la vie a tellement gâté qu'il ne sait plus où il a foutu ses glandes. Il y a des légendes des seventies qu'on a brûlées pour moins que ça.
à écouter éventuellement si... vous avez adoré Nine Inch Nails durant votre jeunesse rebelle. Et que vous êtes devenu trader.
MGMT Soyons sport cependant : il n'y a pas que les vieux artistes qui peuvent perdre leur modjo. Il y a aussi quelques jeunes pour péter leur boussole, ce qui est le cas de MGMT. Critiqué et moqué avant de devenir respectable grâce au splendide Congratulations (probablement l'un des tous meilleurs disques des dernières années), le duo new-yorkais a passé le difficile cap du troisième album (comme on dit aux Inrocks) en réécoutant quatre cents fois Kid A pour essayer de comprendre comment on fait pour faire du glam-rock électro-neurasthénique. Sans surprise, ça n'a pas marché. Sans doute MGMT se bonifiera-t-il avec le temps ; il semble avoir assez de souffle et renfermer assez d'idées pour mériter qu'on y revienne à l'occasion, mais il est très probable qu'on ne se départisse jamais totalement de cette impression bizarre qu'il n'est pas tout à fait fini, et que suite à une tragique erreur industrielle plusieurs pistes ont été pressées à l'état de démos. C'est con, parce que certains bouts de chansons sont vraiment excellents.
à écouter éventuellement si... vous êtes au lit avec votre amoureuse. Et que sa conversation est beaucoup trop intéressante pour que vous en entendiez plus que des bribes (de l'album, hein - pas de la conversation).
Crocodiles (Crimes of Passion) Quatrième album de Crocodiles et de toute évidence, le groupe de San Diego n'a pas renoncé à imiter BRMC en train d'imiter les Jesus & Mary Chain. En toute logique, à force de pomper la copie de l'imitateur, ça commence à sévèrement sentir le rance, et les Crocos de se retrouver à pomper les mauvais albums de BRMC - donc les meilleurs d'Oasis (sauf que ça fait moins classe à placer dans une chronique de Libé). On ne sait pas trop à quoi rime tout ça, tout ce qu'on peut affirmer avec certitude c'est qu'en 2013, un morceau intitulé "Marquis de Sade" ce n'est ni rock'n'roll, ni effrayant, ni même vaguement sexy.
à écouter éventuellement si... vous n'avez jamais entendu parler des Jesus. Cela dit si c'est le cas, je vous conseille quand même d'écouter les Jesus avant (juste par curiosité). Le revers de la médaille c'est que plus de la moitié des disques que vous trouviez originaux depuis 2007 vont subitement baisser dans votre estime.
Mark Lanegan (Imitations) ... dans lequel la plus grande voix du rock des vingt-cinq dernières années reprend Nick Cave et John Cale, mais aussi Chelsea Wolfe pour faire branché, mais encore Gérard Manset pour faire rire, mais bien sûr Weill pour faire comme tout le monde. C'est très joli, et délicieusement intemporel. Pas tellement à cause des interprétations que parce que ça fait tout de même un petit quelque chose de tomber sur le dernier artiste vivant à encore croire que publier des disques permet de gagner de l'argent pour payer ses dettes de dope (nostalgie du grunge, quand tu nous tiens).
à écouter éventuellement si... vous aimez Mark Lanegan. Quand même.
Yuck (Glow & Behold) Les débuts d'Yuck avaient été à l'époque salués dans ces pages. Je ne vous remets pas lien, parce que quand je vois ce que ce groupe est devenu dès son deuxième album, un vague sentiment de honte me submerge.
à écouter éventuellement si... vous voulez bien vous foutre de ma gueule.
The Obits (Beds & Bugs) Un jour, quelqu'un a décidé que les Obits étaient un bon groupe qui envoyait trop grave du pâté. Autant vous dire que sa tête a été mise à prix depuis longtemps et que le gars change de planque avant chaque nouvel album de ces gens aussi passionnants qu'une anecdote sur des puces de lit.
à écouter éventuellement si... vous trouvez que le garage-rock c'est mieux que le sexe, mieux que la vie et même mieux que la musique.