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Channel: LE GOLB
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The Rules of Time & Endgames

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Devinette : comment tu réagis lorsque le groupe préféré de ton adolescence ouvre son concert par une reprise de ton idole absolue ? Tu as cinq minutes pour répondre.

Oui, toi dans le fond ?

Gagné : tu ne réagis pas, parce que tu as à peine le temps de réaliser. En fait, tu entends de premiers accords un peu brumeux, tu échanges un regard avec les copains et tu lâches en déconnant Haha, c'est "Space Oddity". Sauf que d'une part la vanne n'est pas terrible et que, d'autre part, c'est effectivement "Space Oddity".

Tu décides donc d'un commun accord avec toi-même de ne plus parler jusqu'à la fin du concert, à moins qu'on te pose une question.

Deux heures plus tard, tu n'as absolument pas tenu cette promesse, mais tu es content d'avoir fait le déplacement à l'autre bout du pays. Même si ce n'était pas parfait. Même si tu t'es souvent senti vieux. Même si une part de toi avait un peu honte d'aller applaudir un groupe dont il ne reste plus qu'un membre original après reformation, au milieu d'une fosse clairsemée dont la moyenne d'âge était à peu de chose près supérieure ou égale à la tienne - les rares moins de vingt-cinq ans présents étant principalement représentés par les seconds mariages des fans de la première heure. De toute façon tu y étais préparé : tu savais qu'à la minute où tu acceptais de venir, cédant à l'enthousiasme de ton vieux (meilleur) copain, tu acceptais aussi implicitement d'avaler ton chapeau et tous tes principes avec. Et que quitte à en arriver là, autant boire le calice jusqu'à la lie en devenant un de ces vieux fans ne manifestant qu'une saine indifférence à chaque entame d'un titre du dernier album. Après tout, ce n'est pas ta faute s'il est tout pourri, cet Oceania - tellement tout pourri que c'est le seul album du groupe que tu n'as pas eu le courage de chroniquer sur ton blog (à vrai dire tu as déjà à peine eu le courage de l'écouter une troisième fois depuis sa sortie).

Mais le pire, c'est sûrement que tu vas aimer ça. Brailler ces morceaux que tu connais par cœur tellement fort que tu n'entends même plus le chanteur et que tu pourrais aussi bien être dans ta salle de bain. Dodeliner poliment de la tête durant les morceaux plus récents, en te disant que certains ne sont pas si mal et que globalement, tout cela est bien plus supportable que sur le susnommé disque surproduit-surécrit-surarrangé. Imaginer le prochain titre, qui n'est évidemment jamais celui que tu attends. Regarder l'idole de tes douze puis quatorze puis seize ans en te disant qu'elle a vraiment une tête de petit vieux et que son sempiternel t-shirt noir ne suffit plus à masquer un bel embonpoint.

Il y a seize ans presque jour pour jour, tu voyais le même type incendier une scène de festival, suffocant de rage et de sa propre mégalomanie, pourrissant son groupe en lui donnant presque raison. Tu le retrouves souriant et blaguant avec des musiciens dont un au moins pourrait être son fils (le batteur, peut-être la personne la plus jeune dans toute l'enceinte du Théâtre antique de Vienne, maintenant que tu y penses...), enquillant les hit-singles avec autant d'efficacité que de nonchalance - plus vivant que réellement vibrant. Et tu sais quoi ? Ce n'est même pas très grave pour toi. Tu sais trop bien tout ce qui a changé depuis seize ans, pour lui, pour toi - pour le monde entier. Pense donc qu'il y a seize ans, lui-même n'avait pas encore publié cet album qui changerait une fois pour toute ta vie et reste aujourd'hui encore celui que tu chéris le plus précieusement, parmi les milliers que tu connais et possède. Cent-quatre-vingt-douze mois et des dizaines de vies séparent le Billy Corgan de 1997 et celui de 2013 - il te suffit de te regarder, toi, dans une glace, pour le mesurer. Le "rat in a cage" n'en a plus que le titre, qu'il s'approprie d'ailleurs maladroitement tant le Morceau Majuscule de cette époque-là aura été l'un des plus faibles de la soirée, et tu n'as même pas envie de lui en vouloir. Tu n'as plus quinze ans et lui approche dangereusement de la cinquantaine. Les adjectifs ne peuvent plus tout à fait être les mêmes ; il n'est plus question de parler d'intensité, de fureur, de grâce. Cette soirée est plutôt affaire de générosité, d'efficacité - voire de professionnalisme. C'est un autre groupe, qui évolue dans un autre monde, même si quatre ou cinq des morceaux joués ce soir figuraient déjà au générique en 1997. Un groupe qui change de grattes toutes les deux chansons, dont le chanteur se plaint de maux de gorges. Un groupe qui n'est pas venu exécuter une armée de victimes consentantes, mais simplement jouer les jukebox vivants pour un public vieillissant dont tu peux légitimement supposer qu'il ne lui demandait rien d'autre. Il y a tout juste une année, tu assistais à la représentation d'une autre bande de gars que tu adorais lorsque tu étais jeune, et tu avais été bluffé de la trouver inspirée, en pleine possession de ses moyens, face à une assemblée où se bousculaient joyeusement toutes les générations. La différence te saute aux yeux à présent que tu te retrouves face à ces anciennes stars ne parvenant même plus à afficher sold-out, ressassant les mêmes hit-singles et dont le leader autrefois si intransigeant joue "Zero" un soir sur trois depuis tellement longtemps qu'il ne pense probablement même plus à ce que raconte son refrain lorsqu'il le rugit. Et c'est bien normal, et ce n'est pas grave. Et c'est bien quand même. Parfois très bien, malgré les projections kitsch à souhaits et une set-list presque totalement dénuée de surprises. Ce soir, peut-être parce qu'il t'est arrivé des choses belles et fortes dernièrement, tu as envie d'être bien, de ne pas faire chier, d'accepter que toi non plus, tu n'es plus si jeune et fringant et rageur - même si, à l'image du groupe et de ses explosions noise souvent too much, tu as tendance à vouloir te convaincre du contraire. De toute façon tout cela n'est que divertissement et bonus. Tu en avais envie, pas besoin : ces chansons ainsi que toutes celles qui ne seront pas jouées vivent en toi depuis quasiment toujours. Elles sont une part de toi, que la plus mécanique des interprétations ne saura jamais t'arracher. La fille d'à peine dix-huit ans que tu viens de remarquer devant toi, la seule dans toute l'enceinte peut-être, qui arbore fièrement un t-shirt de la dernière tournée... elle, tu as le droit d'être déçu pour elle, malgré l'enthousiasme qu'elle affiche. Qui ne sait rien de rien ne doute, et assurément : elle ne sait pas. Que ces "Tonight, Tonight", ces "Ava Adore", ces "Today" ont été, à un moment M, infiniment plus que de simples chansons. Que le mec qu'elle applaudit à s'en faire péter les veines des mains n'a pas toujours été qu'un super chanteur... qu'il a été une voix... la Voix de millions de gamins blancs mal dans leurs pompes que chaque note de chaque chanson de chaque album perforait de part en part. Elle ne le sait pas et ne le saura jamais, pas même dans cinq albums, pas même dans dix concerts. Tout au plus comprendra-t-elle un jour, l'âge et ses premières résignations aidant, l'ironie qu'il y avait à conclure sur "1979". A quel point c'était à propos et à quel point, dans le fond, elle n'aura jamais sonné aussi juste. Cette chanson de vieux jeunes nostalgiques. Déjà.




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