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"Maybe I... don't need you / That doesn't mean that I... don't love you..." Après un premier titre en trompe-l’œil, trop languide pour imprimer un quelconque tempo, la redoutable "Mean Maybe" vient donner le ton. Pop soyeuse, psychédélique seulement aux entournures, paroles simples pour groove discret. La séduction est immédiate et le morceau passe et repasse, qui semble toujours trop court.
Il y a deux ans déjà, Sam "Yellowbirds" Cohen s'était fait l'invité surprise du CDG avec un premier album délicieux, coloré, fougueux. Mais ce n'était pas peut-être pas tout à fait, alors, son moment : le petit monde de l'indie-rock était alors encore tout moite d'une année 2010 chargée en poussières d'étoiles psychés ; sorti trop tôt après le premier Tame Impala et/ou le second MGMT1The Colorétait passé un peu inaperçu, malgré une prod' habile et au moins une vraie grande chanson ("Pulaski Bridge", pierre angulaire de tous les iPods de ceux qui ont eu la chance de l'entendre fût-ce une seule fois). Trop tendre, sans doute. Parfois peut-être un brin trop lisse. Et surtout trop hétéroclite pour rivaliser mieux que par éclats avec les mètres-étalons du genre.
Songs from the Vanished Frontier fait figure après cela de deuxième album presque archétypal. Le propos s'y recentre, les chansons (au nombre de neuf, seulement) affichent une autre cohérence et l'album s'écoute d'une traite, sans donner nécessairement envie de picorer dedans comme y invitait involontairement le précédent. On a envie de le poser sur la platine et de se laisser emporte, ce qui n'est jamais après tout qu le minimum pour un disque de pop psyché. En admettant qu'il en soit encore un à proprement dire tant Cohen, peut-être conscient que ce registre très à la mode ces dernières années était en passe de devenir un écueil, a pris soin de mettre en sourdine les élans baroques qui l'habitaient autrefois.
C'est la force paradoxale de ce second opus que de n'offrir aucun titre qui soit un tant soit peu comparable au formidable "Pulaski Bridge", tout en étant dans le même temps bien plus abouti et émouvant que son prédécesseur. Moins qu'aux bouffeurs de LSD de la fin sixties, ses Songs from the Vanished Frontierévoquent plus volontiers les titres les plus délicats de T-Rex, voire occasionnellement les Beatles dans leur face la plus apaisée et cristalline. Des gens qui ne crachaient pas non plus sur le LSD, me dira-t-on, mais qui n'en avaient pas non plus fait l'Alpha et l'Omega de leur œuvre. Feutré, fragile et souvent émouvant, Songs from the Vanished Frontier ne se veut pas un trip halluciné mais une balade douce, mélancolique mais légère, dans des contrées où le romantisme ne se vit qu'en apnée (voir "For Girls Who Love to Sing", slow tout en retenu dont on peinera à l'empêcher de venir nous hanter) et où où les amoureux se cherchent, se trouvent, se perdent... s'excusent d'avoir dit pardon et se demandent toujours, inlassablement, ce que l'autre leur trouve. Chaque nouvelle mélodie ("Love Stories", "Young Men of Promise") est un ravissement pop comme en entend trop rarement et, comment dire ?... c'est exquis.
Songs from the Vanished Frontier, de Yellowbirds (Royal Potato Family Records, 2013)
1.Deux des meilleurs disques du genre parus depuis des années, faut-il le rappeler ?
"Maybe I... don't need you / That doesn't mean that I... don't love you..." Après un premier titre en trompe-l’œil, trop languide pour imprimer un quelconque tempo, la redoutable "Mean Maybe" vient donner le ton. Pop soyeuse, psychédélique seulement aux entournures, paroles simples pour groove discret. La séduction est immédiate et le morceau passe et repasse, qui semble toujours trop court.
Il y a deux ans déjà, Sam "Yellowbirds" Cohen s'était fait l'invité surprise du CDG avec un premier album délicieux, coloré, fougueux. Mais ce n'était pas peut-être pas tout à fait, alors, son moment : le petit monde de l'indie-rock était alors encore tout moite d'une année 2010 chargée en poussières d'étoiles psychés ; sorti trop tôt après le premier Tame Impala et/ou le second MGMT1The Colorétait passé un peu inaperçu, malgré une prod' habile et au moins une vraie grande chanson ("Pulaski Bridge", pierre angulaire de tous les iPods de ceux qui ont eu la chance de l'entendre fût-ce une seule fois). Trop tendre, sans doute. Parfois peut-être un brin trop lisse. Et surtout trop hétéroclite pour rivaliser mieux que par éclats avec les mètres-étalons du genre.
Songs from the Vanished Frontier fait figure après cela de deuxième album presque archétypal. Le propos s'y recentre, les chansons (au nombre de neuf, seulement) affichent une autre cohérence et l'album s'écoute d'une traite, sans donner nécessairement envie de picorer dedans comme y invitait involontairement le précédent. On a envie de le poser sur la platine et de se laisser emporte, ce qui n'est jamais après tout qu le minimum pour un disque de pop psyché. En admettant qu'il en soit encore un à proprement dire tant Cohen, peut-être conscient que ce registre très à la mode ces dernières années était en passe de devenir un écueil, a pris soin de mettre en sourdine les élans baroques qui l'habitaient autrefois.
C'est la force paradoxale de ce second opus que de n'offrir aucun titre qui soit un tant soit peu comparable au formidable "Pulaski Bridge", tout en étant dans le même temps bien plus abouti et émouvant que son prédécesseur. Moins qu'aux bouffeurs de LSD de la fin sixties, ses Songs from the Vanished Frontierévoquent plus volontiers les titres les plus délicats de T-Rex, voire occasionnellement les Beatles dans leur face la plus apaisée et cristalline. Des gens qui ne crachaient pas non plus sur le LSD, me dira-t-on, mais qui n'en avaient pas non plus fait l'Alpha et l'Omega de leur œuvre. Feutré, fragile et souvent émouvant, Songs from the Vanished Frontier ne se veut pas un trip halluciné mais une balade douce, mélancolique mais légère, dans des contrées où le romantisme ne se vit qu'en apnée (voir "For Girls Who Love to Sing", slow tout en retenu dont on peinera à l'empêcher de venir nous hanter) et où où les amoureux se cherchent, se trouvent, se perdent... s'excusent d'avoir dit pardon et se demandent toujours, inlassablement, ce que l'autre leur trouve. Chaque nouvelle mélodie ("Love Stories", "Young Men of Promise") est un ravissement pop comme en entend trop rarement et, comment dire ?... c'est exquis.
Songs from the Vanished Frontier, de Yellowbirds (Royal Potato Family Records, 2013)
1.Deux des meilleurs disques du genre parus depuis des années, faut-il le rappeler ?